mercredi 24 août 2011

Raymond Tchengang : L'homme qui veut réconcilier la Socam et la Cmc

  Portrait du producteur qui a financé la campagne d'Odile Ngaska. 
 
 

Il y a quelques années, il faisait son entrée dans la musique camerounaise où il s'est constitué une véritable cour d'artistes et d'animateurs qui l'appellent «président» ou encore «An 2000». Jacky Biho s'est fait tatouer «RT» sur le bras ; Sam Mbende le définit comme «un monument de la musique camerounaise» ; Ekambi Brillant dit qu'il fait «du bon boulot» et Ama Pierrot le qualifie d'«envoyé de Dieu». Raymond Tchengang le leur rend bien. Il aime les artistes, il le clame à qui veut l'entendre. Tant et si bien qu'il a investi 106 millions Fcfa pour financer la campagne d'Odile Ngaska à la course pour la présidence du conseil d'administration de la Socam. En récompense, il a reçu un fauteuil d'administrateur.
 
Il dit avoir produit une centaine d'artistes à la maison RT&Stars dont il est le président directeur général. Les plus populaires de cette écurie semblent être Junior Sengard, Jean-Pierre Essome, Ledoux Marcellin et Guy Watson. Ce dernier artiste l'a assigné en justice en juillet dernier. Le père de la «mignoncité» dénonce le contrat passé avec son producteur qui, d'après lui, le spolie de ses droits. Mais RT&Stars c'est fini, Raymond Tchengang met la clé sous le paillasson. Il pourra toujours se tourner vers une autre catégorie d'artistes, les cinéastes. Il a ouvert sa porte au cinéma en produisant le film «Dr Folie» du Congolais Michael Kamuanga, dans lequel jouent Meiway et Fingon Tralala.
 
Feyman
Les gens disent de lui qu'il a beaucoup d'argent. Raymond Tchengang ne dément pas. Au contraire, il se vante d'avoir offert une belle campagne à Odile Ngaska, par exemple, «du jamais vu au Cameroun». Aussi, regrette-t-il aujourd'hui, «Mme Ngaska est entourée de gens qui ont faim». D'ailleurs, un conseil gratuit au ministre de la Culture : créer une règlementation qui stipule que pour être candidat au poste de Pca d'une société de gestion collective, il faut déposer une caution de 50 millions Fcfa. Pas moins. Sur l'origine de sa fortune, motus et bouche cousue. Raymong Tchengang consent cependant à expliquer qu'il gère les biens de son père décédé, notamment la société immobilière RTM, dont le siège se trouve en France. Le producteur a pourtant déclaré, sur une autre tribune, être né d'une famille très pauvre. Les mauvaises langues ne cherchent pas midi à quatorze heures : c'est un feyman. L'accusé réplique: «un bandit n'est pas un homme de média, on me voit partout». Ce qu'il semble bien apprécier.
 
Né le 16 janvier 1969 à Mbiam, par Yabassi, dans le département du Nkam, Raymond Tchengang a grandi à Nkongsamba. Sa philosophie? «Lorsque vous avez de l’argent, il ne faut pas marcher avec ceux qui sont riches, mais plutôt avec les pauvres». Son nouveau combat? Réconcilier la Cmc et la Socam. Une entreprise hasardeuse. Mais c'est volontiers se présente comme l'agneau immolé sur l'autel du droit d'auteur.
Stéphanie Dongmo

Droits d'auteur : Raymond Tchengang menace de démissionner de la Socam

L'administrateur de la société camerounaise de l'art musical a donné une conférence de presse le 23 août dernier à Yaoundé.

