Le film de Dieudonné Nadi Nana, projeté en avant-première le 18 novembre 2011 à Yaoundé, est un appel à l'unité familiale desservi par la technique.
Vendredi 18 novembre 2011 à Yaoundé. Nadi Nana (au centre en chemise bleue) pose avec l'équipe de "Deuxième bureau" |
C'est un drame familial, comme on en vit trop souvent dans notre société. Après 20 ans de vie commune, un homme délaisse sa femme et ses enfants pour s'attacher à sa maîtresse, son « deuxième bureau », selon une expression populaire répandue au Cameroun et qui donne son titre au film. Mais « dehors », tout n'est pas aussi rose qu'on pourrait le croire. D'autant moins que l'avenir réserve souvent bien des surprises.
Scénariste, réalisateur et producteur de « Deuxième bureau », Dieudonné Nadi Nana sensibilise sur le « viens on reste » (le concubinage), le rôle central du père dans la famille et la fidélité dans le couple. Pour ce troisième long métrage fiction qu'il signe, Nadi Nana ne s'est pas éloigné du cinéma d'intervention sociale qui caractérise ses deux premiers films : « La Première fois » en 2007 et « Adieu manqué » en 2009. Des projets financés par la coopération allemande (Giz) au Cameroun, pour mettre en lumière les dangers de l'avortement. Mais cette fois, la cause noble qu'il défend est desservie par la technique. Et le jeu juste des acteurs principaux, Rosalie Essindi (Marcelline) et Ali Mvondo (Obama), n'arrive pas à rattraper les failles.
Dès la première scène qui se déroule dans un chantier, le bruit de la pelle qui couvre la conversation des personnages annonce le difficile équilibrage du son, tout au long des 2h05 que dure le film. Plusieurs fois, le son off et la musique d'écran, mis en place pour renforcer le sens de la scène et représenter l'environnement de l'action, finissent par étouffer les dialogues. Et le volume des éléments sonores, qui manque de constance, créé un effet désagréable. Par ailleurs, des scènes inintéressantes ont été introduites dans le film pour servir les besoins de la publicité. Des noms d'établissements commerciaux ayant soutenu la production y font des apparitions flagrantes.
Le rythme de la narration, facilité par un montage parallèle et progressif, est perturbé lorsqu'après une bagarre entre la femme délaissée et l'homme infidèle, Marcelline a le temps d'aller à l'hôpital le lendemain, de guérir de ses blessures et même de rencontrer son ancien copain revenu d'Europe. C'est seulement après cela que le film montre Obama qui, supposé avoir battu sa compagne la veille, arrive chez sa maîtresse. Autre problème : Marcelline va au marché en tenue de ville, une paire de lunettes noires sur les yeux et un petit sac de sortie accroché au bras. Un costume qui jure avec la réalité et, plus que le manque d'argent, explique peut-être qu'elle ait fini par ne rien acheter.
Grisé par les applaudissements des invités à la projection séduits par le caractère populaire du film, Dieudonné Nadi Nana affirme être satisfait du résultat de son travail, même s'il reconnaît des « défauts techniques ». "Deuxième bureau" a été tourné en dix jours et monté en un mois à Yaoundé avec un budget de 2 millions Fcfa. « J'ai préparé ce film pendant trois ans parce que je voulais qu'il soit bon », dit-il. Raison de plus pour qu’il lui soit demandé plus.
Stéphanie Dongmo
Fiche technique
Titre : Deuxième bureau
Durée : 125 min
Sortie : novembre 2011
Genre : fiction
Scénario, réalisation, producteur : Dieudonné Nadi Nana
Production : York Sam production
Directeur photo : Frank Ndema
Régie son et lumière : Frank Ndema
Montage : Denise Messina
Distribution : Ali Mvondo, Rosalie Essindi, Marie Christine Ebogo, Salomon Tatmfo, Issa Yinkou, Blanche Bilongo.
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