jeudi 26 août 2010

Télévision : Trois réalisateurs, une série


Honoré Tadaa, Séraphin Kakouang et François Sylvin Alima se sont mis ensemble pour réaliser « Haute tension », dont la première saison est diffusée jusqu’au 29 août prochain sur la Crtv.



Malgré ses compétences, une femme, haut cadre dans une administration africaine, se voit refuser une promotion parce que mère célibataire. Dans des préjugés sociaux qui découlent de la question du genre, trois jeunes réalisateurs ont trouvé un terrain fertile pour une série télévisée, « Haute tension », dont la première saison est diffusée depuis le 24 juillet 2010 sur la Crtv, samedi et dimanche à 20h.
Honoré Tadaa, Séraphin Kakouang et François Sylvin Alima font partie des meilleurs de la promotion 2004-2006 de l’unité réalisation du Centre de formation professionnelle de l’audiovisuel (Cfpa) de la Crtv à Yaoundé au Cameroun. A la fin de leur formation, ils décident de se mettre ensemble pour créer un projet d’auto-emploi à travers un Groupement d’initiative commune (Gic) baptisé « Afr’image ». La structure en place, ils se lancent dans la réalisation d’une série, sous les conseils de leur prof, Dina Eyango, coordonnateur pédagogique et chef d’unité montage au Cfpa. Directeur de la production de la série, il va proposer le titre « Haute tension », qui s’inspire de « Mariage en sursis », le film de fin de formation de Honoré Tadaa, dont l’intrigue est tissée autour de l’histoire racontée plus haut.
Mais pourquoi une série, un genre qui, jusqu’ici, a attiré peu de réalisateurs camerounais ? Honoré Tadaa répond : « Nous avons voulu sortir des sentiers battus et proposer quelque chose de différent ». C’est-à-dire une œuvre audiovisuelle de fiction, composée d’épisodes indépendants construits autour d’éléments communs (personnages, décors, thèmes récurrents). Le trio obtient du Cfpa, coproducteur du film, du matériel, des locaux et de l’argent pour le financer. Seulement 1/3 de la somme demandée. Néanmoins, c’est avec enthousiasme que l’équipe se lance dans le tournage, avec les moyens du bord. Les écueils sont nombreux, le projet avance cahin caha, la première saison de 12 épisodes finit tout de même par être bouclée.

Le bon, la brute et le truand
Les trois réalisateurs ont choisi un partage du travail original. Dans un système de rotation, l’un écrit et réalise un épisode, tandis que les deux autres l’assistent. L’équipe se réunit régulièrement et débat longuement de chaque scénario avant de l’adopter. Et les discussions sont souvent houleuses. Dina Eyango se souvient que pour caractériser le personnage principal, il y a eu des débats à n’en plus finir. « Certains la voulaient laide, d’autres, belle ». Entre la brute et le truand, le choix a été laissé au bon. Chantal Ngah, comme les autres acteurs de la série, fait partie d’une cuvée d’acteurs formés du 23 juin et 11 juillet 2008 au Cfpa, dans l’optique de cette production.
La série tourne autour de son personnage. Courageuse, ambitieuse, honnête et belle, ce qui ne gâche rien, Jocelyne Ebée est cadre au ministère de la Solidarité nationale (Minsonat). « Elle vit constamment sous une tension exercée par une administration tribalisée, politisée, corrompue, tatillonne et procédurière », explique le trio. « Haute tension » est, finalement, le récit de son combat contre les difficultés quotidiennes. Qu’il s’agisse de la corruption, de son statut matrimonial, des traditions… La série défend les droits de la femme et ne s’en cache pas. « Si l’accès des femmes aux postes de responsabilité est très souvent sujet à polémique, l’expérience a pourtant prouvé qu’à compétence égale, les femmes se sont révélées meilleures gestionnaires que leurs homologues masculins », disent en chœur les réalisateurs.