Le producteur et administrateur de la Société camerounaise de l'art musical (Socam), Raymond Tchengang, a donné une conférence de presse courue et singulière hier à Yaoundé. Il n'a fait aucune déclaration au cours de la rencontre qui a commencé par une chanson de louange entonnée par Atango de Manajama, et s'est contenté de répondre aux questions des journalistes. Autour de la table, il était entouré de Billy Show, son porte-parole, Ekambi Brillant, Joseph Angoula Angoula, Esso Essomba, Ebeny Donald Wesley, Sam Mbende et Ama Pierrot. La conférence a porté sur trois points : l'improbable fusion entre la Socam et la Cameroun music corporation (Cmc), le financement de la campagne d'Odile Ngaska et la fermeture annoncée de RT&Stars, sa maison de production.
Raymond Tchengang a déclaré être l'initiateur du projet envisagé de fusion : «Je suis allé vers Sam Mbende en tant que Raymond Tchengang et non administrateur de la Socam. J'ai fait venir Odile Ngaska à Douala, pas en tant que Pca de la Socam. Elle était d'accord pour une fusion. Une fois à Yaoundé, elle a changé d'avis», dit-il. Dans un communiqué signé hier, Odile Ngaska précise qu'il n'a «jamais été question d'une quelconque fusion». Cette sortie fait suite à une réunion qui a tourné court lundi dernier au siège de la Socam, entre des artistes conduits par Sam Mbende et une délégation du conseil d'administration de la Socam conduite par Odile Ngaska. Au cours de cette rencontre, Raymong Tchengang, arrivé avec Sam Mbende, a été interdit d'accès dans la salle par des administrateurs qui estiment qu'il a retourné sa veste.
Au cours de la conférence de presse d'hier, il a brandi une lettre de démission qu'il dit vouloir adresser au Pca de la Socam : «A elle de l'accepter ou de la refuser », a-t-il ajouté. Les relations entre la Socam et cet administrateur de l'équipe élue le 11 juin n'ont cessé de se dégrader. Déjà, samedi dernier, il n'a pas pris part au premier conseil d'administration de la société, organisé depuis l'assemblée générale élective, tout comme Ebeny Donald Wesley. Il explique que n'ayant pas été officiellement installé dans ses fonctions et ignorant l'état financier de la Socam, il a préféré s'abstenir. Raymond Tchengang a financé la campagne d'Odile Ngaska à hauteur de 106 millions Fcfa, d'après ses proches. Cela «parce que j'aime les artistes et la culture camerounaise», clame-t-il.
Le président directeur général de RT&Stars a également annoncé la fermeture de sa maison de production basée à Douala. Raymond Tchengang explique que la Socam a refusé d'estampiller le dernier album de Jean-Pierre Essome qu'il a produit, au motif que cet artiste n'est pas membre de cette société. «Je suis très déçu parce que ce n'est pas ce que j'attendais de la Socam», a-t-il conclu.
Stéphanie Dongmo


mardi 23 août 2011

Droits d'auteur : Pas de fusion Socam/Cmc

Odile Ngaska refuse de négocier avec Sam Mbende, au motif que la Cameroon music corporation dont il est le Pca n’a pas d’agrément. 

 
La fusion envisagée entre la Société civile de gestion de l'art musical (Socam) et la Cameroon music corporation (Cmc) n’aura pas lieu. Odile Ngaska, la Pca de la Socam, et Sam Mbende, le Pca de la Cmc, se sont rencontrés hier après-midi au siège de la Socam, à Bastos à Yaoundé. Chacun des Pca était accompagné de son équipe : Achille Mbanga, Messi Ambroise, Ama Pierrot, Joseph Angoula Angoula, Foly Dirane, Guy Zogo et Raymond Tchengang, pourtant administrateur de la Socam, pour Sam Mbende ; Charlie Nelle, Djene Djento, Tony Ngon et Roméo Dika pour Odile Ngaska. La rencontre a buté sur une incompréhension des deux parties. Odile Ngaska a affirmé que la Socam n’entrait pas en pourparlers avec la Cmc mais ouvrait ses portes aux artistes. De son côté, Sam Mbende a soutenu parler au nom de la Cmc. « Nous ne connaissons pas une société qui se nomme Cmc, car, elle n’a pas d’agrément », a dit Roméo Dika, administrateur de la Socam, au sortir de la réunion avortée. « La Socam n’a pas voulu admettre Raymond Tchengang en salle de réunion. Or, il est notre négociateur et nous ne pouvions pas continuer sans lui », a affirmé, pour sa part, Messi Ambroise.
Pourtant, le 16 août dernier, Odile Ngaska et Sam Mbende se sont rencontrés à Douala, à l'initiative de Raymond Tchengang. «Ils m'ont dit qu'ils souhaitaient le rapprochement avec la Socam. On s'est donné rendez-vous à Yaoundé pour étudier les possibilités d'une telle fusion. Je suis étonnée que cela se retrouve aujourd'hui dans les journaux», s'indigne Odile Ngaska. «Pour le moment, la Socam n'a pas encore été saisie d'une quelconque demande de fusion. Mme Ngaska n'a aucune compétence pour engager la responsabilité de la société sans le quitus du conseil d'administration. Ce qu'il y a, c'est que, lors d'un voyage privé à Douala, Mme Ngaska, en sa qualité d'artiste, a rencontré un autre artiste», explique Roméo Dika. «La Socam n'a pas fait de démarche, elle ne peut pas tendre la main vers une société qui n'existe pas», ajoute Odile Ngaska.
Son de cloche discordant chez Sam Mbende. «C'est la Socam qui est venue vers nous, nous attendons qu'elle nous donne les tenants et les aboutissants de cette convention. J'ai le soutien de mon conseil d'administration », disait-il, hier matin. La loi sur le droit d'auteur n'admet pas l'existence de deux sociétés de gestion collective dans un domaine de l'art. Aussi, selon Sam Mbende, même si la Cmc n'a pas d'agrément pour fonctionner, elle aurait eu beaucoup à apporter à une telle fusion : «la Cour suprême a rendu deux ordonnances en faveur de la Cmc, nous avons la légalité. Nous avons aussi un répertoire musical national et international, des logiciels de comptabilité et de répartition et nous sommes membres de la Cisac ».
Forts de ces arguments, au cours de la rencontre de Douala, Sam Mbende avait posé ses conditions pour une éventuelle fusion: l'intégration de cinq membres de son équipe dans le conseil d'administration de la Socam, la responsabilité du recouvrement du droit d'auteur auprès des grands usagers avec 7% de commissions à chaque perception, d'après Tony Ngon, le porte-parole du conseil d’administration de la Socam. Raymond Tchiengang annonce une conférence de presse ce jour à Yaoundé. En attendant qu’elle se tienne, supputations, désinformation et manipulation vont bon train.
Stéphanie Dongmo

