Le Cinéma
Numérique Ambulant (CNA) du Cameroun a organisé, du 21 au 27 août 2015, la 1ère
Semaine du cinéma brésilien dans des quartiers de la ville.
La tournée menée avec l’Ambassade du
Brésil au Cameroun a posé ses valises dans 7 quartiers populaires :
Manguier, Mendong, Simbock, Biyem-Assi, Nkolmeyang, Emana et Oyom-Abang.
Quatre films brésiliens récents ont
été diffusés : « Abril
despeçado » de Walter Salles, « A
grande familia » de Mauricio Farias, « La cité de Dieu » de Fernando Meirelles et « L’homme qui copiait » de
Jorge Furtado. Ces films, pour la plupart sous-titrés en français, ont connu un
succès mitigé après du public, malgré que l’animatrice du CNA donnait, en
simultané à la diffusion, des clés pour comprendre l’intrigue. Le public du
plein air étant, par nature, moins réceptif au sous-titrage. Ajouté à cela l’angoisse
née des dernières attaques de la secte Boko Haram à Maroua, qui fait que
beaucoup rechignent à sortir le soir.
21 août. On lève les verres à la coopération culturelle |
Cependant, beaucoup de spectateurs ont
agréablement surpris l’équipe du CNA. « Où
est Ze Pequeno ? », criait certains lorsqu’ils entendaient parler
de cinéma brésilien ; ils se souvenaient encore du personnage du film « La Cité de Dieu », diffusé avec
grand succès il y a quelques années à la télévision camerounaise.
D’autres n’ont pas manqué de dire
leur satisfaction de voir, sur écran géant, d’autres images du Brésil que
celles véhiculées par les telenovelas. « Je
ne savais pas que le cinéma brésilien était si riche et si beau, j’ai appris beaucoup
de ce film », a d’ailleurs témoigné Clément Tegap, un spectateur après
la diffusion de « Avril brisé ».
Avec une histoire métisse qui trouve
une partie de ses racines en Afrique et une industrie cinématographique riche
et variée, le cinéma brésilien est classé 2ème en Amérique latine
derrière l’Argentine. La Semaine du cinéma brésilien à Yaoundé a permis de
jeter un pont entre les cultures africaines et latino-américaines, de renforcer
la coopération culturelle entre le Cameroun et le Brésil, réduisant du coup les
6000 Km qui sépare les deux pays.
Le public nombreux. |
Cette première expérience, d’après
le CNA, a été riche en enseignements, qui serviront de base pour l’élaboration
de prochains projets de promotion du cinéma brésilien, et bien sûr, d’autres cinématographies
qui méritent que l’on s’y intéresse.
Le Cinéma Numérique Ambulant se
consacre aux cinémas d’Afrique. Mais depuis quelques années déjà, il mène une
réflexion quant à la possibilité, ou, mieux, l’intérêt d’ouvrir ses portes à d’autres
cinématographies. S’il est vrai que l’Afrique a besoin de consommer ses propres
images, il est aussi vrai qu’on a besoin de connaître les autres pour se
définir à l’ère de la mondialisation.
Echanges avec le public à la fin de la projection. |
Les cinémas d’ailleurs, qui ont
connu bien des difficultés avant de trouver leur voie et d’asseoir de véritables
industries, pourraient servir de modèle aux cinématographies africaines qui
cherchent encore leur voie, entre industrie et débrouillardise.
Créé en janvier 2012, le CNA
Cameroun fait partie d’un réseau d’associations de cinéma mobile né en 2001 et
installé dans dix pays : Bénin, Mali, Niger, France, Sénégal, Tunisie,
Togo, Tchad, Burkina Faso et Cameroun. Leur objet est la diffusion des films du
patrimoine cinématographique africain, mais aussi des films de sensibilisation
destinés à informer les populations sur les graves problèmes de santé, de
société et de développement qu’elles rencontrent.
Stéphanie Dongmo
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