Mariées-célibataires.
Connaissez-vous ce nouveau statut matrimonial ? Non ? Eh bien ce sont
des personnes qui, bien que mariées traditionnellement, légalement et même
religieusement, vivent seules leur vie de couple. Et comme souvent, les femmes
sont les premières victimes de ce phénomène social.
Certains
reviennent une fois tous les deux ans pour une petite visite. Le temps de voir
le petit dernier né après leur départ et de laisser une preuve tangible de leur
passage, qui naîtra neuf mois plus tard. Pour d’autres, le retour s’opère une
fois tous les cinq-dix ans. D’autres encore finissent par se marier à nouveau à
l’étranger et forment ainsi des familles dont ils deviennent plus proches,
distance oblige.
Pour
identifier une femme mariée-célibataire, ce n’est pas difficile. Elles sont de
toutes les fêtes, ne refusent jamais une sortie, voyagent quand elles veulent
et passent autant de temps qu’elles le souhaitent à l’extérieur. On peut aussi
distinguer une mariée-célibataire par son visage marqué par l’amertume,
l’angoisse et les frustrations liées à la solitude, les soucis familiaux qu’elle
doit porter seule, les enfants auprès desquels elle doit jouer le rôle du père
et de la mère. Sous le vernis du sourire, on peut remarquer la fragilité, la fêlure,
l’intime douleur.
Car
la vie d’une mariée-célibataire se résume à une longue attente. Attendre le
mari qui arrivera cette année, peut-être l’année prochaine ou l’année d’après,
attendre qu’il veuille bien se souvenir de sa femme et de ses enfants, attendre
le jour où il aura les moyens ou simplement la volonté d’engager une procédure
de regroupement familial, attendre le retour définitif du mari qui, d’année en
année, jure ses grands dieux qu’il rentrera définitivement s’installer au pays.
Quelques-uns
finissent par le faire. Pour former, avec des femmes restées trop longtemps
seules, des couples qui ne se connaissent plus, ne s’aiment plus, se sont
éloignées sentimentalement et ne s’accordent plus sexuellement. Du jour au
lendemain, la femme doit faire face aux contraintes du mariage, aux exigences
d’un mari qui ne comprend pas la trop grande indépendance de son épouse. Le
couple a alors trois choix : réapprendre à s’aimer, se supporter ou se
séparer.
Certaines
femmes, las d’attendre, vont oublier leur solitude dans les bras des hommes
plus disponibles. Plus d’une s’est fait attraper la main dans le sac avec un
ventre qui s’arrondit alors que le mari est absent depuis des années. Un
flagrant délit d’adultère dont tout le quartier peut témoigner.
Mariée
ou célibataire, à la fin, la femme concernée a du mal à savoir, étant en
permanence en équilibre entre les deux. Personne n’aime étaler ses petites
misères en public. Alors, les femmes souffrent en silence. En affichant
crânement leurs alliances. Au moins un homme les a épousées, ce qui n’est déjà
pas rien, la chanteuse Josey vous le confirmera !
Stéphanie Dongmo
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