jeudi 18 août 2011

Musique : Atshepsut au dessus de la mêlée

La chanteuse de 46 ans vient de sortir «Je suis», son premier album. Mature et spirituel.


De grands panneaux publicitaires l'annoncent depuis plus de trois mois à Yaoundé. «Je suis», le premier album d'Atshepsut, vient de sortir, même s'il ne sera disponible en discothèque qu'à la fin de ce mois d'août. La chanteuse le clame : elle veut faire de la musique différemment. Cette différence, elle l'a marquée déjà par le choix de son nom d'artiste, qui est loin d'être courant : Atshepsut, qui signifie, en bene, celle qui refuse de céder le trône. Par ce nom, elle revendique aussi ses origines égyptiennes, et notamment sa filiation à la reine Hatshepsout qui a régné en Egypte vers 1400 avant Jésus-Christ à la place de son fils mineur.
Dans ce premier album de 12 titres, l'épouse de Michel Um, président directeur général de Khen consulting Ltd, qui produit «Je suis», fait une musique de variété, avec des airs d'afro beat. De ses années de collaboration avec les chanteurs de zouk que sont Eric Brouta, Henry Magne, Claude Faustin, Pascal Vallot, Hourria et le bassiste antillais Gollen Steph Eddy du groupe français Ultra Marine, Atshepsut a gardé une technique vocale proche de ce rythme Sur cet opus, elle s'est entourée de musiciens bien connus dans la place : Jean Paul Litcheu à la basse, Wilfried Etoundi à la guitare, Thierry Sandjo et Ruben Binam au clavier, Alain Oyono au saxophone. Un accompagnement musical qui s'imbrique parfaitement à une voix puissante et naturelle. Composé et chanté en français, ewondo et duala par Atshepsut, l'album aussi été arrangé par l'artiste elle-même. Il a été enregistré dans un studio à Yaoundé et mixé aux Etats-Unis.
Cet opus mature qui porte la caution morale de Vincent Nguini, oncle et mentor d'Atshepsut, jette les bases d'un projet qui va se poursuivre avec un album de bikutsi annoncé avant la fin de l'année. Le but de ce projet est d'amener le public à reconstruire son échelle de valeurs et à se retrouver avec lui-même. La chanson phare qui donne son titre à l'album, interprété en featuring avec Krotal, est empreint de spiritualité : « Je suis la vie, je suis aussi le vent, je suis la pluie et le feu des volcans / je suis la terre, je suis aussi le ciel, tout ceci n'est qu'un aspect de moi (…) La sagesse m'enseigne que rien ne se crée, rien ne se perd / Mais tout se transforme, la mort n'est qu'un changement d'état ».
Car, pour Atshepsut, « la mélodie est une fréquence vibratoire qui peut permettre de construire ou de détruire une nation». Par la mélodie, la chanteuse entend retourner au divin et trouver des réponses en nous, en la nature et en Yahvé. « Je suis », qui incite à la méditation, devra nous permettre de dépolluer notre environnement des chansons creuses qui ne volent pas plus haut que le ventre et le bas-ventre.
Stéphanie Dongmo


 

Roman : Patrice Nganang écrit l'histoire


«Mont plaisant», le dernier livre de l'écrivain camerounais paru en janvier chez Philippe Rey, tisse l'histoire du sultan Njoya autour de l'occupation allemande, anglaise et française au Cameroun. 



