mercredi 4 mai 2011

Cinéma : Comment on délivre les autorisations


La commission de censure se réunissant rarement, la direction de la cinématographie apprécie les films et délivre des visas provisoires.

Le cinéma au Cameroun reste soumis à un régime d'autorisation préalable. Le décret N°90/1462 du 9 novembre 1990 fixe les modalités d'obtention des autorisations d'exercice de l'activité cinématographique. D'après ce texte, la production, la prise de vue, la distribution et l'exploitation des films est subordonnée à une autorisation préalable délivrée par le ministre en charge de la cinématographie. Ce texte stipule aussi que le ministre prend la décision de délivrer ou non une autorisation après l'avis de la commission nationale de contrôle des films cinématographiques, prises de vues et enregistrements sonores, plus connue sous le nom de commission de censure.

« Autorisation provisoire »

Dans la pratique, au Mincult, le directeur de la cinématographie est celui qui, dans la plupart des cas, délivre les autorisations. Sur certaines, il est marqué « provisoire » et sur d'autres non. Une source au Mincult explique que cette délégation de signature a été prise en interne pour faciliter le traitement des dossiers de demande d'autorisation et de visas d'exploitation. Il ajoute que toutes les autorisations signées par le directeur de la cinématographie sont « provisoires » et permettent au demandeur de commencer à travailler, en attendant d'avoir une autorisation définitive du Mincult. Même si, dans bien des cas, cette autorisation définitive n'arrive jamais, exposant ainsi les cinéastes à une interdiction ultérieure. Le formulaire porte aussi l'entête de la commission de censure.

Autre problème : depuis la fermeture des salles de cinéma, la commission de censure, composée de représentants de plusieurs ministères, de religieux et de cinéastes, ne se réunit plus de manière fréquente et constante. D'autant plus que son budget, au fil des années, s'est amenuisé comme peau de chagrin. A titre d'illustration, il est passé de six millions Fcfa en 2010 à près d'un million Fcfa en 2011.

Face à la rareté des réunions de la commission de censure, le bureau de contrôle de films de la direction de la cinématographie s'est parfois substitué à elle. Ainsi, les films programmés au Festival du films des droits de l'homme ont été visionnés par ce bureau, qui ne possède pour le faire qu'un poste de télévision et un lecteur Dvd et un ordinateur. Et tous les formulaires d'autorisation portent la mention commission de censure.

Films interdits

L'on se souvient que le 26 avril 2011, le directeur de la cinématographie et des œuvres audiovisuelles (Dcpa) du ministère de la Culture (Mincult), Wang Johnson Sone, a été suspendu de ses fonctions par le ministre Ama Tutu Muna. Motifs : « indélicatesse et manquement à la déontologie ». Il est reproché à M. Wang d'avoir délivré une autorisation provisoire pour la diffusion des films programmés au Festival international du film des droits de l'homme, qui a été interdit le 11 avril. Le 21 avril 2011, les promoteurs de ce festival, les français Mélanie Barreau et Vincent Mercier, sont interdits de tourner un film sur la Sosucam à Mbanjock, alors même qu'ils détiennent une autorisation de prises de vue sur l'ensemble du territoire signée par le directeur de la cinématographie.

Stéphanie Dongmo

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