Christian Etongo se fait poser une perfusion. |
Jean Gérard Bessala dans sa performance. |
Jean Gérard Bessala a allié le son au visuel. Alors qu’en fond sonore un homme, politique certainement, fait un discours où il annonce de grands projets, un autre homme change de vêtements. Il troque un pantalon et une chemise bleus par un costume blanc. Entre-temps, le discours, qu’accompagnent par moments des applaudissements, parle de bonne gouvernance, de décentralisation, de lutte contre le chômage et de relance agricole. Le nouvel homme –qui, bien que tout de blanc vêtu, n’a pas tué le vieil homme en lui- serre des mains et s’en va sur un « vive notre cher pays, je vous remercie ». Dans cette métaphore, le discours, comme les vêtements, passent, sans jamais réussir à changer favorablement la vie des populations. Discours-mensonge.
Dieudonné Fokou dans "Le partage". |
On le savait sculpteur. Pour sa première « vraie » performance, Dieudonné Fokou n’a pas lésiné sur les moyens. Dans sa création intitulée « Le partage », il représente le monde dans une sculpture en fer posé sur les trois pierres d’un foyer. Pendant la performance, il va s’amuser à la lacérer et à la détruire. Au rythme de la musique jouée en live, il raconte l’histoire de trois rescapés d’une tuerie qui trouvent un verre de vin. Alors que les deux hommes se disputent pour savoir qui va le boire, la femme propose de le partager. La voix de la raison. Chez Fokou, la femme garde le beau rôle. C’est encore elle qui essaie de recoller les morceaux du monde détruit par l’action et l’égoïsme de l’homme. Dans sa performance, Dieudonné Fokou ne s’est pas éloigné de la sculpture. Il a aussi fait appel au conte et au théâtre par une mise en scène de son travail. Une création qui prône la solidarité humaine, mais surtout le développement durable et la préservation de la nature.
Vulgariser la performance
D’après Serge Olivier Fokoua, le promoteur de cet évènement, les Ravy s’engagent à vulgariser la performance artistique au Cameroun : « Nous recherchons des artistes innovants, les plus créatifs de l’art actuel. Nous misons sur la constance dans le travail, sur des gens qui travaillent pour l’avancement de l’art contemporain. La performance est une façon de mieux dire ce que les tableaux ou les photographies figées n’ont pas fini de dire. Ici, l’artiste s’exprime devant un public en utilisant, pour la plupart des cas, son propre corps ou des objets choisis. La performance est une action qui se fait en live. Généralement, elle n’est pas préparée à l’avance, elle peut conduire à l’extrême ».
Ainsi, les performances vont dominer la suite du festival. Le programme prévoit d’autres performances jeudi à 18h à l’Institut Goethe et des performances de rue vendredi à 16h à l’avenue Germaine à Essos, de même qu’une soirée performance le même jour à partir de 18h au Centre culturel Hell. Le samedi, ce sera au tour du Centre des créateurs de mode du Cameroun d’accueillir des performances dès 16h, et le Centre culturel Francis Bebey dimanche dès 18h.
Stéphanie Dongmo
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