Patrice Nganang est resté égal à lui-même. Avec une imagination débordante et une rupture marquée avec les schémas classiques de la littérature. «Mont plaisant», son dernier roman paru en janvier 2011 chez Philippe Rey en France, est resté dans le même sillage. Il raconte « l'histoire de Njoya, de Charles Atangana et de Sara ». Sara avait neuf ans quand elle a été offerte au Sultan Njoya qui, contraint à l'exil par les Français, s'est réfugié au Mont plaisant, à Nsimeyong à Yaoundé.
Dans ce roman de 506 pages, les histoires et les personnes se croisent et s'emmêlent. C'est d'abord Bertha, la Camerounaise vivant aux Etats-Unis qui décide de rechercher les origines du nationalisme camerounais et devient ainsi la première narratrice du roman. C'est Sara, 90 ans, doyenne du quartier Nsimeyong qui décide de ne plus se taire. De sa bouche, sortent des personnages que l'auteur met en scène, dans des périodes et des décors : Bertha, la matrone chargée de l'éducation des futures femmes de Njoya qui adopte Sara et la travesti en garçon pour combler la perte de son fils, Nebu. C'est Nebu, obsédé par la femme de son père, Ngutane, d'où viendra sa chute qui, à son tour, va entraîner celle de Njoya en 1921.
Au fil des vies étalées, «Mont plaisant» relate l'histoire romancée de l'occupation allemande, anglaise et française au Cameroun. Au passage, Patrice Nganang rend hommage au doigté des artistes bamoun et surtout, à la production intellectuelle du sultan Njoya (1871-1933) qui a inventé son propre alphabet et a écrit le « Saa'ngam », les mémoires du peuple bamoun. A partir de son exil yaoundéen, Njoya, quand il n'est pas trop saisi par le sentiment de culpabilité qui ne le lâche plus depuis que les Allemand ont assassiné Douala Manga Bell, pose son regard sur le Cameroun et le monde, englué dans la Première guerre mondiale.
«Les archives du bavardage»
Dans ce 4ème roman, Patrice Nganang installe le dialogue entre l'histoire académique incarnée par Bertha, et l'histoire vécue à travers le témoignage de Sara, qui n'a pour elle que «les archives du bavardage». Tout comme les deux femmes se rejoignent le temps d'une séance de tresse, l'auteur a mélangé les deux histoires dans un roman qui emprunte aussi bien à l'imagination qu'aux ressources historiques, bâties en huit ans de recherches au Cameroun, aux Etats-Unis, en Allemagne et en France. L'auteur y mêle allègrement des personnages et des histoires qu'il a inventé de toutes pièces. Car l'histoire, tout comme le roman, est une œuvre d'imagination, selon Nganang.
Pour écrire ce roman, Nganang a délaissé les africanisme qu'il avait déjà utilisé dans «Temps de chien» (2001) pour un français classique. Mais, on ne se refait pas. Il y injecte quand même quelques expressions bien de chez nous comme «la vielle maman», «la fille d'autrui»... «Mont plaisant» est un roman ambitieux. Il sort déblaie le chemin des préjugés pour montrer les Camerounais dans leur intelligence, leur sens élevé de l'art, leur bonté... Il écrit l'histoire d'avant-indépendance pour que notre passé «viole» enfin nos âmes et que nous nous en imprégnons.
Mais, comme il l'écrit lui-même, « écrire, n'est-ce pas fuir la complexité de la vie elle-même pour se réfugier dans l'aseptisé des alphabets, dans la magie des mots? » La pavé est jeté dans la marre. Et l'auteur espère que le dévoilement de ce pan de notre histoire contribuera à changer le cours d'un pays où les jeunes ne rêvent plus que de l'étranger.
Stéphanie Dongmo

Patrice Nganang
Mont plaisant (roman)
Ed. Phillipe Rey
Paris, 2011
506 pages


jeudi 11 août 2011

Droits d'auteur : Les saisies vont reprendre

La ministre de la Culture autorise à nouveau la Socam, la Sociladra, la Scaap et la Socadap a saisir le matériel des usagers récalcitrants.


