Le
directeur de l’Office régional du tourisme de l’Ouest Cameroun parle de la
participation de l’Ortoc au salon Solidarissimo en France du 6 au 8 novembre
2015 pour promouvoir la destination
Cameroun et le tourisme solidaire. Il revient aussi sur la mauvaise santé du
tourisme dans cette partie du pays et précise les mesures qui sont prises pour
le booster.
L’Ortoc
était au salon Solidarissimi en France, en novembre 2015. De quoi s’est-il
agit concrètement?
Le Salon Solidarissimo
est un salon dédié au tourisme et à l’économie solidaire. C’est une sorte de
salon dans un salon, puisqu’il est organisé en même temps et sur le même site
du Salon International du Tourisme et des Voyages (SITV). Il est organisé tous
les ans, au mois de novembre au parc de l’exposition de Colmar, en Alsace.
L’édition 2015 était la 6ème édition.
Quels
étaient les objectifs de la participation de l’Ortoc ?
En participant à cette
édition de Solidarissimo, la région de l’Ouest avait un double objectif. Nous y allions principalement pour démarcher
les voyagistes intéressés par l’Afrique, dans la perspective du référencement de
la destination Ouest Cameroun dans leur catalogue. Car la notoriété d’une
destination se mesure à son niveau de référencement par les prescripteurs de
voyages. Notre participation visait aussi à présenter le projet TOSTEM à
différents publics, et à analyser leur perception du projet de tourisme sur les
traces de l’esclavage.
Quels
résultats avez-vous obtenus en termes de visiteurs, de partenariats noués, etc. ?
Le salon solidarissimo
est avant tout un salon professionnel. Nous avons réussi à intéresser cinq
tours opérateurs à découvrir les chefferies de l’Ouest Cameroun. L’un d’entre
eux a déjà effectué un premier voyage de découverte. Nous envisageons
d’organiser, en partenariat avec les agences de tourisme camerounaises, un éductour
pour les quatre autres voyagistes.
C’est
quoi un éductour ?
Un éductour est un
voyage éducatif aussi bien pour le territoire qui accueille que pour les
voyagistes qui découvrent. L’éductour que nous envisageons organiser en
partenariat avec les agences de tourisme camerounais est un voyage de
découverte au cours duquel les voyagistes découvriront les attraits du
Cameroun. Nous présenterons le Cameroun en général. Mais, comme les voyagistes
ont accordé un intérêt particulier aux chefferies de l’Ouest et à l’offre de
Limbé, nous visiterons les attraits de ces deux territoires. Ce sera aussi
l’occasion de prendre en compte les avis des étrangers sur nos points forts,
mais aussi sur nos points faibles. Après l’éductour, nous resterons en contact
avec les voyagistes. Car, l’objectif ultime recherché est le référencement de
notre destination dans leurs catalogues.
L’Ortoc
mène un projet de tourisme sur la mémoire de l’esclavage. Quels sont ses
articulations ?
TOSTEM (Tourisme autour
des sites de la traite, de l’esclavage et de leurs mémoires) est un projet qui
se déploie dans cinq pays. Dans le cadre de ce projet, un ensemble d’activités seront
réalisées à Nantes, au Cameroun, au Sénégal, en Haïti et à Antigua &
Barbuda. En plus de l’exposition internationale qui est une activité commune
aux cinq pays, il est prévu au Cameroun l’aménagement d’une dizaine de sites
marqués par l’esclavage, sur le trajet partant des chefferies de l’Ouest vers
la côte atlantique.
Ce projet est mis en
œuvre dans le cadre d’un financement de l’Union européenne, par l’Association
les Anneaux de la mémoire dont le Président est Yvon Chotard. Il est coordonné
au niveau international par Patricia Beauchamp basé à Nantes. Anita Fotso, directrice
des opérations du Programme Routes des Chefferies assure la Coordination de ce
projet au Cameroun. L’Ortoc est dont associé à ce projet pour en assurer la
promotion touristique.
Quels
sont les sites mis en valeur par ce projet ?
