C’est une joie qui ne sait comment s’exprimer, un plaisir qui ne sait comment s’extasier, un bonheur qui ne sait comment exploser. Cameroonian Touch.2. L’exposition étrennée vendredi dernier chez Doual’art, a quelque chose de magique et donne la chair de poule. Camerounian Touch.2. Rien de nouveau, pourtant. Le centre d’art contemporain a mis ensemble quelques travaux d’une partie de la crème des arts plastiques au Cameroun.
Toutes ces œuvres, on les connaît. On les a vues ça et là depuis quelques années, à la faveur d’expositions individuelles de leurs auteurs. Seulement, mises ensemble et dans une scénographie bien étudiée… Oulala ! Pardon pour cette émotion qui ne nous quitte pas. C’est que le meilleur est vraiment là, dans cette Cameroonian Touch.2. La touche camerounaise, en effet. Une touche illustrative de ce que le Cameroun est, à travers ses artistes plasticiens. N’est-ce pas un peu, d’ailleurs, ce que le fameux Lionel Manga soutenait dans son livre « L’ivresse du papillon » (Artistafrica, 2008) ? Tous ces beaux, toutes ces beautés, dans très peu de mètres carrés, révèlent bien l’état et les états d’esprit d’un pays, de ses hommes et femmes. Mais aussi les tendances d’une création, dont la première caractéristique réside au moins dans sa diversité.
Il faut bien se souvenir qu’au Cameroun, il n’y a jamais vraiment eu d’école de beaux arts. Chacun s’est aussi fait comme ça, dirait-on dans l’argot commun de nos villes. Du coup, il n’est pas possible de cataloguer notre création plastique, de la reconnaître, de l’étiqueter. Plurielle. Figurative. Débrouillarde. Multiforme. Ethérée. Eclectique. Eclatée. Aisée. Abstraite. Industrieuse. Interrogative. Philosophique… Impossible n’est pas camerounais, il faut s’en souvenir. Non, non, non, rien à voir avec le foot. Et surtout pas par ces temps de « bérézina vuvuzelique ».
Cameroonian Touch.2. Les racines, ça compte. Chacun vient de quelque part, et Joseph-Francis Sumegne, généralement porté sur la grandeur nature, ressort ses indémodables « Neuf notables ». L’ancrage dans les traditions dont le sort explique tant de choses aujourd’hui encore. Koko Komegne ne démentirait pas, lui dont le travail, depuis toujours, est au service de l’homme. Anthropomorphe, comme il aime à dire. Ces vieux de la vieille ouvrent les bras aux générations suivantes. Nzante Spee, Joël Mpah Dooh, Goddy Leye, Salifou Lindou, Pascale Marthine Tayou, Malam, Hervé Yamguen, Achillekà. Ces générations-là sont les plus audacieuses, les plus ingénieuses, les plus ouvertes. Celles qui ont embrassé tous les supports et matières : peinture, sculpture, performance, vidéo, photographie, installation, tôles, bois, terre, caoutchouc, etc. Celles qui ont créé avec ce qu’il y avait dans un environnement où il n’y a rien. Celles-là récupèrent, détournent, recyclent. Mais il y a aussi celles qui refusent l’excuse rebattue du « on-va-faire-comment » et manipulent des matières quasi opulentes. Plexiglas. Mais toutes rêvent et nous entraînent dans leur sommeil. Ça va durer jusqu’au 18 septembre 2010. Et pour une fois, le réveil ne sera pas douloureux. Beauté !
Stéphane Tchakam (article paru dans Le Jour)
Du courage Stéphanie pour cette initiative louable et ne désarme pas. Des bonnes informations à la portée de tous.
RépondreSupprimerJean Ngabana