dimanche 1 avril 2012

Rencontre: Des journalistes à l’école de Sumegne

La Cameroon art critics, bureau de Douala, a organisé une rencontre avec le plasticien Joseph Francis Sumegne le 30 mars au centre d’art contemporain Doual’art.

Photo de famille entre les journalistes culturels et Sumegne.

Plusieurs journalistes culturels ont répondu à l’invitation du bureau régional de la Cameroon art critics (Camac) pour une rencontre avec le peintre et sculpteur Joseph Francis Sumegne. Et c’est volontiers que l’artiste, venu de Yaoundé, a partagé avec eux son expérience. Il les a notamment entretenus sur son parcours, son travail, l’art contemporain au Cameroun et sa relation difficile avec le ministère des Arts et de la Culture.

Né le 30 juillet 1951 à Bamenjou, Sumegne est un artiste autodidacte dont le travail est caractérisé par la fusion de plusieurs disciplines. Il est l’auteur de la statue de la Nouvelle liberté qui se dresse au Rond-point Deido depuis 1996, une œuvre commandée par Doual’art et offert à la ville de Douala. Depuis quelques années, il travaille sur une exposition baptisée « Les neuf notables », un travail en cours qui a pourtant déjà été présenté à plusieurs reprises. Sumegne a aussi inventé la technique du Jala’a pour manifester le dépassement de soi.

La rencontre entre l’artiste et les journalistes culturels s’est achevée par une visite de son œuvre la plus visible, la statue de la Nouvelle liberté au rond-point Deido qui a été vandalisée. Joseph Francis Sumegne a apprécié l’initiative de Camac à sa juste valeur et l’a qualifié de « la réhabilitation du fou ».

Sumegne a dit :
Joseph Francis Sumegne
Sur l’art
Dans le domaine de l’art, il y a beaucoup d’honneur et peu d’argent. Si vous ne rêvez pas, vous ne pouvez pas avancer. Je suis libre de dire de l’art ce que j’entends. Chaque plasticien fait des efforts pour occuper l’espace qu’il s’est donné. Que chaque artiste sache que l’art est un espace qu’on doit occuper permanemment. Etre un artiste et présenter une toile, en laissant à chacun le soin de l’interpréter comme il le sent, c’est une démission de l’intelligence. L’art c’est ce qui peut affronter le temps en instruisant. L’art, ce n’est pas le niveau scolaire, ni l’école des beaux-arts. Un artiste sans vision se perd.

Sur son travail
Au fond, le Jala’a c’est des conneries parce que je n’imagine pas que cela puisse plaire. Mais ça plaît. L’art m’a permis de m’élever au-dessus de mes problèmes ; l’art m’a aidé à faire taire la famine du ventre pour remplir la tête. J’ai reçu beaucoup de coups. Mais je suis connu, c’est l’important.  
Sur la relève
On n’apprend pas à quelqu’un à être fou. J’ai des choses à donner, mais si on ne me les demande pas d’une certaine manière, je ne pourrais pas les donner parce que je ne suis pas riche.

Stéphanie Dongmo

4 commentaires:

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  3. « On n’apprend pas à quelqu’un à être fou. J’ai des choses à donner, mais si on ne me les demande pas d’une certaine manière, je ne pourrais pas les donner parce que je ne suis pas riche. »
    Voici une parole à méditer. Nous savons que chaque individu peut cacher un écervelé, un cinglé, un barjo, un joyeux burlesque. Le propos ci-dessus pose un beau problème : Qu’est-ce qu’un fou et comment peut-on apprendre à être un fou (en art). Il s’agit de discriminer entre une plaisante folie qui favoriserait la vie en usant de tout ce qui inspire la crainte et favorise la mort, les accidents, les trahisons : cette démence violente qui entraîne le fou dans l’inhumanité. ci, on a compris, il ne s’agit pas de ce fou respecté qui n’a de folie que la démence calculée et non productive envers lequel on ne saurait avoir quelque indulgence mais du fou dont l’éloge chante la grande confiance en l’homme. Le fou ici, est l’artiste qui se débarrasse des illusions et s’applique à réaliser les projets, à vaincre les maux de toute sorte.
    Ici encore, le fou, ce créateur, se met en face de ses difficultés, de ses incohérences, et se propose de s’en prendre à la racine du mal, du néant une œuvre pour que jamais, le néant, ce mal ne puisse s’installer en lui. Le fou, encore lui, est hors de lui-même et est en définitive est l’artiste qui aime puisque, ici enfin, il a des choses à donner, mais si on ne les lui demande pas d’une certaine manière (respectueusement et intelligemment), il ne pourra pas les donner parce qu’il n’est pas riche argent. Ce qui ne veut pas dire qu’il est pauvre en ce qu’il a et peut donner.

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