Péril sur « Haute tension »
Le dernier épisode de la première saison de « Haute tension » sera diffusé dimanche, 29 août 2010. A quand la deuxième saison de la série? Ni le directeur de la production, ni le trio de réalisateurs ne peut répondre à cette question. « Le projet est en péril, faute de financements », s’alarme Dina Eyango, qui en profite pour lancer un SOS, « un appel à sponsor pour que la série ne meure pas ».
Déjà, le tournage de la première saison a été parsemé d’embûches. Débuté le 5 décembre 2008, il s’est achevé en janvier 2010, après deux interruptions pour absence de décors et difficultés financières. Au départ, explique Dina Eyango, le devis de chaque épisode s’élevait à 3,5 millions de Fcfa. « Nous avons eu moins du tiers de cette somme. Pour chaque épisode, au moins 25 personnes ont travaillé presque bénévolement ». Honoré Tadaa, Séraphin Kakouang et François Sylvin Alima pensent que la série aurait été bien meilleure s’ils avaient eu les moyens nécessaires pour travailler. Cependant, « la prochaine saison sera excellente, nous avons maintenant l’expérience nécessaire », assurent-ils.

jeudi 19 août 2010

Langue : 2500 personnes apprennent le chinois au Cameroun


La 3ème conférence annuelle des chefs des Instituts Confucius d’Afrique s’est tenue à Yaoundé du 12 au 13 août 2010.



L’Institut Confucius du Cameroun se décline désormais en cinq pôles d’enseignement de la langue chinoise : l’Institut des relations internationales (Iric) de l’université de Yaoundé II, l’Ecole normale supérieure de Yaoundé, l’Ecole normale supérieure de Maroua, l’université de Buéa (pour les traducteurs-interprètes) et l’école primaire Saint-André de Douala. Depuis 2009, le chinois est enseigné à l’université de Maroua comme matière obligatoire au département de communication interculturelle et interprétation ; et à l’université de Yaoundé I et II comme seconde langue, en cours optionnel.
Jean Tabi Manga, recteur de l’université de Yaoundé II et par ailleurs président du conseil d’administration de l’Institut Confucius, annonce que d’autres annexes seront ouvertes dans les universités de Ngaoundéré et de Dschang. L’établissement ambitionne aussi d’ouvrir un Centre culturel chinois à Yaoundé. Et, à long terme, de créer un centre de formation pour les enseignants des lycées et collèges de Yaoundé, d’ouvrir des classes de formation du chinois dans les écoles primaires et de construire une radio de programmes chinois au Cameroun, entre autres.
L’Institut Confucius de l’université de Yaoundé II est né, en novembre 2007, sur les cendres du Centre linguistique chinois. Créé en 1996 et logé à l’Iric, ce centre linguistique était, jusqu’en 2001 où il a été ouvert au public, réservé aux seuls étudiants de l’Iric. Depuis 1996, il a formé près de 800 étudiants et diplomates de l’Iric. En 2007, le président de la République populaire de Chine, Hu Jintao, est en visite au Cameroun. Avec le chef de l’Etat camerounais, il prend la décision de co-créer un Institut Confucius au Cameroun. Un accord de partenariat a d’ailleurs été signé entre les deux partis le 9 août 2007 en vue de la mise sur pied de cet établissement à l’université de Yaoundé II. Il verra le jour trois mois plus tard. L’Institut Confucius de Yaoundé devient ainsi le premier créé en Afrique noire.

Littérature : Charly Gabriel Mbock pour la décolonisation de la France


« Décoloniser la France », c’est en effet le titre de son essai paru en juillet 2010 aux éditions Kiyikaat à Montréal. Dans cet ouvrage, l’auteur pose que les relations entre la France et l’Afrique sont caractérisées par la duplicité : « La France prétend bruyamment qu’elle ‘‘aide’’ l’Afrique. L’éleveur qui jette un peu de foin à sa vache à lait aide-t-il sa vache ou se rend-il service à lui-même ?» Se demande M. Mbock. Aussi propose-t-il de soulager la France de ses colonies. Une action prioritairement bénéfique à l’Afrique qui devra passer par un plan d’ajustement démocratique impliquant la culture de la responsabilité.
Né en 1950, Charly Gabriel Mbock est professeur d’anthropologie et auteur de plusieurs essais précédents, dont « Le défi libéral » en 1990. Romancier, il a aussi publié « Quand saigne le palmier », entre autres.

mardi 10 août 2010

Francophonie : Calixthe Beyala bat campagne



L’écrivaine franco-camerounaise s’est portée candidate pour le poste de secrétaire général de l’organisation, sans le soutien de Nicolas Sarkozy.




