lundi 8 août 2011

Théâtre : Pleurs pour Haïti


La pièce écrite et mise en scène par Landry Nguetsa revient sur le séisme de janvier 2010.

La pièce baptisée «Haïti» a pris les spectateurs de court, vendredi 29 juillet dernier au Centre culturel français de Yaoundé. Alors que ceux-ci attendaient que s'ouvre la billetterie, trois comédiens (Junior Esseba, David Kono et Landry Nguetsa) ont débouché en courant dans tous les sens pour distribuer des bouts de papier avec un message bref : «Aidez Haïti». Après cette exposition, la pièce s'est poursuivie dans la salle de spectacle entièrement quadrillée avec des fils, sur une scénographie de Fleury Ngamele. Comme une toile araignée dans laquelle le public serait pris au piège, et qui rappelle aussi la fragilité des constructions du pays de Toussaint Louverture. Des constructions qui vont écrouler comme des châteaux de sable avec le séisme de janvier 2010.
Alors que Haïti se bat à nettoyer ses rues de ses morts, les nations occidentales, comme des vautours, accourent pour se repaître des malheurs du premier Etat noir indépendant en 1804. «Ils préfèrent jouer aux sapeurs pompiers plutôt que d'empêcher le feu», dit Landry Nguetsa, étudiant en art du spectacle à l'université de Yaoundé I, qui signe le texte et la mise en scène de sa première œuvre théâtrale. Dans cette agitation, l'Afrique, la terre-mère plongée dans le noir, reste muette. «Chez nous quand un malheur est annoncé, les gens sortent. Je ne sais pas ce qui s’est passé avec Haïti. Ils sont loin de nous, mais ce sont les gens de chez nous!» s'indigne, à intervalle régulier, Pélagie Alima, dont la complainte ajoute au drame de la pièce.
«Haïti» est une pièce-performance qui oblige le spectateur à participer et à réfléchir sur son action dans le monde. Elle a recours à des scènes brèves du documentaire «Chronique d'une catastrophe annoncée» du Haïtien Arnold Antonin et comporte un générique de début et de fin. Elle rend enfin hommage à George Anglade, homme politique et écrivain haïtien victime du tremblement de terre le 12 janvier 2010 à Port-au-prince, à 56 ans.
Stéphanie Dongmo

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