jeudi 13 janvier 2011

Cinéma: Pour en finir avec la justice populaire


C'est l'appel de "Sentence criminelle", un film de Prince Dubois Onana qui a été projeté le 8 janvier à Ngaoundéré, à l’ouverture du Festival international du film mixte.


Le film de 86 minutes commence comme un documentaire. Pour planter le décor, Prince Dubois Onana, le réalisateur, raconte la justice parallèle que les populations camerounaises ont adoptée pour faire face au banditisme grandissant, tout en remettant en cause sa finalité. La fiction peut alors commencer, portée honorablement par Alain Bomo Bomo dans le rôle de Snake et Toni Bath qui joue Sam.

«Sentence criminelle», projeté samedi 8 janvier, en ouvertrure du festival international du film mixte de Ngaoundéré, raconte l'histoire d’une jeune fille, Sam, fiancée à Isamël, un footballeur en devenir. Elle rejette les avances de Snake, le chef d’un gang qui sème la terreur dans le quartier. Furieux, celui-ci monte un coup pour faire accuser Ismaël de vol et le faire lyncher par les populations. Sam décide de se venger et assassine Snake et sa bande dans un scénario digne d’un film hollywoodien. Mais voilà. La scène qui satisfait le public révolté par l’assassinat du footballeur, a seulement été rêvée par Sam. La police finit par mettre la main sur les malfrats. Mais Snake sera libéré à la demande de son oncle ministre.

Le film est riche en rebondissements. Certaines scènes sont poignantes, comme la mise à mort d’Ismaël. Après l’avoir battu à mort, les populations déchaînées ont empilé sur lui des pneus qu’elles ont arrosé d’essence avant d’y mettre le feu. Le maquillage a réussi à donner une image de peau brûlée, avec des morceaux entiers de chair rouge qui tombent en lambeaux. Horrible. Etreignant. Angoissant. La musique de Corry Denguemo, un long cri de lamentation, ajoute à ces sentiments.

Le film, tourné en français et sous-titré en anglais, est saisissant de réalisme, et ce réalisme se joue sur des détails. Comme le portrait encadré de Paul Biya, le président de la République, placé bien en vue dans le bureau du commissaire. Comme la torture à laquelle les policiers ont recours pour extorquer des aveux à de criminels.

«Sentence criminelle» aurait pu s’achever sur la vengeance de Sam. Mais le réalisateur a voulu déjouer le spectateur pour ajouter au suspens. Conséquence, le film a perdu en clarté, car le message principal se retouve dilué dans une floppée d’autres thèmes comme le trafic d’influence. Au final, on retient que la population, qui croyait se protéger du vol, de victime, est devenue bourreau. Le film a été tourné entre 2005 et 2006, au moment où le gouvernement décidait de lutter contre la vindicte populaire, avec des résultats mitigés.
«Sentence criminelle» vient de sortir en Dvd et est vendu au prix de 5000Fcfa.

Stéphanie Dongmo

Fiche technique

Titre : Sentence criminelle
Avec : Toni Bath, Alain Bomo Bomo, Etienne Eben…
Réalisateur : Prince Dubois Onana
Sortie : 2007
Genre : drame
Type : fiction
Durée : 86 min

1 commentaire:

  1. J'ai découvert ton blog il y a pas longtemps et il est très intéressant.
    Tes articles sont très bien structurés et je souhaite beaucoup de courage pour la suite.
    As-tu une idée de comment je peux me procurer le DVD de ce film en France?il paraît très intéressant en plus Alain Bomo Bomo que j'apprécie particulièrement est un des acteurs.

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