jeudi 13 mai 2010

Jean Kamta : « Il faut que l’Etat nous aide à organiser notre profession »


Conseiller à l’Association des photographes indépendants du Cameroun (Apic), il parle des problèmes de leur corporation, à l’occasion d’un séminaire de formation organisé à Yaoundé.

Vous avez organisé, le 3 et 4 mai derniers à Yaoundé, un séminaire de formation des photographes. Pour quel objectif ?
Nous, photographes, en qualité d’auxiliaires de la presse, avons voulu nous retrouver pour commémorer la Journée internationale de la presse, en organisant un séminaire de formation de photographes. Ceci parce que nous avons constaté que beaucoup de nos collègues ne savent pas ce qu’est la photographie professionnelle. Il était donc question que nous qui avons plus l’expérience dans le métier leur entretenions sur les rouages du métier. Le séminaire portait sur l’art photographique, le droit d’auteur photographique et le droit à l’image. Nous avons eu, entre autres intervenants, le Pca de la Scaap, le Dr Christophe Seuna, titulaire de la Chaire Unesco et Martin Oba Nyatte, qui est enseignant de photographie et audiovisuel au Cfpa de la Crtv. C’est un séminaire qui a donné des notions concrètes de photographie aux participants.
Quel est l’état de la photographie au Cameroun ?
De nos jours, le photographe ne vit plus de son art, du moins pour ceux qui ont des studios photos. Le photographe professionnel n’a plus de travail. Prenez l’exemple des demi-photos qui sont fait dans des commissariats, à la police des frontières, où encore des organes de presse où les journalistes prennent eux-mêmes des photos… c’est un manque à gagner énorme pour nous. Sur le plan de la formation, nous n’avons pas encore, au Cameroun, d’école de formation. Aussi, les photographes sont-ils formés sur le tas. Sur le plan de la technique, les choses battent encore de l’aile. On navigue entre l’appareil photo manuel et le numérique qui, il faut le souligner, coûte cher pour le photographe camerounais. Cependant, il est important de dire que ce n’est pas l’appareil qui fait la photo, mais c’est son utilisation. Un appareil peut ne pas être performant mais faire des photos parlantes. Par ailleurs, les problèmes des photographes professionnels sont nombreux : les gens ne respectent pas les photographes à leur juste valeur, nous sommes méprisés, incompris. Les photographes eux-mêmes sont quelque peu ignorants.
Aujourd’hui, l’appareil photo s’est démocratisé, au point où beaucoup de gens en possèdent un. Finalement, qui est photographe et qui ne l’est pas ?
C’est un fourre-tout. C’est pourquoi l’Apic demande au gouvernement de nous aider à organiser notre métier. Cela devra passer par l’établissement d’un fichier national des photographes qui sera reconnu par l’Etat. A partir de ce fichier, des badges professionnels seront établis, ce qui permettra de décanter la profession. Tout le monde se passe pour un photographe, même avec un téléphone portable.
Quel est l’avenir de la photographie au Cameroun ?
L’avenir, comme dans tout métier auquel on croit, est prometteur. Il y a une nouvelle génération de photographes qui aspirent au professionnalisme, pour laisser des images d’aujourd’hui aux prochaines générations.
Quels sont les missions de l’Apic ?
L’association des photographes indépendants du Cameroun est ouverte à tout photographe. Créée en 2009, elle compte actuellement 60 membres. L’Apic a pour mission de défendre les intérêts de notre corporation. Nous avons aussi l’ambition de créer une boutique photographique où des photographes pourraient acheter leur matériel à une somme modique.

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