Calixthe Beyala s’est résolument engagée dans la course au poste de secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (Oif). En juillet dernier, l’écrivaine franco-camerounaise a confirmé à l’Afp qu’elle avait effectivement déposé sa candidature trois mois avant, comme candidate de la France, et attendait le soutien du gouvernement français. En attendant que le président Nicolas Sarkozy entérine sa candidature, Calixthe Beyala s’active et bat campagne, via Internet.

Sur la page d’accueil de son site Internet relooké aux couleurs de l’enjeu du moment, www.calixthe.beyala.free, on peut lire : « Après plus de 23 ans d’activités professionnelles, politiques et sociales, Mme Beyala Calixthe Majolie, candidate à l’Oif ». Dans ce site, elle présente son projet pour l’organisation et collecte le soutien de monsieur tout le monde. Son slogan ? « Pour une Francophonie à l’écoute des besoins des peuples ». Elle dit être en mesure de promouvoir une réorientation de l’Oif, « trop politique et pas assez culturelle » à son goût, « parce qu’il serait temps que la Francophonie s’affranchisse de ses pratiques obsolètes, parce que la Francophonie ne saurait être un lieu de retraite pour des politiques en fin de carrière ». Allusion transparente à Abdou Diouf, ancien président du Sénégal et secrétaire général de l’Oif depuis 2003 qui s’apprête à briguer un troisième mandat lors du sommet de la Francophonie qui se tiendra du 24 au 26 octobre prochains à Montreux en Suisse.

Calixthe Beyala obtiendra-t-elle le soutien de la France dont elle a la nationalité? Même si elle affirme n’en avoir aucun doute, rien n’est moins sûr. En juin, Jean-Pierre Raffarin, représentant du président français au Conseil permanent de la Francophonie, déclarait que la France souhaite une nouvelle candidature d’Abdou Diouf. Au Cameroun, tout laisse croire que la double nationalité de Calixthe Beyala n’est pas pour arranger les choses, le pays ne reconnaissant pas ce principe. D’ailleurs, à la Direction de la Francophonie au ministère des Relations extérieures, l’on affirme que la candidate est française, et qu’elle n’a jamais saisi le gouvernement camerounais pour solliciter son soutien.

Loin de se décourager, Calixthe Beyala, comme Barack Obama, mise sur les technologies de l’information et de la communication pour fédérer un maximum de personnes à sa cause. Un comité de soutien a été créé à cet effet. Il bat campagne à travers les réseaux sociaux comme Facebook.

Stéphanie Dongmo






Interview

Calixthe Beyala: « La Francophonie a toujours été pour moi une respiration »

La candidate parle de ses chances d’être élue au poste de secrétaire général de l’Oif.

Qu’est-ce qui vous a motivé à vous portez candidate pour le poste de secrétaire général de la Francophonie?

Ma motivation essentielle est la conviction, fortement ancrée en moi, qu'il conviendrait de faire une Francophonie humaniste, une Francophonie où le mot solidarité n'est pas une déclamation mais une réalité palpable pour les peuples qui la constituent, une Francophonie qui accompagnerait les étudiants francophones dans leur épanouissement, une francophonie capable de soutenir les pays dans le développement, une Francophonie active et non bureaucratique.

Quelle est votre stratégie de campagne ?