Le 4 août dernier, la ministre de la Culture a commis une lettre circulaire pour lever la suspension des saisies auprès des usagers des droits d'auteur et droits voisins, suspension décidée le 7 septembre 2010. «Lors des réunions d'évaluation et de concertation tenues à ce sujet à la Commission permanente de médiation et de contrôle (Cpmc), des engagements ont été pris par les responsables des organismes de gestion collective du droit d'auteur et des droits voisins dans le sens du respect de la réglementation et des mesures d'encadrement des saisies », écrit Ama Tutu Muna pour justicier cette décision.
Pour prévenir les débordements, la circulaire fait des recommandations aux sociétés civiles de gestion de l'art musical (Socam), des droits de la littérature et des arts dramatiques (Sociladra), des arts plastiques et graphique (Socadap) et des arts audiovisuels et photographiques (Scaap). Il leur est demandé de déposer, avant toute saisie, les copies des ordonnances délivrées par le juge, la liste des usagers concernés, de même que les procès-verbaux de saisie délivrés par des huissiers de justice. Par ailleurs, un bilan financier devra être fait à l'issue des opérations de recouvrement et transmis à la Cpmc.
Dans les sociétés de gestion collective, la levée de la suspension des saisies est accueillie avec soulagement. «Catastrophique», c'est en ces termes que le directeur général de la Sociladra fait le bilan de l'année sans saisie. Alphonse Bombogo explique que sans aucune coercition, les usagers rechignent à payer. De septembre 2010 à juillet 2011, les petits usagers, les cablô-distributeurs notamment, ont versé 44 millions Fcfa dans le compte de dépôt spécial logé à la Sgbc-hôtel de ville à Yaoundé. Ce qui, pour Laurain Assipolo, administrateur à la Scaap et à la Socadap, est une misère. «Avec les perceptions directes, on pouvait obtenir le triple de cette somme», dit-il. Durant cette période aussi, les sociétés, ont accumulé des arriérés de salaire et de loyer. Une situation qui devrait s'améliorer avec le partage inter-social de la somme de 264 millions de Fcfa intervenu le 4 juillet dernier entre les quatre sociétés.
En rappel, le 7 septembre 2010, la Mincult avait, par une lettre circulaire, suspendu les saisies auprès des usagers, en même temps que les perceptions directes. Elle dénonçait alors des «saisies fantaisistes et incontrôlées», et évoquait le «caractère illégal» de certaines de ces procédures, de même que «des risques de trouble à l'ordre public et de détournement des objets saisis». Cette mesure rentre dans le cadre du projet annoncé de révision et de rationalisation du système de perception et de redistribution des droits d'auteur et droits voisins au Cameroun.
Stéphanie Dongmo

L'actrice Mandy Moore au Cameroun

L'actrice et chanteuse américaine Mandy Moore est au Cameroun jusqu'au 14 août prochain, dans le cadre de la campagne « Nothing but net », dont le but est la distribution massive de moustiquaires, actuellement mis en place au Cameroun avec l'appui du Fonds mondial. De son vrai non Amanda Leigh Moore, la star hollywoodienne est ambassadrice de bonne volonté de l'Ong Psi et de la Fondation des Nations Unis. « J'ai récemment appris que le paludisme est la première cause de mortalité chez les enfants de moins de cinq ans au Cameroun. Par ailleurs, le paludisme est actuellement responsable de plus de 40% de décès dans les formations sanitaires du pays. Cela signifie que des milliers d'enfants -comme les adultes- dans ce pays d'Afrique centrale meurent chaque année d'une maladie qui peut se prévenir facilement », a déclaré Mandy Moore à un journal hollywoodien. La jeune femme de 27 ans a participé à des œuvres de bienfaisances depuis le début de sa carrière en 1999. Elle s'est rendue déjà rendu au Darfour et en République centrafricaine pour des campagnes contre la malaria.

Cinéma : Dieudonné Nana tourne ''Deuxième bureau'' à Yaoundé

La sortie du film dans lequel jouent Rosalie Essindi, Ali Mvondo, Salomon Tatmfo est annoncé pour novembre 2011. 

 
Sur le plateau de « Deuxième bureau », le long métrage fiction qu'il est tourne depuis le 5 août à Yaoundé, Dieudonné Nadi Nana est à la fois scénariste, dialoguiste, réalisateur et producteur. Sa casquette de réalisateur, il la partage avec Franck Ndema, qui l'assiste. Ce dernier cumule aussi les fonctions de cameraman, chef de régie son et lumière... « Deuxième bureau », dans lequel jouent Rosalie Essindi, Ali Mvondo, Salomon Tatmfo et Issa Yinkou Yinka, entre autres, peint le quotidien d'une famille que le père irresponsable délaisse au profit de sa maîtresse. La sortie du film est annoncée pour novembre 2011. Dieudonné Nadi Nana, consultant à la Giz, signe ainsi son troisième long métrage fiction, après « La première fois » en 2007 et « Adieu manqué» en 2009. Contrairement à ses deux premières expériences cinématographiques financés par la coopération allemande, Dieudonné Nadi Nana a dû, cette fois, puiser dans ses poches, en limitant le budget. « N'eut été ma passion pour le cinéma, je ne l'aurais pas fait. Car, on ne sait pas si on va rentrer dans son investissement». L'auteur compte cependant bien vendre son film dans les chaînes de télévision nationales et ailleurs. Le tournage devra s'achever en fin de semaine.

lundi 8 août 2011

Théâtre : Pleurs pour Haïti


La pièce écrite et mise en scène par Landry Nguetsa revient sur le séisme de janvier 2010.

