«Le général Blanc et la fillette Noire» d'Abia Alain Viany, paru chez Ifrikiya en 2011, exhorte au dépassement des différences culturelles.
L'histoire que raconte Abia Alain Viany commence comme un conte : il était une fois un homme nommé Mba. Avec sa famille, il vivait au cœur d'une impressionnante forêt tropicale, en harmonie avec la nature. A des milliers de kilomètres de là, il était un homme nommé Hans von Richt qui vivait dans un château en Rhénanie. Un jour, ce général de l'armée est chargé d'une importante mission : aller en Afrique soumettre les peuples indigènes pour répondre à la politique d'expansion prônée par l'empereur d'Allemagne. Et c'est gonflé à bloc que le général Hans von Richt et les 240 hommes qui l'accompagnent vont se poser aux pieds du Char des Dieux.
La suite de l'histoire est un combat à la David et Goliath. Des hommes « civilisés » et armés seront terrassés par une horde de « sauvages » privés de tout. Dans la noirceur de la nuit africaine et le feu du combat, le général Hans von Ritch tombe. Lorsqu'il ouvre les yeux quelques jours plus tard, son regard apeuré croise celui rassurant d'une fillette Noire de trois ans. Ada, la petite dernière de Mba, est la personne qui va lui apprendre que tous les hommes sont égaux malgré leurs différences de culture. Par l'amour qu'elle lui donne sans condition, elle lui apprend aussi la valeur de l'amitié et du respect de l'autre. Dès lors, le général allemand prend goût à la vie paisible qu'il mène dans le village perdu. Jusqu'au jour où le colonel Gart Gensfleisch, son ennemi juré, y pénètre, à la tête d'une nouvelle expédition allemande.
Loin d'apporter des réponses dans ce premier roman, Abia Alain Viany suscite plutôt des interrogations. Il laisse d'ailleurs la responsabilité à chaque lecteur de construire l'épilogue qui sied à son livre. Dans la préface qu'il signe, Gervais Mendo Ze explique que ce roman décrit deux réalités : une Europe industrielle au faîte de sa gloire et une Afrique primitive taraudée par le spectre de l'insécurité. Entre ces deux mondes, Abia Alain Viany a essayé de jeter une passerelle en prenant pour prétexte la rencontre inattendue de deux êtres que tout semble séparer : d'un côté, un homme adulte, Blanc et général d'armée, et de l'autre, une fillette Noire qui n'a pour elle que son innocence.
L'auteur exhorte ainsi les hommes au dépassement de toute considération raciale et idéologique, pour un monde meilleur. A un degré plus élevé, il édicte les conditions de l'unité entre l'homme et la nature. Au passage, il conduit le lecteur à revisiter, certes brièvement, l'histoire des relations entre l'Allemagne et le Cameroun. Une tâche rendue légère par son goût prononcé pour la mythologie.
Stéphanie Dongmo
Le général Blanc et la fillette Noire
Préface de Gervais Mendo Ze
Ed. Ifrikiya, Yaoundé
Juillet 2011, 98 Pp.Prix : 4000Fcfa
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