Je mène ma campagne grâce à mes idées, à mon dynamisme, à ma capacité de conviction. Je suis écoutée, appréciée pour ma sincérité, pour cette manière que j’ai toujours eu de faire bouger les lignes, par cette confiance que me témoigne l'ensemble du peuple francophone. D'ores et déjà, j'ai des soutiens de plusieurs Etats, parce qu'ils savent qu'avec ma présence, la Francophonie sortira de sa légendaire léthargie.

Que répondez-vous à ceux qui pensent que cette candidature n’est qu’un prétexte pour faire parler de vous ?

Si d'aventure quelques gonzes disaient que je me présente pour faire parler de moi, je rétorquerais : « mais quelle ignorance ! » D'autant qu’à ce jour, sur des centaines de sollicitations d'entretiens, j'en ai accordé quatre. Je n'ai pas besoin qu'on parle de moi, car, que je le veuille ou pas, on parle de moi tous les jours à travers le monde.

Quelles sont vos chances d’être élue ?

La Francophonie a toujours été pour moi une passion, une respiration que je compte transmettre à la jeunesse francophone si j'étais élue. Quant à mes chances, il ne leur manque pas un cheveu dans les mains de Dieu.

Propos recueillis par S.D.

mercredi 4 août 2010

Danse : Le Ballet national prépare sa tournée au Japon


La formation de l’Ensemble national du Cameroun y donnera 15 spectacles du 11 au 30 septembre, à l’invitation de l’association Min-On Concert.

Depuis lundi dernier, les danseurs du Ballet national du Cameroun suivent un stage intensif de trois semaines à Ebolowa, sous la coordination du chorégraphe Jean-Louis Tamba. Ce stage rentre dans le cadre de la préparation de cette équipe en vue de son départ pour le Japon. En effet, à l’invitation de l’association Min-On Concert, du 11 au 30 septembre 2010, le Ballet national va donner 15 spectacles à guichets fermés dans 14 villes nippones : Kawasaki, Honda, Izumity, Tokyo, Fukushima, Hitachi city, Chukyo, Kobe, Amagasaki, Kyoto, Matsuyama, Hiroshima, Fukuoka et Okayama.
D’après Jérôme Manda Doun, le chorégraphe du Ballet national rencontré à Yaoundé, ce stage consiste à revoir le répertoire chorégraphique du Ballet et à mettre les danseurs dans des conditions adéquates d’une tournée. Jérôme Manda Doun ajoute que « le nombre de danseurs qui feront partie de la troupe n’a pas encore été arrêté. Le Ballet national a fait appel aux contributions extérieures des personnes avec lesquelles il travaille souvent ». La formation entend présenter au public nippon les danses des quatre aires culturelles du Cameroun : fang-béti, grassfield, sawa et soudano-sahélien (voir encadré ci-dessous).
L’annonce de ce voyage sponsorisé par l’ambassade du Japon à Yaoundé a été faite le 24 février dernier à Yaoundé. A cette occasion, Kimitaka Anekoji, directeur exécutif du Min-On Concert, a affirmé que pour cette session du Min-On concert 2010, «nous avons choisi le Ballet national du Cameroun pour célébrer les 50 ans d’amitié et de coopération entre le Cameroun et le Japon, ainsi que les 50 ans de votre indépendance et de votre réunification ». Voyage qui devrait contribuer à renforcer la coopération culturelle entre les deux pays.
Créé en 1975, le Ballet national est une division de l’Ensemble national des arts et de la culture du Cameroun, au même titre que le Théâtre national et l’Orchestre national. Il a pour but de promouvoir les danses du terroir au Cameroun et à l’étranger. L’association à but non lucratif Min-On Concert a été fondée en 1963 au Japon, à l’initiative de Daisaku Ikeda.
Stéphanie Dongmo


Les danses qui seront présentées au Japon
- Welcome to Cameroon
- The Flow of water
- Tchantchan
- Ozila
- Bikutsi
- Ambass bay
- Le njang
- Le bafia
- Le goumba
- Le gandjal…
Source : www.min-on.org

mardi 3 août 2010

Note de lecture : Petit enfant de la rue survivra


Dans son dernier roman, Evelyne Mpoudi Ngollé appelle à la responsabilité des parents.