La pièce baptisée «Haïti» a pris les spectateurs de court, vendredi 29 juillet dernier au Centre culturel français de Yaoundé. Alors que ceux-ci attendaient que s'ouvre la billetterie, trois comédiens (Junior Esseba, David Kono et Landry Nguetsa) ont débouché en courant dans tous les sens pour distribuer des bouts de papier avec un message bref : «Aidez Haïti». Après cette exposition, la pièce s'est poursuivie dans la salle de spectacle entièrement quadrillée avec des fils, sur une scénographie de Fleury Ngamele. Comme une toile araignée dans laquelle le public serait pris au piège, et qui rappelle aussi la fragilité des constructions du pays de Toussaint Louverture. Des constructions qui vont écrouler comme des châteaux de sable avec le séisme de janvier 2010.
Alors que Haïti se bat à nettoyer ses rues de ses morts, les nations occidentales, comme des vautours, accourent pour se repaître des malheurs du premier Etat noir indépendant en 1804. «Ils préfèrent jouer aux sapeurs pompiers plutôt que d'empêcher le feu», dit Landry Nguetsa, étudiant en art du spectacle à l'université de Yaoundé I, qui signe le texte et la mise en scène de sa première œuvre théâtrale. Dans cette agitation, l'Afrique, la terre-mère plongée dans le noir, reste muette. «Chez nous quand un malheur est annoncé, les gens sortent. Je ne sais pas ce qui s’est passé avec Haïti. Ils sont loin de nous, mais ce sont les gens de chez nous!» s'indigne, à intervalle régulier, Pélagie Alima, dont la complainte ajoute au drame de la pièce.
«Haïti» est une pièce-performance qui oblige le spectateur à participer et à réfléchir sur son action dans le monde. Elle a recours à des scènes brèves du documentaire «Chronique d'une catastrophe annoncée» du Haïtien Arnold Antonin et comporte un générique de début et de fin. Elle rend enfin hommage à George Anglade, homme politique et écrivain haïtien victime du tremblement de terre le 12 janvier 2010 à Port-au-prince, à 56 ans.
Stéphanie Dongmo

jeudi 4 août 2011

Communication : Ce qu'ils ont fait de l'aide à la presse

L'argent reçu en 2010 couvre une semaine de frais de reportage dans un quotidien, un mois d'électricité dans une chaîne de télévision et cinq mois de loyer dans une radio à Yaoundé.

La commission nationale d'examen des demandes d'accès au bénéfice de l'aide publique à la presse privée se réunit ce matin au ministère de la Communication à Yaoundé, sous la présidence de Issa Tchiroma Bakary. Alors que les 24 membres du groupe de travail vont décider des récipiendaires pour 2011, Le Jour fait le bilan de l'attribution de cette subvention en 2010.
Presse écrite
Pour le compte de l'exercice 2010, le quotidien Le Jour a perçu 1,5 million Fcfa. Haman Mana, son directeur de la publication, affirme que cette somme correspond au payement des frais de reportage et de téléphone à son personnel (une cinquantaine de personnes) pour une semaine seulement. Elle correspond aussi à six mois d'électricité, ou encore à un trimestre de loyer de son siège à Yaoundé. En 2010 notamment, l'aide reçue à permis d'imprimer trois éditions du Jour, à raison de 5000 exemplaires par édition à la Sopecam. L'aide à la presse a donc couvert trois parutions sur les 300 éditions que produit Le Jour à l'année.
Pour sa part, l'hebdomadaire Repères a reçu une enveloppe de 1 million Fcfa. Son directeur de la rédaction, Parfait Siki, explique que ce montant correspond à trois tirages de l'hebdomadaire, à raison de 3000 exemplaires par tirage, à cinq mois de loyer ou à cinq mois de factures d'électricité.
Télévision
La chaîne de télévision Vision 4 a, en 2010, bénéficié de l'aide à la communication, à hauteur de 1,5 million Fcfa. Jean-Pierre Amougou Belinga, son directeur de publication et par ailleurs Pdg du groupe de presse L'Anecdote, affirme que cet argent lui a servi à résoudre quelques problèmes d'intendance, comme l'achat du carburant pour les véhicules de service. Il explique que pour une chaîne de télévision comme la sienne, 1,5 million Fcfa représente juste un mois de facture d'électricité ou la production d'un programme en différé d'une heure avec une équipe réduite de six personnes. «Ce montant ne couvre même pas un mois de salaire du personnel dont la masse salariale mensuelle s'élève à 9 millions Fcfa», ajoute-t-il.
Radio
Sky One radio à Yaoundé a reçu, en 2010, la somme d'un million Fcfa au titre de l'aide à la presse. Joseph Angoula Angoula, son promoteur, explique que cet argent lui a servi à désintéresser le personnel qui n'est pas salarié. Le reste a fondu dans le fonctionnement quotidien de la radio. Par rapport aux charges de Sky One radio, un million Fcfa représente cinq mois de loyer, à raison de 150 000Fcfa le mois, ou encore cinq mois de factures d'électricité. Elle correspond aussi à la production de 30 éditions de l'émission phare de la radio, sur six semaines. En effet, Joseph Angoula Angoula estime le coût de production de chaque édition de « Surface de vérité », que présente Dominique Tita, de 10h à 12h30, de lundi à vendredi, à 50 000Fcfa.
En général, les directeurs des organes de presse s'accordent à dire que l'aide, par ailleurs ouverte à toutes les entreprises de communication, est insignifiante. D'autant plus que cette année, elle a été revue à la baisse (elle est passée de 150 millions Fcfa à 135 millions Fcfa). «Le montant est si dérisoire que lorsque vous l'avez, cela ne modifie pas votre compte d'exploitation », soutient Parfait Siki. « Je ne compte pas sur cette aide pour faire marcher le Jour », renchérit Haman Mana. Pour Jean-Piere Amougou Belinga, il est d'ailleurs dégradant de parler d'aide. « Nous avons des difficultés financières, mais nous ne sommes pas des nécessiteux », dit-il. Aussi, les responsables des entreprises de presse proposent-ils que l'Etat applique les accords de Florence, s'il veut véritablement aider la presse à remplir sa mission de service public.
Stéphanie Dongmo

