Reportage à la soirée de lancement
de la 3ème édition de la Semaine du cinéma brésilien qui s’est tenue
du 7 au 11 février 2018, à l’initiative de l’Ambassade du Brésil au Cameroun et
du Cinéma Numérique Ambulant.
Yaoundé,
7 février 2018, 19h. Le jour s’en va timidement en traînant des pieds, poussé à
la porte par une nuit impatiente d’avoir trop attendu son départ. A Bastos, à
la résidence du Brésil, l’équipe du Cinéma Numérique Ambulant (CNA) pousse un
ouf de soulagement, elle qui a choisi d’installer ses activités à la faveur de
la nuit. La cérémonie de lancement du Festival du cinéma brésilien peut enfin
commencer.
A
l’écran, d’abord les bandes annonces des trois films brésiliens de l’édition
2018 : « Central do Brazil » et « Abril despedaçado »
de Walter Salles, et « Vida de menina » de Helena Solberg. La piscine
projette ses reflets bleus sur l’écran. Assis tout autour, des femmes et des
hommes tirés à quatre épingles, rivalisant d’élégance dans leur tenue. Paul
Biffot, l’ambassadeur du Gabon par ailleurs doyen du corps diplomatique est là,
de même que quelques personnalités. La voix envoûtante de Rose Munjongue,
l’animatrice de la soirée, donne envie de rester plus longtemps.
Cela
nous conduit aux discours, deux plus précisément. Le premier est prononcé par
Mariana Madeira, chargée d’Affaires de l’Ambassade du Brésil au Cameroun. Elle
assure l’intérim entre l’ancien ambassadeur aujourd’hui en mission au Japon,
Nei Futoro Bittencourt, et le nouvel ambassadeur Vivian San Martin attendu au
cours des prochains mois. Elle s’est attardée sur la coopération culturelle
entre le Cameroun et le Brésil qui, aujourd’hui, montre un grand potentiel à
exploiter : « Il existe quelques similitudes avec le cinéma camerounais
que j'ai remarqué, les thématiques basées sur les réalités sociales et une
forte influence des télénovelas ».
Stéphanie
Dongmo, la présidente du CNA, a remercié l’Ambassade du Brésil au Cameroun pour
cette marque de confiance renouvelée : « En soutenant le
Cinéma Numérique Ambulant, vous permettez à une organisation culturelle de
survivre. Car c’est de cela qu’il s’agit encore malheureusement, de survie,
dans un contexte de paupérisation et de grande fragilité des initiatives
culturelles. Aucun apport n’est à négliger. Ce soutien nous permet de faire un
pas de plus dans la structuration de notre association et la pérennisation de
nos activités ».
Après les discours, place au cinéma. Le film
d’ouverture, « Central do Brasil » (Brésil central) de Walter Salles
nous a amené à la découverte du Brésil profond, sur les traces d’un garçon de
neuf ans qui voit sa mère mourir tragiquement et qui se lance à la recherche de
son père. Un Brésil pauvre, illettré et croyant à l’extrême, loin des lumières et
du carnaval de Rio de Janeiro. Le parcours de ce garçon est non seulement un
voyage, mais aussi un cheminement intérieur pour se découvrir, faire la paix
avec soi-même pour pouvoir être en paix avec les autres.
Dans les jardins de la résidence, un buffet a été
installé. La caipirinha, cocktail le plus consommé au Brésil et
petite star de la soirée, coule à compte-gouttes, il faut s’aligner pour
pouvoir accéder au précieux breuvage. Petit à petit, les spectateurs désertent
la salle de cinéma en plein air pour s’installer là où on a besoin que de l’odorat
et du goûter pour juger d’une œuvre d’art. De petits groupes se forment. Ici,
les journalistes culturelles, copines des 400 coups. Là, les amoureux des films
d’animation. Le dénominateur commun de ces groupes ? Le verre à la main et
les rires stridents, le bar a fait son effet.
Heureusement
qu’il y a encore des inconditionnels du cinéma. Eux savourent le film jusqu’à
la dernière goutte, jusqu’à la disparition des derniers textes du générique.
C’est encore eux après qui commentent le film. Leurs phrases sont pleines de
superlatifs. Beaucoup ne jurent plus que par le cinéma brésilien, qui vient de
recruter de nouveaux adeptes.
Ashley Tchameni