Ecrite
par Wakeu Fogaing et mise en scène par Eric Delphin Kwegoue, la pièce «
Confessions de femmes » a été représentée le 20 avril à l’Institut
français de Yaoundé. Elle raconte avec engagement le vécu de femmes victimes des
agissements des hommes.
L'affiche de la pièce. |
Tamara Tchientcheu,
Beky Beh, Corine Josiane Kameni. Elles sont trois sur la scène et incarnent, à
elles seules, toutes les souffrances, les humiliations, la solitude affective
et sexuelle des femmes. Ce soir, elles ont décidé de tout déballer. Les
nuisettes qu’elles portent témoignent de leur volonté de creuser même dans l’intimité.
Car, elles veulent parler, dire au monde leur malheur de femmes victimes :
objets sexuels, délaissées, méprisées. Elles crient leur douleur au monde et
vomissent leurs tripes, pour se libérer d’une peine longtemps contenue et en guérir.
Ce sont des histoires
qu’on entend tous les jours, mais auxquelles ont ne prête plus attention, à
force. En cause, un homme, toujours. Prédateur, assurément. Un homme qui quitte
une femme pour sa cousine ou pour sa mère ; un homme qui ne regarde plus
sa femme et la confond aux meubles de la maison ; un homme qui abandonne sa
famille pour l’aventure ; un homme qui touche les fesses d’une femme dans
la foule... Ils sont ingrats, désinvoltes,
irresponsables, violents, lâches… Ce qui se résume à ce cri : « les
hommes sont méchants ! »
Wakeu Fogaing a écrit « Confessions
de femmes » à partir des témoignages de 25 femmes pour lesquelles il prend
fait et cause. Les comédiennes, pénétrées par leurs rôles, ont donné la pleine
mesure de cet engagement sur une scénographie assez dépouillée de Fleury Ngamaleu.
La mise en scène d’Eric Delphin Kwegoue s’est faite proche du public pour mieux
susciter la remise en question. Kwegoue a admirablement transposé l’œuvre de
Wakeu à son univers fait de délire. Un traumatisme qui pousse les comédiennes à
se jeter sur leurs genoux, à entrer en transe pour exorciser les misères
féminines. La vidéo qui montre une femme battue, un viol et le témoignage
vivant d’une victime qui a tué son bourreau, vient ajouter au drame de la
pièce. La religion, refuge inespérée, vient délivrer les femmes. Mais est-ce
suffisant pour les guérir de leurs blessures ?
La pièce a
volontairement choisi de prendre le parti des femmes contre les hommes. Mais
derrière chaque malheur de femme qu’elle raconte, se cache, bien souvent… une
autre femme. Ce travail mérite de connaître une suite, qui pourrait être
intitulé « Confessions d’hommes ». En attendant, la pièce produite
par l’association Koz’art (créée en 2006 à Douala) sera représentée le 10 mai à
19h30 au Foyer jeunesse protestant à Akwa, à Douala.
Stéphanie
Dongmo
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