samedi 21 avril 2012

Théâtre : L’homme est un loup pour la femme

Ecrite par Wakeu Fogaing et mise en scène par Eric Delphin Kwegoue, la pièce « Confessions de femmes » a été représentée le 20 avril à l’Institut français de Yaoundé. Elle raconte avec engagement le vécu de femmes victimes des agissements des hommes.
L'affiche de la pièce.

Tamara Tchientcheu, Beky Beh, Corine Josiane Kameni. Elles sont trois sur la scène et incarnent, à elles seules, toutes les souffrances, les humiliations, la solitude affective et sexuelle des femmes. Ce soir, elles ont décidé de tout déballer. Les nuisettes qu’elles portent témoignent de leur volonté de creuser même dans l’intimité. Car, elles veulent parler, dire au monde leur malheur de femmes victimes : objets sexuels, délaissées, méprisées. Elles crient leur douleur au monde et vomissent leurs tripes, pour se libérer d’une peine longtemps contenue et en guérir.

Ce sont des histoires qu’on entend tous les jours, mais auxquelles ont ne prête plus attention, à force. En cause, un homme, toujours. Prédateur, assurément. Un homme qui quitte une femme pour sa cousine ou pour sa mère ; un homme qui ne regarde plus sa femme et la confond aux meubles de la maison ; un homme qui abandonne sa famille pour l’aventure ; un homme qui touche les fesses d’une femme dans la foule... Ils sont  ingrats, désinvoltes, irresponsables, violents, lâches… Ce qui se résume à ce cri : « les hommes sont méchants ! »

Wakeu Fogaing a écrit « Confessions de femmes » à partir des témoignages de 25 femmes pour lesquelles il prend fait et cause. Les comédiennes, pénétrées par leurs rôles, ont donné la pleine mesure de cet engagement sur une scénographie assez dépouillée de Fleury Ngamaleu. La mise en scène d’Eric Delphin Kwegoue s’est faite proche du public pour mieux susciter la remise en question. Kwegoue a admirablement transposé l’œuvre de Wakeu à son univers fait de délire. Un traumatisme qui pousse les comédiennes à se jeter sur leurs genoux, à entrer en transe pour exorciser les misères féminines. La vidéo qui montre une femme battue, un viol et le témoignage vivant d’une victime qui a tué son bourreau, vient ajouter au drame de la pièce. La religion, refuge inespérée, vient délivrer les femmes. Mais est-ce suffisant pour les guérir de leurs blessures ?

La pièce a volontairement choisi de prendre le parti des femmes contre les hommes. Mais derrière chaque malheur de femme qu’elle raconte, se cache, bien souvent… une autre femme. Ce travail mérite de connaître une suite, qui pourrait être intitulé « Confessions d’hommes ». En attendant, la pièce produite par l’association Koz’art (créée en 2006 à Douala) sera représentée le 10 mai à 19h30 au Foyer jeunesse protestant à Akwa, à Douala.

Stéphanie Dongmo


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