Aide à la communication : 176 dossiers enregistrés

La commission d'examen s'est réunie mercredi 3 août à Yaoundé.
La commission nationale d'examen des demandes d'accès au bénéfice de l'aide publique à la communication privée s'est réunie hier au ministère de la Communication à Yaoundé. A l'odre du jour, l'examen des 176 dossiers enregistrés au Mincom. Ces demandes se répartissent ainsi qu'il suit, pour l'exercice 2011 : 81 dossiers pour la presse écrite, 36 pour la radio, trois pour les producteurs, un pour la presse cybernétique, un pour la communication globale, huit pour les imprimeries et 42 pour les organisations professionnelles.
D'après le ministre de la Communication, par ailleurs président de ladite commission, Issa Tchiroma Bakary, l'engouement des acteurs privés pour l'aide à la communication va grandissant. Il en veut pour preuve le fait qu'en 2006, le Mincom a enregistré 45 dossiers, 145 en 2009 et 151 en 2010. «C'est le signe de la pertinence de l'initiative gouvernementale en faveur de la communication privée qui mérite une attention du gouvernement, au même titre que la communication privée», a-t-il soutenu. Cette année, 135 millions Fcfa ont été alloué à l'aide à la communication. Lee montant cumulé de cette subvention, depuis 8 ans qu'elle est attribuée, s'élève à 8 milliards Fcfa.
Après la publication de la liste des 26 membres de la commission le 26 juillet dernier, le Syndicat des journalistes employés du Cameroun (Sjec) l'a contesté dans un communiqué. Le Sjec dénonçait notamment la désignation des chefs de cellules de communication des ministères dans cette commission. Pour, dit-il, éclairer le «quiproquo», le directeur des affaires juridiques du Mincom, Jean Tobie Hond, a rappelé, sur instruction de Issa Tchiroma, que le décret du 23 septembre 2002 portant création, organisation et fonctionnement de l'aide à la communication, consacre des représentants de certains ministères comme membres de la commission d'examen. Aussi, «la désignation des membres de la commission est conforme à la lettre du décret d'application et de fait, non attaquable », a-t-il conclu.
Stéphanie Dongmo

lundi 1 août 2011

Des journalistes culturels à l'école du bikutsi

La Cameroon art critics (Camac), l'association des journalistes culturels du Cameroun, a organisé un atelier de formation le 30 juillet dernier à Yaoundé. L'atelier animé par Jean-Marie Ahanda, musicien, peintre et ancien journaliste culturel, a porté sur le bikutsi et le makossa. Recevant dix journalistes dans sa maison à Essos qu'il a transformé en espace culturel, Jean-Marie les a entretenu sur l'histoire de la musique camerounaise à partir des années 60. Et surtout, sur l'origine et les précurseurs du bikutsi. Avec un point d'honneur sur l'aventure des Têtes brulées, le groupe qu'il a fondé dans les années 80. Il a également parlé de son projet de fonder un nouveau groupe baptisé « le choeur des lumières » dont la musique sera subliminale.