Le sujet n’est pas nouveau, loin s’en faut. D’autres auteurs camerounais l’ont raconté sous toutes les coutures. Pabe Mongo dans « L’homme de la rue » (Hatier, 1987), Guillaume Nana avec « Le cri muet » (Clé, 2010), pour ne citer que ceux-là. Dans « Petit Jo, enfant des rues » (Hatier international/Edicef, 2009). Evelyne Mpoudi Ngollé apporte une sensibilité toute féminine dans la description de la difficile existence dans la rue. Sa narration bouleversante oblige le lecteur à ne plus regarder sans les voir, ces pauvres hères qui ont échoué à la marge de la société.

Son roman raconte l’histoire d’un enfant, comme il y en a tant dans nos rues, Petit Jo. On peut le voir sur le dessin de la première de couverture : cheveux frisés, traits tirés, air hagard. Car sa vie n’est qu’une longue suite de malheurs : Bébé, il est abandonné à l’entrée d’un hôpital. A sept ans, son père adoptif décède. Plus tard, il ne peut passer le concours d’entrée en classe de 6ème pour défaut d’acte de naissance. A 12 ans, il se retrouve dans la rue.

Rongé par la maladie, il va faire une rencontre qui va changer le cours de sa vie. Man est un adolescent qui, après une fugue, s’est retrouvé dans la rue où il vit de rapine. Torturé par le remord, il décide de s’occuper de Petit Jo et le sauve d’une mort certaine. Lorsque Man est emprisonné, il part pour Ndoungué où il espère retrouver la tante de son père adoptif, sa seule famille. Celle-ci est décédée mais lui a laissé un bien précieux : une maison, un acte de naissance et une photo où il voit enfin ses parents : son père Blanc et sa mère Noire.

Dans « Petit Jo, enfant des rues », Evelyne Mpoudi Ngollé appelle à la responsabilité des parents. Ils sont responsables du sort de leurs enfants, peut-on lire entre les lignes. Si Petit Jo se retrouve à la rue, c’est bien parce qu’il a été abandonné par ses parents ; si le père de Man avait été plus présent et sa mère moins laxiste… Des « si » qui ont pour but d’inciter les parents à mieux s’occuper de leur progéniture.

L’ouvrage qui coûte 2500Fcfa vient d’entrer au programme des classes de 3ème. Il est organisé en 13 chapitres accompagnés d’un questionnement destiné à aider l’élève dans la compréhension du texte. En annexe, l’on retrouve des extraits des œuvres qui portent sur les thématiques abordées ici : « Les misérables » de Victor Hugo ou encore « L’enfant de la rue » de Philippe Makita. De même que la Déclaration des droits de l’enfant des Nations-Unies.

Evelyne Mpoudi Ngollé, 57 ans, est, depuis 2001, inspecteur général de pédagogie chargé des lettres, des arts et des langues au ministère des Enseignements secondaires. Elle est l’auteure d’un précédent roman qui, lui aussi, a figuré au programme scolaire : « Sous la cendre, le feu », paru en 1990 aux éditions L’Harmattan en France.

Stéphanie Dongmo

dimanche 1 août 2010

Le ministère de la Culture déménage bientôt


Tous ses services seront installés derrière l’ancien palais présidentiel, siège du Musée national.


