Le Centre culturel français vient de produire « Un taxi pour Yaoundé », une compilation de 22 chansons.
C’est le mot de bienvenu de Thierry Olemba, le spécialiste du « human beat box » (batterie buccale), qui introduit la compilation de musique baptisée « Un taxi pour Yaoundé », que vient de réaliser le Centre culturel français (Ccf) de la ville. Sur la pochette du Cd, on peut voir un véhicule jaune traverser la ville cahin caha, avec la malle arrière pleine à craquer d’objets divers, parmi lesquels un balafon. Au loin, le dôme de la cathédrale et le monument de la Réunification nous indiquent que nous sommes bien à Yaoundé, la capitale. A bord de ce taxi, le mélomane parcourt les coins chauds et autres lieux de fabrique des artistes de la capitale : cabarets, bars, radios.
Ici, Larry Fon, le chansonnier venu de Kumba, est contraint de parler le français pour conquérir le cœur d’une belle. Là, la diva du bikutsi, la sulfureuse K-Tino, loue le « 7ème ciel » qui lui donne tout : le sourire, à manger et des enfants. Arrêt obligatoire, l’immortel chanson « Essingan » des Têtes Brûlées. Le directeur artistique du groupe, Jean-Marie Ahanda, plus connu aujourd’hui comme peintre, explique qu’avec l’entrée en force des femmes dans le bikutsi, les textes ne sont plus à double-sens. Or, « c’est ça qui est, en réalité, le fondement de notre création».
Si les beaux jours de l’assiko sont derrière lui, le rythme n’est cependant pas mort. A son chevet, pour le maintenir en vie, le doyen Jean Bikoko Aladin. Mais aussi Kon Mbogol qui raconte d’ailleurs « l’assiko story ». D’après ses explications, le rythme est né du flamenco espagnol. La « génération jeune » apporte aussi sa contribution de musiques urbaines dans cet album: Valséro, MH Tchoko, Otu Bala Jah, Krotal, Jah Missa en featuring avec Bams, Bashiru et José Lenga.
La compilation qui regroupe 22 artistes a été réalisée par Vladimir Cagniolari, producteur et animateur à France Inter. C’est, en définitive, un melting-pot de chansons qu’il dit de la capitale. Ce qui en exclut celles du Littoral par exemple, et donc l’incontournable makossa, tout en faisant une curieuse exception de l’assiko. « Un taxi pour Yaoundé » essaie aussi maladroitement d’enfermer des artistes dans la ville aux sept collines, comme si une musique n’appartenait qu’à la ville qui l’a produite. Vladimir Cagniolari a passé dix jours à Yaoundé pour la réaliser. Et il en a entendu, des chansons, car Yaoundé tout entier regorge d’une multitude de talents divers dont les musiques bercent son quotidien. : « dans cet inextricable foisonnement de sons, d’instruments et de rythmes, impossible de tout percevoir, de tout repérer et de tout rendre », explique-t-il dans le livret qui accompagne l’album.