Bébé Manga a été inhumée samedi

La chanteuse a été inhumée samedi 30 juillet 2011 à Tinto par Mamfé, département de la Manyu, région du Sud-ouest. L'artiste avait succombé à une attaque cardiaque le 3 juillet à Douala, à plus de 60 ans. Elisabeth Bessem Manga, de son vrai nom, était une voix majeure de la scène camerounaise. Elle a notamment interprété le titre à succès «Amio» écrit par Ebanda Manfred, qui est devenu un tube indémodable. Celle qui a été baptisée Bébé Manga par l'animateur ivoirien Roger Fulgence Kassy a aussi interprété avec succès « Mota Benama » de Charles Lembe. Au cours de la levée du corps jeudi dernier à Douala, Sergeo Polo a déclaré : « Bébé Manga n’est peut-être plus là physiquement, mais nous nous chargerons de relayer ses œuvres. Les artistes vont prier pour que son âme repose en paix ».

Aide à la presse : La commission d'examen contestée

Le Syndicat des journalistes employés du Cameroun dénonce la désignation des chefs des cellules de communication dans cette commission. 

Dans un communiqué parvenu à notre rédaction hier, le Syndicat des journalistes employés du Cameroun (Sjec) «s'indigne» des «dérives» de l'aide publique à la presse privée. Cette sortie fait suite à la publication de la composition de la commission nationale d'examen des demandes d'accès au bénéfice de l'aide à la presse, le 26 juillet dernier.
Cette commission est présidée par Issa Tchiroma Bakary, le ministre de la Communication. Elle comprend des responsables des ministères des Finances, des Postes et Télécommunication, du Tourisme, de l'Enseignement supérieur, des Enseignements secondaires, de l'Emploi et de la Formation professionnelle, du Travail et de la sécurité sociale, de même que des représentants des organisations professionnelles dans le secteur de la communication. Un total de 24 personnes (voir ci-dessous).
Un effectif que Norbert Tchana Ngante, le président du Sjec, qualifie de «pléthorique». Joint au téléphone hier, il explique que la prise en charge des membres de cette commission, qui ne représentent d'ailleurs pas la profession, va diminuer la cagnotte déjà dérisoire de l'aide à la presse (135 millions Fcfa). Par ailleurs, le communiqué du Sjec dénonce le fait que «les patrons de presse qui refusent de signer des contrats de travail à leurs employés» font partie de cette commission ; la «persistance à considérer les associations de journalistes en méprisant les corporations pourtant reconnues par la loi et seules aptes à mener des négociations avec le gouvernement»; la désignation des chefs de cellules de communication en lieu et place des promoteurs de journaux.
Par conséquent, le Sjec invite le Mincom à revoir sa copie et à travailler avec les différents syndicats du secteur des médias. En attendant que cette collaboration soit effective, le syndicat demande de surseoir la répartition de l'aide à la presse 2011 afin d'étudier les véritables maux des médias. Pour Norbert Tchana Ngante, «l'aide à la presse, c'est du saupoudrage. Le problème de la presse réside ailleurs. Il faut un nouveau cadre juridique», que le Sjec avait déjà soumis au gouvernement dans une proposition d'avant-projet de loi.
La commission devra se réunir le 3 août prochain à Yaoundé, pour l'examen des demande d'aide enregistrées.
Stéphanie Dongmo

Composition de la commission
- Président : Issa Tchiroma Bakary
- Secrétaire exécutif : Ndongo Suzanne
- Rapporteurs : Ntchouala Sophie ; Ngankak Kisito
Représentants du Minfi
  • Nyate Alexis
  • Bolai Armel Patrice
Représentant Minpostel
Amadou Bello
Représentant Mintour
Pombo Jean (
Représentant Minsup
Mbia Jean-Paul
Représentant Minesec
Ndjewel Hilaire
Représentant Minefop
Yakou Jacques
Représentant Mintravail
- Ava Simon Bertin
  • Ondoa Florent (Cnps)
Organisations professionnelles des journalistes
  • Nta à Bitang
  • Nzoh Ngamdembou Zachée
  • Ebanda Elomo Gabriel
Entreprises de communication privée
  • Ebobisse Aline Rose
  • Ngompemou André
  • Directeur Spectrum television
Presse cybernétique
Janvier Njikam
Imprimerie
Mvom Jean Léonard
Distributeurs
Nsouefon Amadou (Messapresse)
Publicité
  • Bahana Eyango Anne Marie
  • Yambou Albert
Organisations professionnelles de la communication
Marc Omboui