C’est ce qui ressort du Baromètre des médias camerounais 2011, publié par la Fondation Friedrich Ebert et présenté le 25 novembre à Yaoundé.
La 2ème édition camerounaise du Baromètre des médias africains (Bma) 2011 a été présentée hier à Yaoundé par la Fondation allemande Friedrich Ebert Stiftung, trois ans après le premier. Ce document est « une analyse qui permet d’évaluer l’environnement médiatique d’un pays tout en servant d’instrument de lobbying pour les réformes dans le secteur des médias ». Pour ce travail, 10 panélistes issus des médias et de la société civile se sont réunis les 9 au 10 avril 2011 à Ebolowa. Le rapport de 114 pages, en français et en anglais, est le résultat synthétisé de leurs analyses sur quatre secteurs de médias au Cameroun.
Sur la liberté de la communication
Pour ce secteur, le Baromètre attribue la note de 2,6/5. Il en ressort que même si la Constitution et d’autres lois protègent la liberté de la presse, il existe des lois excessives sur les secrets d’Etat et les délits de presse. L’accord de Florence n’est pas appliqué, l’autorité administrative peut refuser de délivrer le reçu de déclaration d’un organe de presse et l’obtention de la carte de presse reste laborieuse. Par ailleurs, les sources d’information ne sont pas assez protégées et l’information publique n’est pas accessible à tous. De plus, « le gouvernement essaie de filtrer le contenu des sites web ».
Sur le paysage médiatique
Ici, la note est de 2,6/5. Le Baromètre des médias pose que le champ de diffusion de la presse est restreint, dû en partie au monopole de Messapresse. Autre problème : l’indépendance de la presse est très faible, face à l’ingérence politique abusive. Le problème se pose avec acuité dans les médias publics, où les journalistes sont obligés de s’auto-censurer. Par ailleurs, le gouvernement utilise son pouvoir sur l’attribution des contrats publicitaires pour influencer le contenu éditorial, et ne promeut pas un environnement favorable à la viabilité et à l’indépendance des organes de presse : le montant de l’aide à la communication est dérisoire.
Sur l’audiovisuel public
Note : 2/5. D’après le Bma, le Cameroun ne possède pas un organe de régulation indépendant mais un Conseil national de la communication choisi par l’Etat. L’intégrité du diffuseur public qu’est la Crtv n’est pas protégée contre les ingérences arbitraires dans son budget. De plus, il n’est pas toujours accessible dans les zones reculées et ne fournit pas toujours des informations équilibrées.
Sur l’éthique professionnelle
La note est de 2,4/5. « Le Cameroun regorge de journaux qui ne se plient pas aux lois d’éthiques fondamentales », dit le Baromètre, et le traitement de l’information n’obéit pas souvent aux principes d’exactitude et d’impartialité. Par ailleurs, il existe peu de vraies entreprises de presse. Plus grave, les journalistes et les organes de presse sont corrompus, qu’ils soient du secteur public ou privé. Les conditions générales de travail et de vie des journalistes sont mauvaises, la convention collective n’étant pas appliquée.
Conclusion
Au final, le Baromètre camerounais des médias africains indique que depuis 2008, « les attaques envers les journalistes ou les médias ont augmenté (et) le gouvernement semble plus enclin à intensifier des mesures sévères ». Par ailleurs, l’éthique s’est étiolée et les organisations des journalistes se sont multipliées, tout est restant incorrectement structurés. Une bonne nouvelle cependant, il existe plus de structures de formation en journalisme. La perspective souhaitée par cette analyse est « l’élimination de la diffamation criminelle ».
Stéphanie Dongmo
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