dimanche 3 juillet 2011

Cinéma : Dans le chaos de la corruption


«Un pas en avant...», le film du Béninois Sylvestre Amoussou, projeté aux derniers Écrans noirs, dénonce ce fléau.

Pour son jeu décalé et plein d'humour dans «Un pas en avant, les dessous de la corruption», le Béninois Sylvestre Amoussou, réalisateur et acteur principal du film, a été récompensé du prix de la meilleure interprétation aux Écrans noirs 2011. Son jeu d'acteur est ainsi distingué pour la troisième fois dans un festival, après le Fespaco à Ouagadougou et le Festicab à Bujumbura, cette année. Le film sorti en 2010 a été tourné à Porto-Novo, la capitale du Bénin. Son personnage principal, Koffi, est un vendeur de fruits et légumes sans problème qui gère son épicerie avec l'aide de sa femme. Jusqu'au jour où son frère jumeau, Aboubacar, un transporteur, disparaît mystérieusement.

Inquiet, Koffi se lance à sa recherche. Patiemment, obstinément, il va reconstituer l'emploi du temps d'Aboubacar, le jour de sa disparition. Au passage et bien malgré lui, il va découvrir un réseau de détournement de l'aide humanitaire envoyée par la France à ce pays d'Afrique. Les espions sont partout, les corrompus et les corrupteurs aussi. Et ils sont prêts à tout pour étouffer l'affaire. Heureusement, il y a encore quelques personnes de bonne moralité qui vont soutenir Koffi dans sa recherche de la vérité. Les journalistes s'emparent de l'affaire. Mais «les journalistes aboient, la caravane passe». Il faudra l'intervention de la justice pour inquiéter les coupables. Koffi devient une personne ressource qu'on photographie et qu'on interviewe. Il donne son avis sur tout, notamment sur la corruption. «Y en a marre de la corruption». Cette phrase devient son slogan et il appelle tout le monde à faire «un pas en avant» pour combattre le fléau.

Sylvestre Amoussou a fait jouer des acteurs de renom comme Thierry Desroses, Fatou Ndiaye Rokhaya Niang, Dieudonné Kabongo, pour un coût total de la production estimé à 1,350 milliard Fcfa. Le film, qui n'est «ni politique, ni didactique», ne fait pas de grande révélation sur «les dessous de la corruption» annoncés. Il se contente de dénoncer le phénomène, avec, du reste, beaucoup d'humour et de dérision. «Je ne pense pas qu'un film puisse changer le monde. Un film n'est rien d'autre qu'une bulle en couleurs qui brille un instant», explique le réalisateur de «Africa paradise» (2005). Mais cet instant, aussi bref soit-il, est déjà en soi un pas en avant.

Stéphanie Dongmo


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