Ecrivain et directeur de « Madingwa » (Je t’aime),
la collection de romans sentimentaux que lance la maison d’édition Afrédit en
ce début d’année, il parle de ce concept d’amour à la sauce africaine.
Hervé Madaya. |
Africaine d’édition (Afrédit) annonce une nouvelle collection
de romans sentimentaux dont vous êtes le directeur. Pouvez-vous nous présenter
cette collection?
En effet, le projet a mûri
en juin dernier. Après avoir lancé un appel à synopsis, nous avons pu réunir
les auteurs dont les propositions allaient dans le sens de ce que nous
recherchions. A savoir des histoires d’amour dans lesquelles se reconnaîtront
les Africains, décrivant leurs réalités, dans un environnement qui leur soit
familier. Madingwa est cette collection de romans qui bientôt sera livrée au
jugement des lecteurs.
Combien de titres comptez-vous publier par an et à quelle
fréquence ?
Un livre tous les deux mois
sera la fréquence de départ. Ce qui correspond à six titres par an. Faudra-t-il
accélérer ou ralentir cette cadence ? Nous en jugerons par l’accueil qui
sera réservé aux Madingwas.
A quand la parution du premier roman de la collection ?
Nous souhaitons lancer la
collection dans la période allant du 11 au 14 février ; ça tombe bien,
elle est destinée à la jeunesse et aux amoureux, qu’ils soient jeunes ou non.
Qu'est-ce qui a motivé Afrédit à lancer Madingwa alors que sur
le marché du sentimental, on compte déjà Adoras, Harlequin et Nous-Deux, entre
autres ?
C’est le constat selon
lequel aucune maison d’édition camerounaise ne possède de collection de romans
à l’eau de rose. Et si vous regardez dans la sous-région d’Afrique centrale,
vous verrez que là encore, il y a ce manque. Or, à voir le succès des collections
que vous venez de citer dans nos marchés, il va sans dire que la littérature
sentimentale a son public chez nous. Je suis tenté de croire que les lecteurs
et lectrices s’y ruent en partie faute d’avoir ce qui s’inspire de leur
culture.
Quelle sera la particularité de cette collection ?
Elle aura de petits romans
hauts en couleurs, d’une centaine de pages, pouvant être lu d’une traite au
cours d’un voyage Douala-Yaoundé par exemple, qui parleront de notre
environnement comme les collections d’ailleurs ne sauraient pas le faire. Nous
voulons faire de chacun de ces livres un ndolè aux crevettes, un sanga, un
mbongo tchobi, un nkwi littéraire qui vous racontera une idylle entre une
bayamsellam de Mvog-Atangana-Mballa et un moto taximan, une fille de Bonapriso et
un gars de New Bell, une ministre et un sauveteur de Mokolo, un coiffeur de
Mvog-Mbi et sa cliente, etc…
Réunion d'auteurs le 31/10/2015 à Afrédit. |
Vous avez sélectionné une première vague d'auteurs qui
devront alimenter cette collection. Qui sont-ils et comment s'est faite cette
sélection ?
Les auteurs ont été
sélectionnés sur la base de leurs synopsis. A la suite de l’appel à synopsis que
nous avons lancé en juillet, nous avons reçu un nombre important de
candidatures, près de 300. Il a donc fallu être très sélectifs ; nous
voulions une dizaine de personnes. Les meilleures propositions nous ont conduits
à former une équipe cosmopolite, dont l’âge varie entre 27 et 60 ans. Avec des
Camerounais, des Français résidant au Cameroun et des Gabonais, hommes et
femmes confondus. Non pas que la porte soit fermée à d’autres propositions. Simplement,
la prudence voulait que nous ayons un comité de base, afin d’assurer le
fonctionnement de Madingwa.
Le roman sentimental est un genre littéraire souvent méprisé.
N'est-ce pas dévalorisant pour un écrivain de proposer ce genre de texte ?
Les participants à notre
projet ne doivent pas penser ainsi, vu leur nombre pléthorique. Nous connaissons
des auteurscélèbresqui ont bâti leur carrière sur la littérature sentimentale.Combien
de jeunes filles à travers le monde rêvent du prince charmant en lisant Barbara
Cartland ? Nos ainés n’ont-ils pas rêvé d’Alexandro Inchesou d’Anna Zoli
en lisant les romansphotos de la Lancio ? Le nombre de candidatures que
nous avons reçues prouve que le roman d’amour revient en force ! Certes,
les livres de Madingwa auront pour thème central l’amour passion, mais celui-ci
sera encré dans les réalités toutes africaines ; ils développeront
forcément des sous-thèmes et chacun y trouvera son compte. L’âme d’une plume,
c’est son style. Le genre littéraire n’en est que l’habillage.
Le roman d’amour est un genre populaire, qu'allez-vous faire
pour qu'il ne devienne pas vulgaire ?
Nous nous assureront que les
romans aient un style à la fois simple et soigné, sans vulgarités. De manière à
garder une certaine hauteur, afin de bâtir un sérieux à la collection Madingwa.
Par-dessus tout, nous veillerons à ce que les livres valorisent la culture
africaine. Je tiens également à souligner qu’il n’est pas question pour nous de
critiquer les collections occidentales que vous avez citées. Elles ont une
démarche qui consiste essentiellement à vendre du rêve, et ça marche, c’est
agréable pour ceux qui le temps d’une lecture, veulent échapper aux monde qui
les entoure. Nous passons à autre chose ! Nous introduisons nos habitudes
et les tracas de la vie réelle dans la littérature sentimentale, y adjoignant
ainsi l’utile, pour en faire des livres importants et échapper à certaines
étiquettes que nous avons souvent entendues : littérature de gare,
littérature de supermarché, sous-littérature, etc…
Le roman sentimental a la réputation d'être signé par des
noms de femmes, quand bien même c'est écrit par des hommes. Est-ce que ce sera
différent pour Madingwa ?
Certains grands noms de la
littérature classique ont pourtant excellé dans l’expression des sentiments
amoureux. Beaumarchais, Stendhal, Flaubert, Voltaire, Victor Hugo et j’en
passe. Ce serait dommage si de nos jours les hommes n’assumaient pas leur côté fleur-bleue.
Cela dit, les écrivains sont libres de publier sous pseudonymes. Nous ne sommes
pas une entrave à cette liberté. Nous souhaiterions simplement que nos romans
portent les patronymes de leurs auteurs. Il est important que le public sache
que les livres de la collection Madingwa sont écrits aussi bien par les hommes
que par les femmes… Cela pourrait être l’une de ses particularités, justement.
Propos recueillis par Stéphanie Dongmo
NB: après la parution d'un premier roman, "Mon numéro 9 national" d'Olive Aboula, la collection s'est arrêtée sans aucune explication de l'éditeur Afrédit ni aux auteurs dont les contrats étaient déjà signés, ni au public. Dans la foulée, Hervé Madaya a démissionné d'Afrédit avant de s'installer en France.
NB: après la parution d'un premier roman, "Mon numéro 9 national" d'Olive Aboula, la collection s'est arrêtée sans aucune explication de l'éditeur Afrédit ni aux auteurs dont les contrats étaient déjà signés, ni au public. Dans la foulée, Hervé Madaya a démissionné d'Afrédit avant de s'installer en France.
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