La directrice de La Maison des journalistes (35 rue Cauchy, dans le 15ème arrondissement à Paris) parle des difficultés financières de cette organisation qui accueille des reporters demandeurs d’asile politique en France, et de leur devenir professionnel.
Quelle est l’offre de la Maison des journalistes ?
La Maison des journalistes accueille 30 journalistes par an, pour une durée de six mois. Depuis sa création en 2002, elle a accueilli 217 journalistes refugiés.
Quelle prise en charge pour ces journalistes pendant six mois ?
Pendant six mois, les journalistes bénéficient d’un bon d’achat alimentaire journalier, d’un passe navigo qui leur permet de circuler dans Paris, d’une assistance administrative pour monter leurs dossiers de refugiés, d’une prise en charge psychologique pour ceux qui le souhaitent. Les non francophones bénéficient des cours de français.
Que se passe-t-il après six mois pour ces journalistes ?
Après, ils se débrouillent. Six mois, c’est le temps pour eux de respirer un peu, de s’organiser. Ce n’est pas toujours planifié de venir en France et m. Toutes les personnes qu’on a accueilli rencontrent de grandes difficultés pour s’intégrer. Ce n’est pas toujours facile, toutes les structures d’accueil sont saturées. Au niveau de l’Union européenne, il y a une diminution de l’aide pour les immigrés. L’après est compliqué, mais c’est au journaliste de se prendre en charge.
Combien ont trouvé du travail dans les médias français ?
Jusqu’ici, une dizaine de journalistes a effectivement intégré des médias français. Beaucoup ont abandonné le métier, certains ont migré vers d’autres pays étrangers et quatre sont retournés dans leur pays d’origine, parmi lesquels deux après la chute du régime qui les persécutait.
D’où viennent les financements de la Maison ?
Nos subventions viennent des médias parrains et de la ville de Paris. On a un budget global de 350 000 euros par an, financé à hauteur de 25% par les médias français et 50% par le Fond européen pour les refugiés. On reçoit aussi le soutien des prestataires, une subvention pour les expositions et une pour notre journal en ligne, « L’œil de l’exilé ». Chaque média français finance une chambre. Ils reçoivent aussi souvent nos journalistes en stage dans leurs rédactions.
En 2010, vous avez lancez un appel à don pour faire face à des soucis financiers. Quel résultat ?
La crise est passé par chez nous, ce n’est pas évident de faire fonctionner la Maison. Nos soucis financiers sont surtout dûs au retard du paiement des subventions du Fond européen pour les refugiés. C’est bloqué au ministère de l’intérieur. Derrière, il y a une volonté politique de diminution de toutes les aides pour les personnes les plus fragiles. On avait lancé un appel à don l’année dernière. On essaie de créer un réseau de mécènes, mais c’est difficile, la cause mobilise peu.
Propos recueillis par Stéphanie Dongmo, à Paris
Voilà une question, celle de l'insertion des journalistes en France et en Europe qui nous rappelle notre propre engagement dans la lutte contre l'exclusion où la bataille pour l'insertion sociale et économique des ressortissants d'Afrique et d'ailleurs, est toujours la plus difficile. Nous avons par cet article la révélation d'un problème plus aigu qui doit donner à penser à qui nourrit le rêve d’une migration vers l’Europe aujourd’hui.
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