L’Association nationale des aveugles utilisateurs de matériel
informatique a organisé la projection d’un film en audiodescription le 7
septembre, à l'intention des personnes malvoyantes et malentendantes.
Au cours de la projection du film audio décrit |
Selon la Fondation
internationale de l'œil, il y a près de 45 millions d'aveugles dans le monde,
dont la majorité se trouve en Afrique. Au Cameroun, les enquêtes réalisées par
le Comité national de lutte contre la cécité (CNLC) en 2005 font état d'environ
640 000 personnes déficientes visuelles, parmi lesquelles 180 000 aveugles et
480 000 malvoyants. Une population qui est généralement exclue des arts et de
la culture, et particulièrement du cinéma.
C’est fort de ce constat amer que
l’Association nationale des aveugles utilisateurs de matériel informatique du
Cameroun (Anaumic) a organisé la projection publique d’un film en
audiodescription à l’intention des personnes souffrant de déficience visuelle
ou auditive. C’était le 7 septembre à l’hôtel Djeuga palace à Yaoundé, avec l’appui
technique du Cinéma Numérique Ambulant (CNA) du Cameroun.
L’audiodescription est un
ensemble de techniques qui permettent de rendre des films, des spectacles ou
des expositions accessibles aux personnes aveugles ou malvoyantes grâce à un
texte en voix off qui décrit les éléments visuels de l'œuvre. Le film « No et moi » de la
réalisatrice française Zabou Breitman, mis à la disposition de l’Anaumic par la
Fondation Valentin Haüy, a été diffusé en présence d’une centaine de personnes.
Il raconte l'amitié entre une adolescente surdouée et une jeune sans-abri
délurée. La particularité ici est que le film, tournée en français, est
également sous-titré en français. Une voix off décrit les couleurs, le temps qu’il
fait, les gestes, les regards, bref, tout ce qui ne rentre pas dans les
dialogues et qui est nécessaire pour comprendre le film.
A la fin de la projection,
Lionel Tchuente, secrétaire général de l’Anaumic, a dit sa satisfaction : « le film était poignant et accessible, on a été
capable de la découvrir entièrement, sans se perdre ». Même son de
cloche chez Martine Mengue, une malvoyante : « je suis passionnée de cinéma et à la maison, je suis souvent frustrée
de ne pas comprendre tout le film. Là, je suis très touchée d’avoir assisté à
cette projection d’un film audio décrit, j’espère que j’aurais d’autres
occasions de le faire ».
Un souhait que l’Anaumic espère
réaliser. Daniel Kegni Tiomo, son président, explique : « le but de cette projection était de
présenter les innovation faites dans le domaine du cinéma accessible aux
aveugles. Grâce aux nouvelles technologies, l’Anaumic travaille à renforcer les
capacités des déficients visuels. Nous allons tout mettre en œuvre pour
organier une autre projection de ce genre ». Créée en 2008, l’Anaumic a
pour ambition de vulgariser l’audiodescription et de promouvoir l’approche
handicap visuel dans les arts et la culture au Cameroun. Pour que les non-voyants
deviennent des cinéphiles et un public potentiel pour le cinéma camerounais.
Stéphanie Dongmo
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