La
1ère édition du Festival du film de Masuku s’est déroulée du 15 au
17 août dernier à Franceville, en partenariat avec le Cinéma Numérique Ambulant
du Cameroun.
En blanc, Nadine Otsobogo, déléguée générale du festival et à gauche, Valérie Tchuente, animatrice au CNA Cameroun |
Perché sur les
hauteurs, en plein cœur d’une forêt luxuriante, Franceville est le chef-lieu de
la province du Haut-Ogooué, au sud du Gabon. C’est dans cette ville que le défunt
président Omar Bongo Ondimba repose depuis juin 2009. C’est aussi là que le
film « Obali » (Pierre
Marie Dong et Charles Mensah, 1976), devenu un classique du cinéma gabonais, a
été tourné. C’est enfin ici que Nadine Otsobogo, réalisatrice et chef
maquilleuse, a choisi de loger la 1ère édition du Festival du film
de Masuku dont elle est la déléguée générale. Ce festival vient réhabiliter le
nom « Masuku » que portait la ville avant que l’explorateur Pierre
Savorgnan de Brazza ne la rebaptise en 1880. Un acte symbolique en cette année
où le Gabon célèbre ses 50 ans de cinéma.
« Ce
festival est un challenge pour nous», a déclaré Nadine
Otsobogo à la soirée d’ouverture le 15 août, en présence du gouverneur du
Haut-Ogooué et du maire de Franceville. Comme c’est le cas dans beaucoup de
pays d’Afrique subsaharienne, le cinéma souffre au Gabon d’un manque de moyens
financiers, d’une absence de canaux de diffusion et de la désaffection du
public. Dans ce contexte, partir de Libreville, la capitale, pour organiser un
festival à près de 800 km dans la forêt est une gageure. Le Festival du film de
Masuku est le second festival de cinéma du Gabon après Les escales
documentaires instituées à Libreville par le feu Charles Mensah.
Le public attentif |
Pour cette première
édition, l’évènement cherchait encore ses marques. Il n’y a pas eu d’appel à
film et une seule projection en salle. Le reste des projections s’est fait en
plein air avec l’expertise technique du Cinéma Numérique Ambulant (CNA) du
Cameroun qui a effectué pour l’occasion 12 000 km entre Yaoundé et
Franceville. Des projections ont donc eu lieu sur le parvis de l’église saint
Hilaire et à Potos, quartier chaud de Franceville. Le public, timide au début à
cause d’une communication insuffisante, a progressivement pris goût à la chose.
Le 17 août, pour la dernière soirée du festival, le public a dû choisir entre
les feux d’artifice sur la Place de l’indépendance, à l’occasion de la fête
nationale du Gabon, et le cinéma en plein air. Le festival s’en est tiré avec
une cinquantaine de spectateurs.
Sur la timidité du
public, Nadine Otsobogo se veut rassurante : « le public africain, gabonais ou d’ailleurs, est toujours timide
au départ. Ce qu’on amène c’est nouveau. On savait qu’on n’allait pas avoir 600
mais on a voulu faire une édition test, savoir si ça intéresse les gens de voir
des films en plein air. Les gens sont venus et ont posé des questions. Et
c’était notre but : amener les gens à se poser les questions sur la culture et
le cinéma, sur la nature et la biodiversité». Henri Joseph Koumba Bididi,
dont le film « Le collier du
makoko » a remporté l’unique prix du festival, le prix du public,
abonde dans le même sens : « Au
Gabon, la culture n’est pas la chose la mieux partagée. Quand dix personnes se
réunissent autour d’un film, il faut déjà dire merci ».
A l’affiche, plusieurs
films négociés directement par l’équipe du festival ou puisé dans le catalogue
du CNA : les films gabonais « Gozambolowi »
de Imunga Ivanga, « Dialemi »
de Nadine Otsobogo et « Le collier
du makoko » de Henri Joseph Koumba Bididi. De même que « Le silence de la forêt » du
Centrafricain Didier Ouénangaré et du Camerounais Bassek Ba Kobhio, « Ceux de la colline » du
Suisse Berni Goldblat, tourné au Burkina Faso, et « Pour le meilleur et pour l’oignon » du Nigérien Sani
Magori. Des œuvres qui, d’une manière ou d’une autre, mettent en avant les
paysages pour coller au thème du festival qui était « Nature et environnement ». Quoi de plus normal dans un
pays recouvert à 75% de forêt ? Cette
édition était d’ailleurs parrainée par
le ministre sénégalais de l’Environnement, Haïdar El Ali.
Une vue de l'assistance |
Sur les raisons qui
l’ont poussé à créer un festival, Nadine Otsobogo est intarissable : « J’ai toujours voulu partager le
cinéma. L’impulsion aussi a été le prix au Fespaco [Dialemi a été sacré
Poulain de bronze au Fespaco 2013, Ndlr],
ça a confirmé que je devais absolument faire quelque chose au Gabon. Ce qui
était très important par rapport aux films c’était de travailler avec le Cinéma
Numérique Ambulant. On peut montrer aux gens que le cinéma se projette dans les
salles mais est aussi proche du public. Et cette structure-là me plaisait, me
parlait et m’interpellait. On voulait quelque chose de proche. Ce que nous
défendons c’est la culture pour tous et le Cinéma numérique ambulant était déjà
dans cette ligne-là ».
Le festival du film de
Masuku devra être annuel et, à la longue, itinérant. En attendant, Nadine Ostobogo annonce dès la prochaine
édition un marché du film, où les Dvd des films diffusés seront vendus. Une
demande du public qui n’a eu de cesse de s’interroger sur l’accès aux films
après le festival. Le festival du film de Masuku est aujourd’hui une graine. Le
souhait formulé par Koumba Bididi est qu’il devienne demain un arbre.
Stéphanie
Dongmo, à Franceville
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