L'argent reçu en 2010 couvre une semaine de frais de reportage dans un quotidien, un mois d'électricité dans une chaîne de télévision et cinq mois de loyer dans une radio à Yaoundé.
La commission nationale d'examen des demandes d'accès au bénéfice de l'aide publique à la presse privée se réunit ce matin au ministère de la Communication à Yaoundé, sous la présidence de Issa Tchiroma Bakary. Alors que les 24 membres du groupe de travail vont décider des récipiendaires pour 2011, Le Jour fait le bilan de l'attribution de cette subvention en 2010.
Presse écrite
Pour le compte de l'exercice 2010, le quotidien Le Jour a perçu 1,5 million Fcfa. Haman Mana, son directeur de la publication, affirme que cette somme correspond au payement des frais de reportage et de téléphone à son personnel (une cinquantaine de personnes) pour une semaine seulement. Elle correspond aussi à six mois d'électricité, ou encore à un trimestre de loyer de son siège à Yaoundé. En 2010 notamment, l'aide reçue à permis d'imprimer trois éditions du Jour, à raison de 5000 exemplaires par édition à la Sopecam. L'aide à la presse a donc couvert trois parutions sur les 300 éditions que produit Le Jour à l'année.
Pour sa part, l'hebdomadaire Repères a reçu une enveloppe de 1 million Fcfa. Son directeur de la rédaction, Parfait Siki, explique que ce montant correspond à trois tirages de l'hebdomadaire, à raison de 3000 exemplaires par tirage, à cinq mois de loyer ou à cinq mois de factures d'électricité.
Télévision
La chaîne de télévision Vision 4 a, en 2010, bénéficié de l'aide à la communication, à hauteur de 1,5 million Fcfa. Jean-Pierre Amougou Belinga, son directeur de publication et par ailleurs Pdg du groupe de presse L'Anecdote, affirme que cet argent lui a servi à résoudre quelques problèmes d'intendance, comme l'achat du carburant pour les véhicules de service. Il explique que pour une chaîne de télévision comme la sienne, 1,5 million Fcfa représente juste un mois de facture d'électricité ou la production d'un programme en différé d'une heure avec une équipe réduite de six personnes. «Ce montant ne couvre même pas un mois de salaire du personnel dont la masse salariale mensuelle s'élève à 9 millions Fcfa», ajoute-t-il.
Radio
Sky One radio à Yaoundé a reçu, en 2010, la somme d'un million Fcfa au titre de l'aide à la presse. Joseph Angoula Angoula, son promoteur, explique que cet argent lui a servi à désintéresser le personnel qui n'est pas salarié. Le reste a fondu dans le fonctionnement quotidien de la radio. Par rapport aux charges de Sky One radio, un million Fcfa représente cinq mois de loyer, à raison de 150 000Fcfa le mois, ou encore cinq mois de factures d'électricité. Elle correspond aussi à la production de 30 éditions de l'émission phare de la radio, sur six semaines. En effet, Joseph Angoula Angoula estime le coût de production de chaque édition de « Surface de vérité », que présente Dominique Tita, de 10h à 12h30, de lundi à vendredi, à 50 000Fcfa.
En général, les directeurs des organes de presse s'accordent à dire que l'aide, par ailleurs ouverte à toutes les entreprises de communication, est insignifiante. D'autant plus que cette année, elle a été revue à la baisse (elle est passée de 150 millions Fcfa à 135 millions Fcfa). «Le montant est si dérisoire que lorsque vous l'avez, cela ne modifie pas votre compte d'exploitation », soutient Parfait Siki. « Je ne compte pas sur cette aide pour faire marcher le Jour », renchérit Haman Mana. Pour Jean-Piere Amougou Belinga, il est d'ailleurs dégradant de parler d'aide. « Nous avons des difficultés financières, mais nous ne sommes pas des nécessiteux », dit-il. Aussi, les responsables des entreprises de presse proposent-ils que l'Etat applique les accords de Florence, s'il veut véritablement aider la presse à remplir sa mission de service public.
Stéphanie Dongmo
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