Lundi, 26 juillet 2010 à Yaoundé. L’ancienne présidence de la République qui abrite le Musée national paraît, drapée dans une blancheur virginale. Dans la cour avant, des dizaines de cases traditionnelles ont été bâtis. C’est une exposition représentant l’architecture vernaculaire du Cameroun. Installée à l’occasion de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance, elle devra demeurer sur le site. A l’arrière de l’imposant bâtiment, un immeuble est en cours de construction. Mais impossible de le visiter. « Il vous faut une autorisation expresse du ministre », lance un vigile. Cependant, de source bien informée, l’on apprend que cet immeuble devra abriter, à terme, le ministère de la Culture et tous ses services actuellement éclatés à travers la ville.
Ces travaux rentrent dans le cadre d’une vaste campagne de rénovation des bâtiments abritant les services du ministère de la Culture : la Centrale de lecture publique, les Archives nationales et le Musée national, dont les travaux de réfection ont été lancés en 2009. Pourtant, le 15 juillet, il a temporairement été rouvert. C’était à l’occasion de la remise de huit objets d’art de l’Egypte ancienne par l’ambassadeur d’Egypte au Cameroun, Ibrahim Hafez. Par la suite, des usagers s’y sont rendus pour le visiter. D’où le communiqué du Ministre de la Culture, paru dans Le Jour le 26 juillet 2010. Ama Tutu Muna y indique « le Musée national reste toujours fermé pour cause de travaux en cours en vue de sa réhabilitation ». Elle ajoute que « le public sera tenu informé de la date de sa prochaine réouverture dès l’achèvement desdits travaux ».
46 millions Fcfa pour le Musée national
Créé par décret présidentiel en 1988, le Musée national est installé dans l’ancien palais présidentiel. Sa rénovation, pilotée par un comité créé à cet effet, consiste à l’inventaire des objets qui y sont conservés, la désinfection des lieux, l’arrimage du musée aux standards internationaux et la reconstruction de l’histoire de ce bâtiment chargé de symboles politiques. Budget de l’opération : 46 millions de Fcfa financés sur budget d’investissement public. Ama Tutu Muna l’avait annoncé ces travaux en novembre 2009, alors qu’elle défendait le budget du Mincult pour l’exercice 2010 devant la commission des Finances de l’Assemblée nationale. Sans toutefois avancer de délai. A cette occasion, elle avait aussi annoncé la construction de l’immeuble siège du ministère de la Culture.
Stéphanie Dongmo

Centre culturel camerounais : les travaux à l’arrêt


La Communauté urbaine de Yaoundé estime que la rénovation, lancée en décembre 2008, ne respecte pas les normes d’urbanisme.


Le Centre culturel camerounais (Ccc), situé non loin de l’échangeur à Nlongkak à Yaoundé, jure avec cette recherche du propre observé sur les bâtiments des services du ministère de la Culture. Lundi, 26 juillet, il est 13h. Des gravats de parpaings encombrent la cour. Une partie de la barrière a été détruite et sert désormais de passage, le portail étant fermé d’un gros cadenas rouillé. Un second portail donne accès à la salle de spectacle. Il porte les marques du temps. La peinture, posée en janvier 2009, est déjà écaillée par endroits. Trois hommes, dont le gardien, sont occupés à deviser sur la véranda. Aucun ouvrier en vue. Les travaux sont à l’arrêt depuis plus d’un an. Cependant, le gardien explique : « il y a les jours que les maçons viennent et les jours qu’ils ne viennent pas. Ils seront là peut-être la semaine prochaine ». Incertitude totale.

Une source au ministère de la Culture nous indique que la Communauté urbaine de Yaoundé (Cuy) a ordonné l’arrêt des travaux. Joint au téléphone mercredi 28 juillet, Arnaud Philippe Ndzana, directeur des services techniques à la Cuy, explique : « Le bâtiment ne respecte pas les normes d’urbanisme en vigueur dans la zone. Il était question que le ministère de la Culture obtienne un permis de bâtir et que le projet soit soumis à nos services compétents pour contrôle ». En attendant, les artistes de l’Ensemble national des arts et du spectacle (Ballet, Théâtre et Orchestre national), dont les répétitions se déroulaient au Ccc ont trouvé refuge à la Centrale de lecture publique.

C’est en 1960 que ce bâtiment colonial est devenu le Centre culturel camerounais. En décembre 2008, une cure de jouvence du bâtiment a été entreprise par l’entreprise Visa Longchamp, maître d’œuvre, avec un délai de trois mois.