jeudi 10 juin 2010
Nécrologie : Ferdinand Léopold Oyono est mort
Homme politique camerounais et auteur du « Vieux nègre et la médaille », est décédé hier à Yaoundé, à l’âge de 80 ans.
Ferdinand Léopold Oyono, écrivain camerounais et ancien ministre de la Culture, ancien ministre des Relations extérieures et ancien secrétaire générale à la présidence de la République, est décédé hier à Yaoundé à l’âge de 80 ans, après avoir été victime d’un malaise. Ecrivain, il n’a écrit que trois livres au plus fort de la lutte pour l’indépendance. Plus de 50 ans après, ses ouvrages restent présents dans les esprits. Son roman, « Le vieux nègre et la médaille », paru en 1956, est devenu un classique de la littérature africaine. Ce qui fait dire à l’éditeur Marcellin Vounda Etoa qu’Oyono est « un écrivain qui a commencé sa carrière par le sommet ».
« Le vieux nègre et la médaille » a été au programme scolaire. Il décrit les turpitudes d’un ancien tirailleur, Meka. Pour avoir cédé ses terres aux missionnaires et donné ses deux fils à la guerre où ils sont morts, il doit recevoir, le 14 juillet, une médaille des mains du Chef des Blancs. Alors qu’il rentre chez lui après la cérémonie, Meka est interpellé. Jeté en prison, il y subi les pires sévisses. Il comprend alors qu’avec le colon, tout est mascarade.
« Un vie de boy », publié la même année aux éditions Julliard a été réédité en 2008 chez Pocket. Ce roman relate l’histoire de Toundi. Il a fui son village et travaille comme « boy » du commandant de Cercle. Il devient, malgré lui, le témoin muet de l’adultère de sa patronne. Le commandant qui vient à découvrir la trahison se réconcilie avec sa femme. Les époux se liguent contre Toundi et l’accusent à tort de vol. « Chemin d'Europe » a paru en 1960. Il raconte le mal-être d’un jeune Africain qui, déraciné, a du mal à s’adapter à la vie chaotique en Europe.
L’écriture d’Oyono se caractérise par ce qu’on nomme le « pleurer-rire ». Une démarche qui consiste à décrire de façon humoristique les rapports conflictuels entre le colonisateur et le colonisé et qui « fait oublier la tristesse et l’engagement du message », d’après François Nkemé, écrivain et éditeur. Pour Gervais Mendo Ze, « l’originalité du romancier n’est pas vraiment d’avoir témoigné le fait colonial. Son mérite est d’avoir construit un univers de représentations où la verve comique donne la main à l’écriture tragique pour alimenter une satire sociale captivante » (Ecce homo Ferdinand Léopold Oyono. Hommage à un classique africain, 2007, Karthala).
La mort d’Oyono, Jean-Claude Awono la qualifie d’« immense perte pour la littérature africaine, après les décès de Mongo Beti et Francis Bebey ». On retiendra de lui, au-delà de ses faits politiques, son « œuvre dense et originale », selon les mots d’Emmanuel Matateyou, critique littéraire.
Bibliographie
- Une vie de boy, 1956
- Le vieux nègre et la médaille, 1956
- Chemin d’Europe, 1960
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c'est triste que le vieux nègre soit parti ainsi. il faudrait que naissent encore de tels auteurs au Cameroun
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