La
1ère édition de cette distinction initiée par le Cinéma Numérique
Ambulant a récompensé quatre films camerounais les plus appréciés du public le
8 mai 2017 à Yaoundé.
Les lauréats avec le CNA et l'UE |
Françoise Collet, Ambassadrice de
l’Union Européenne au Cameroun, est celle qui a remis le tout premier Prix du
Cinéma Numérique Ambulant (CNA) à quatre lauréats pour leurs films. C’était le
8 mai dernier à l’Institut français de Yaoundé, au cours de la cérémonie
d’ouverture du tout premier festival du cinéma européen, inaugurant la Semaine
de l’Europe au Cameroun. Ces films ont été primés pour avoir eu les meilleurs
effets sur les spectateurs durant la période 2015-2016 au Cameroun.
Il s’agit de Ninah’s dowry de Victor Viyuoh (Fintu films, 95mn, fiction, 2012, fiction) ; Prends ma place (Ho’ou Babal
Am) de Bako Moustapha (30mn, Cameroun, 2004, fiction), Afrique les petits métiers
de la rue de Guy Foumane et Sébastien Tézé (2PG
Pictures, 12mnx10, documentaire, 2006), et Etat civil de Cyrille Masso (15mn x 3, 2016, fiction). Des films
sur lesquels le CNA possède les droits d’exploitation non exclusifs, et qu’il
propose régulièrement à son public qui les a plébiscités, au cours de
projections nocturnes et en plein air.
Ninah’s
dowry (la dot de Ninah en
français) parle d’une jeune femme de 20 ans, mariée depuis sept ans et
déjà mère de trois enfants. Elle subit au quotidien les violences de son mari
et quand elle entreprend de le quitter, celui-ci exige le remboursement de sa
dot. Ce long-métrage, assurément l’un des meilleurs produits au Cameroun ces
cinq dernières années, a été diffusé par le CNA principalement dans les régions
anglophones du Sud-Ouest et du Nord-Ouest. Il y a été très apprécié du public
parce qu’il décrit des réalités bien connues (il est inspiré d’une histoire
vraie), et parce qu’il est tourné en pidgin-english, langue la plus courante
dans ces régions. Les échanges d’après projections ont souvent été vifs, en
présence des acteurs du film qui a rassemblé plus de 13 000 spectateurs,
en 27 projections publiques.
Autre production primée, Afrique les métiers de la rue, une collection
de courts-métrages documentaire proposée par Blaise Pascal Tanguy. Elle présente une succession de petits métiers
informels qui prospèrent dans les rues de pays
d’Afrique et sont pratiqués par des jeunes qui n’ont pas pu s’insérer dans le secteur
formel : cordonnier, laveur de voitures, charmeur de serpent, vendeur de
médicament, fabricant de marmites, casseur de pierres, creuseur de sable, etc. Les populations des régions Centre, Littoral, Sud et
Ouest en particulier, ont apprécié la justesse de ce documentaire et surtout
l’abnégation des différents acteurs qui travaillent dur pour gagner leurs vies.
Les petits métiers présentés ici reflètent le
quotidien du commun des Camerounais, dans un pays où l’informel a pris une
place énorme. Le film a été diffusé 53 fois, pour 12 000 spectateurs.
Ho’ou Babal Am, en français Prends
ma place, a été produite par l’Association Rayons de soleil et sert de
support aux activités de sensibilisation contre le mariage forcé et précoce,
qui pousse très souvent les jeunes filles à la déscolarisation. Il raconte
l’histoire d’Hawa, qui est donnée en mariage par son père à 13 ans et obligée
de quitter l’école. 20 ans plus tard, son ancienne camarade de classe
devenue médecin va sauver la vie de
son père malade. Celui-ci va alors regretter de n’avoir pas laissé sa fille poursuivre ses études. Ce film a été diffusé dans le
grand nord (Extrême-Nord, Nord, Adamaoua), ainsi que dans les quartiers à
dominance musulmane au cours de 65 projections, réunissant plus de 52 000
spectateurs.
La
dernière production primée est un film de commande produit par le Ministère de
l’Administration territoriale, la société conseil Civipol et le Cinéma
Numérique Ambulant pour accompagner une campagne de sensibilisation à
l’établissement des actes d’état civil (naissance, mariage, décès). Il décrit
les malheurs de Moli, une brillante élève de 10 ans qui ne peut présenter le Certificat
d’études primaires faute d’acte de naissance. Plus tard, le défaut d’acte de
naissance va encore l’empêcher de se marier légalement et de toucher une
réversion à la mort de son mari. Au total, le film a été diffusé 140 fois dans
plus de 100 localités différentes, rassemblant plus de 100 000
spectateurs.
Le choix du public
D’après
Stéphanie Dongmo, Présidente du CNA Cameroun, « le Prix CNA a pour objectif de stimuler le secteur
cinématographique, de promouvoir la diffusion et d’encourager les
professionnels du cinéma à tenir compte du public dans la conception des films.
Ce prix met en lumière les raisons pour lesquels les films ont été appréciés du
public, et donne aux cinéastes des retours concrets sur les envies, les goûts
du public. Ils pourront ainsi faire des films qui répondent mieux aux
préoccupations actuelles. La finalité étant de faire en sorte que le choix du
public soit désormais un facteur suffisamment pris en compte dans la production
d'un film, ce qui n'est pas encore le cas. »
Le
prix récompense donc les films de tous genres : documentaire et fiction,
patrimoine et sensibilisation, film d’auteur, de commande ou commercial, en
anglais, en français ou en langues locales, sans aucune distinction. La
première édition de ce Prix qui se veut annuel a été soutenue par la délégation
camerounaise de l’Union européenne.
Les
quatre lauréats se sont dits honoré de cette distinction accompagnée de lots en
nature, des appareils photos numériques en l’occurrence. Blaise Pascal Tanguy
explique : « c’est une reconnaissance très forte de sens qui m’a
beaucoup ému parce que nous faisons des films, mais tant que ceux qui les regardent ne sont
pas satisfait, nous n’aurons jamais assez de force pour continuer. C’est ma
première reconnaissance en tant que réalisateur et producteur et du fond du
cœur, je dis merci au CNA pour l’initiative et merci au public qui a aimé ce
que je fais, qui a plébiscité mes œuvres. Pour les prochaines éditions de ce
prix, j’aimerais que la récompense soit la participation du CNA au prochain
film du producteur, en préachat. Ce serait beaucoup plus fort et intéressant ».
Ashley Tchameni
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