La phase d’aménagement des sites identifiés comme
ayant été marqué par le phénomène de l’esclavage débutera au cours de cette
année 2016. Des esquisses d’aménagement ont déjà été réalisées. La liste des
sites à aménager se présente ainsi qu’il suit :
-
Les berges du Wouri à
Douala (région du Littoral)
-
Le port d’embarquement
des esclaves à Bimbia (région du Littoral)
-
Le marché caché de
Laapou à Bangou et marché d’esclaves officiel à proximité (région de l’Ouest)
-
Le marché d’esclaves à
Kamna (région de l’Ouest)
-
Le marché d’esclaves à
la chefferie Bamendjinda (région de l’Ouest)
-
Le marché d’esclaves à
Foumban (région de l’Ouest)
-
Le musée de la
chefferie Bafut (région du Nord-Ouest)
-
Les tranchées et murs
de pierre à la chefferie Bawock (région du Nord-Ouest)
Comment
se porte le tourisme à l’Ouest ?
Le sultanat bamoun. |
Le tourisme ne
se porte pas très bien dans la région de l’Ouest. L’Ortoc et les professionnels
du tourisme de l’Ouest se sont engagés dans la démarche qualité. Les
questionnaires mis en place dans les hôtels de l’Ouest, dans le cadre de cette
démarche, ont montré qu’au cours de l’année 2015, sur un total de 211 questionnaires
analysés, il y a eu 63% de touristes insatisfaits après le séjour dans la
région de l’Ouest. Nos sites de visite ont enregistrés une moyenne de 30.000
visiteurs en 2014. Devant de tels résultats, l’Ortoc et ses partenaires ont entrepris
deux activités majeures : l’édition du premier catalogue tourisme et
l’élaboration du Schéma directeur du tourisme de l’Ouest. Le catalogue tourisme
est un document à vocation promotionnelle qui présente l’offre touristique de
la destination Ouest.
Le premier
catalogue tourisme que nous avons élaboré, en partenariat avec le Programme
Route des chefferies, a été édité en 1.500 exemplaires. Il présente la région
de l’Ouest sous trois thématiques majeures : culture et chefferies, nature
et paysages, artisanat et terroir. Il est considéré comme la carte de visite de
l’Ouest. L’Ortoc et ses partenaires ont aussi élaboré le Schéma directeur du
tourisme de l’Ouest. Il s’agit là d’un schéma de cohérence territoriale qui couvre
la période 2015-2025. Dans le cadre de ce travail, un plan d’action prioritaire
est à définir. La mise en œuvre de ce plan d’action prioritaire devrait, à
terme, permettre de créer des services susceptibles de donner l’occasion aux
visiteurs de la CAN (Coupe d’Afrique des Nations, ndlr) de bonnes occasions de
dépenser leur argent chez nous.
Quelles
stratégies mettez-vous en place pour développer le tourisme intérieur ?
Nous organisons
régulièrement des excursions de groupe à destination du grand public. A
l’occasion des évènements culturels et des activités ponctuelles, nous
élaborons des programmes de visites autour du lieu géographique concerné. Mais,
la grande activité concerne la jeunesse. Avec le Programme route des
chefferies, un programme de médiation est mis en place et permet aux jeunes
scolaires de connaître leur patrimoine, de se l’approprier et de développer la
culture de la découverte. Une commission médiation a d’ailleurs été mise en
place, présidée par le chef Supérieur Bangoulap.
La région de l’Ouest
comme le Cameroun tout entier peut devenir une véritable destination
touristique. C’est-à-dire un territoire qui accueille un nombre important de
touristes, avec comme effets induits la création des richesses et des nouveaux
emplois. Cela est possible sous trois conditions : nous devons le vouloir
tous ensemble (professionnels du tourisme ou simple habitant de l’Ouest). Nous
devons ensuite créer des services variés pour donner aux visiteurs des
occasions de dépenser leur argent. Nous devons ensuite nous engager dans la
démarche qualité, pour que les touristes qui viennent chez nous aujourd’hui aient
envie de revenir demain.
Propos
recueillis par Stéphanie Dongmo
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