dimanche 24 juillet 2011

Deneuve Djobong : Entre le cinéma et le théâtre, son cœur balance

L'actrice qui s'est depuis peu lancée dans le théâtre est la seule femme distinguée du 3ème prix de la mise en scène à l'issue d'un concours organisé par l'Institut Goethe de Yaoundé.

Actrice, comédienne et metteur en scène. C'est sous ce triptyque que se définit Deneuve Djobong. Sous cette dernière casquette, elle a été distinguée à l'issue d'un concours de mise en scène organisé par l'Institut Goethe de Yaoundé, dans le cadre de la célébration de ses 50 ans au Cameroun, autour de la pièce de théâtre intitulée «Iphigénie en Tauride» de Johann Wolfgang von Goethe. La jeune femme de 35 ans a reçu le 3ème prix derrière Elvis Bvouma et Junior Esseba. Avec 100 000Fcfa à la clé. «J'étais réticente à postuler au départ, vu la modicité du prix à gagner. Mais j'ai compris que l'argent n'était pas tout », dit-elle. Sur cette pièce dont seulement 15 minutes ont été mises en scène, Deneuve Djobong a joué aux côtés de Joseph Wamba et Gabriel Fomogne, la régie étant assurée par Maurice Essomba.
Deneuve Djobong est passé par le cinéma avant d'arriver au théâtre. En 1996, elle fait une entrée remarquée dans le 7ème art par un rôle dans le film « Les cercles du pouvoir » de Daniel Kamwa. Suivra « Fragments de vie » de François Woukoache en 1999, où elle tient le premier rôle. Son père qui, jusqu'alors, regardait d'un œil méfiant cette activité, lui exprime son mécontentement. Motif : Deneuve apparaît nue dans une scène du film. Clash. Entre la maison familiale et le cinéma, elle choisit le second. D'autant plus que le métier lui sourit. Les séries suivent. On la voit dans « Just for fun », « Le revenant » et « Monsieur et madame sous mon toit ». Après quoi, elle joue dans « La déchirure I » d'Alphonse Beni en 2005 et « Confidences » de Cyrille Masso en 2006 . Et depuis, plus rien. 
Passage à vide 
« Le cinéma me déçoit parce qu'il n'y a pas beaucoup de productions au Cameroun », dit l'actrice. Pour combler ce passage à vide, Deneuve Djobong a lancé sa propre compagnie de théâtre baptisée « Art en 2000 ». La compagnie a joué des pièces qu'elle affiche dans son palmarès: « Stade de la liberté » de Israël Tsipamba, « Ubu roi » de Alfred Jarry et « L'histoire d'amour de Roméo et Juliette » de Philippe Car. Après une formation de metteur en scène pendant 3 ans à Tunis, Deneuve Djobong s'est elle-même lancée dans la mise en scène. Elle a ainsi réalisé « Cannibal », écrit par José Phiya, et « La femme du blanchisseur ». « Le théâtre m'a fait énormément voyagé. Le théâtre m'a aussi payé plus que le cinéma, même s'il demande plus d'énergie », compare-t-elle.
Elle déplore, de fait, la situation précaire des acteurs au Cameroun : « En l'absence d'un salaire minimum, ils sont mal payés. Or, je ne peux pas vivre sans ce métier, c'est la seule chose que je sache faire », dit celle qui a abandonné ses études après le probatoire en 1996, pour répondre à l'appel du cinéma. A l'époque, la jeune Deneuve Djobong rêve de ressembler à Julia Roberts. « Mon père m'a appelée Deneuve, comme l'actrice française Cathérine Deneuve, qu'il aimait beaucoup. Enceinte de moi, ma mère a ressenti les premières contractions alors qu'elle regardait un film au cinéma Le Febé, à Mokolo », raconte-t-elle. Des signes qui confortent sa conviction, aujourd'hui encore, que son destin se trouve dans le cinéma.
Mais Deneuve, qui attend un rôle au cinéma depuis 5 ans, ne veut plus attendre. Prenant les devants, elle prépare un projet qu'elle a baptisé « N'a rien ». Il s'agit de réunir les professionnels du cinéma (scénariste, réalisateur, acteurs, cameramen, producteur, cameraman, monteur...) qui acceptent de travailler gratuitement à la réalisation de films à petit budget, en se cotisant, si nécessaire. Le premier film qui sortira de cette association deviendra un capital à vendre, pour pouvoir faire d'autres films dans le même calibre, sans que les professionnels réunis déboursent encore de l'argent. « Si on travaille dur, on va réussir », affirme Deneuve Djobong, avec un étonnant optimisme.
Stéphanie Dongmo


1 commentaire:

  1. Votre blog traite de la culture. Une suffisante raison pour que je le regarde. Aujourd’hui, j’admire la détermination de Deneuve Djobong. Elle me fait penser à un ami, Joseph MOMO; comédien et un passionné du cinéma. Il a toujours un projet, mais peu soutenu. Heureusement en tout, il y a toujours une solution pour ce qu’on aime et veut réussir.
    La solution d'une mutualisations des moyens que préconise Deneuve Djobong est une solution parmi d'autres à encourager. Et ce blog devient un lieu pour dire son projet et sa détermination à créer, interpeller et inciter les mécènes à investir dans le cinéma camerounais. C'est, en tout cas, ce que j'y vois.

    RépondreSupprimer