jeudi 13 mai 2010

note de lecture: voyage au pays des merveilles

Dans son 1er recueil de nouvelles, Aimé Mathurin Moussy raconte des histoires surréalistes pour décrier les tares de la société camerounaise.

Le titre, « Le sorcier d’Obala », le laissait déjà présager. Sorcellerie, cannibalisme, homosexualité et autres étrangetés de la nature sont au rendez-vous dans ce recueil de nouvelles que vient de publier le journaliste de 43 ans, Aimé Mathurin Moussy, aux éditions l’Harmattan. Le livre de 171 pages nous plonge dans un monde fantastique, mystérieux et merveilleux digne d’Alice. Non pas celui en 3D du réalisateur américain Tim Burton, mais plutôt celui, original, de Lewiss Caroll.
La nouvelle « Iles perdues » est la plus surréaliste de toutes. Son personnage principal, Angouan, se retrouve dans une île perdue après un accident dont il est le seul survivant. Les habitants de cette terre, qui se font appelés les Bakokos, sont laids et effrayants: ils ont des yeux globuleux, mangent la chair humaine et boivent le sang des animaux. Depuis toujours, ils sont en guerre avec un autre peuple bizarre : les biafrais. Au cours d’une guerre, Angouang est poursuivi par un Biafrais, qui se révèle être Satan. Rattrapé, il découvre « un secret qu’aucun humain ne devrait chercher à connaître ».
« Le sorcier d’obala », ce n’est pas que des histoires abracadabrantes ou tristes. C’est aussi des histoires que l’auteur raconte avec beaucoup d’humour et de dérision. Que ce soit les épopées du dernier catéchiste d’Ozazip, grand coureur de prostituées devant l’Eternel ; les mensonges de cette reine du Nord qui veut rencontrer l’âme sœur sur Internet ; les réclames des vendeurs du marché Lagos ou encore ces habitants de Bamenda qui adressent de longs chapelets de remerciements au chef de l’Etat, car l’un des leur a gagné la loterie.
Les nouvelles d’Aimé Mathurin Moussy, si elles n’ont pas la même qualité, se suivent à un rythme effréné qui ne laisse aucun répit au lecteur. On y retrouve les voyages de l’auteur qui a parcouru le Cameroun de long en large, et un vocabulaire diversifié. On peut toutefois regretter le fait que certaines nouvelles n’ont pas d’intrigue, les sujets restent vagues, la narration trop rapide et le message flou. Il faut se donner la peine de lire chaque texte par deux fois pour en comprendre tout le sens, rendu complexe par la brume de mystérieux dans lequel les textes sont plongés, pour, enfin, avoir une autre lecture du monde dans lequel nous vivons.

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