mercredi 9 février 2011

Laminou Tilimdo : Cinéaste touche-à-tout


Scénariste, acteur, réalisateur, monteur et producteur autodidacte âgé de 39 ans, il compte une dizaine de films distribués dans le grand Nord.

« Soureyya » (52mn, 2010), un film de Laminou Tilimdo projeté au Festival international du film mixte de Ngaoundéré en janvier 2011, a été récompense du 1er Prix du court-métrage. Acclamé par le public, ce film tourné en français est le dernier de la longue liste d'œuvres réalisées par le jeune autodidacte de 39 ans, qui cumule toutes les casquettes de la chaîne de production d'un film : scénariste, acteur, réalisateur, monteur, producteur et bientôt distributeur.

D'aussi loin qu'il se souvienne, Laminou Tilimdo a toujours rêvé de faire du cinéma. En 1998, il intègre une association d'artistes de l'Adamaoua. Ensemble, ils se lancent dans la production des films en fufuldé: "Yaadou bee dabare" et "Wada wasmita" sortent la même année. C'est le début de la carrière de réalisateur et de monteur de Laminou Tilimdo. Mais le jeune homme voit grand. Il écrit, réalise et produit "Sey gedal" en 2003 et "Alkawal" en 2004. Sortis en Dvd et Vcd, les films sont distribués via les boutiques de Ngaoundéré. Aussitôt piratés, on les retrouve dans les principales villes de l'Adamaoua, du Nord et de l'Extrême-Nord, et jusqu'à N'Djamena, au Tchad. Si l'argent ne rentre pas, Laminou Tilimdo, et surtout, les acteurs de ses films, acquièrent de la notoriété auprès du public.

En 2005, Laminou Tilimbdo écrit, joue, réalise et monte le film "Mal Djamba", tourné en trois parties de 60mn en fufuldé et sous-titré en français. "Les films en langues locales sont très bien accueillis par le public. Mais je veux donner une chance à mes films de s'exporter au-delà du grand Nord", explique-t-il. Le film, bien que vendu à 1000Fcfa, est piraté. "Les distributeurs sont les premiers pirates. De plus, ils ne reversent pas toujours l'argent des Cd vendus", se plaint Laminou Tilimdo.

En 2008, le cinéaste pluriel écrit, réalise et produit "Djannatou" et en 2009 "Djoonde Douniya". Echaudé par la piraterie, il se garde bien de les sortir en Dvd. Mais le problème de fond demeure. "Il faut trouver comment récupérer les dépenses engagées dans la production d'un film. Puisqu'il n'y a pas de salles de cinéma, nous sommes en train de réfléchir à une nouvelle forme de distribution. Je vais relancer la production des films en home video quand j'aurais mis sur pied un réseau de distribution personnel", prévient-il.

Laminou Tilimdo fait face au manque de financements: "Il n'y a pas de mécène, ni de sponsor; les distributeurs ne sont pas fiables; il n'y a pas de diffuseur ; aucune salle de cinéma". Pourtant, il en est sûr, "nous avons le potentiel. Ce qui nous manque c'est un cadre qui permette une bonne définition des rôles. Car, il n'est pas sain d'être à la fois acteur, scénariste, réalisateur, monteur, producteur. C'est dangereux, à la limite, car, on n'a que son regard qui n'est pas forcément critique pour ses oeuvres", déplore-t-il.

Stéphanie Dongmo



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