mercredi 22 juin 2011

Plaidoyer contre les mutilations génitales


Le documentaire de Françoise Baba a été projeté dimanche aux Ecrans noirs en séance spéciale.


En fait de documentaire, « L'excision : une pratique, des vies brisées » est un reportage sur le phénomène dans les régions de l'Adamaoua, du Nord et de l'Extrême-Nord. Commenté par la journaliste Anytha Baba, le film raconte, en 29 mn, la pratique de l'excision dans cette partie du pays, et notamment à Kousséri où ce « crime né de l'égoïsme des hommes » est le plus criard.

« L'excision... » est réalisé par Françoise Baba pour le compte de l'Association des femmes et filles de l'Adamaoua (Affada) dont elle est par ailleurs la présidente. Il s'ouvre sur l'image de couteaux tranchants dont on se sert pour « raser les femmes ». Cette image reviendra plusieurs fois dans le film, pour décourager les personnes qui auraient pu être tentées par cette pratique, considérée comme une coutume. Plusieurs acteurs y interviennent : chef de village, imam, autorités administratives et médecins. Ils expliquent l'origine, le mode et les conséquences de l'excision qui sont graves : douleur, risques d'infection, fistules obstétricales... Françoise Baba a le mérite d'avoir fait témoigner, à visage découvert, une femme excisée, qui raconte sa triste expérience. De même que d'anciennes exciseuses qui disent pourquoi elles ont arrêté cette activité.

Le documentaire affirme que face aux campagnes de sensibilisation, le phénomène a changé de forme et est devenu plus pernicieux. Par crainte de représailles, les fillettes à exciser sont conduites du Tchad, où la pratique n'est pas condamnée. La faiblesse du film est qu'il s'est contenté de faire dire cela, sans aller sur le terrain pour toucher le phénomène du doigt. Par ailleurs, le documentaire est resté régional. Passant ainsi sous silence l'excision dans le Sud-Ouest, où la sensibilisation est tout aussi nécessaire.

« L'excision... » est sorti en mars 2011 grâce aux financements de l'Union européenne et du Programme d'appui à la structuration de la société civile au Cameroun (Pasoc). Il porte la voix de l'Affada qui milite pour l'adoption d'une loi contre les mutilations génitales. Mais le documentaire ne donne pas de chiffre sur l'ampleur du phénomène. Des statistiques qui auraient pu soutenir la nécessité d'une telle loi.

Stéphanie Dongmo




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