Dans son premier roman, il fait une critique acerbe du gouvernement post-indépendance qui, au Cameroun, maintient le peuple dans la terreur.
Laurent-Charles Boyomo Assala a attendu longtemps pour dire les choses qu’il porte sur le cœur depuis les années 70. Il vient, en effet, de publier son premier roman qui peint le climat de tension sociale et politique de cette période d’après-indépendance au Cameroun. « Le chaudron des sorciers qui tiennent le crayon long » est le titre peu orthodoxe de cet ouvrage de 221 pages qui vient de paraître aux Presses de l’université catholique d’Afrique centrale, à Yaoundé.
Le roman pose ses valises à Petit-Ville. C’est une bourgade sans problème, qui ne vit que parce qu’Ongola, la capitale, respire, car elle y achète toutes ses ressources alimentaires. La vie y coule doucement, accompagnée par les fumets de ndolè et les airs d’assiko de Jean Bikoko, jusqu’au jour où un putsch (réel ou supposé ?) se produit à Ongola. Les frontières de la ville fermées, les habitants se livrent à toute sorte de questionnements.
Que se passe-t-il exactement, se demandent l’inspecteur des impôts Nganyanya, la belle Bella et le mystérieux Sarki Mama, alors que la radio reste muette. A cette époque où les coups d’Etats sont légion en Afrique, les sand sand boy ont-ils fini par avoir raison du régime répressif et dictatorial qui a remplacé le colonisateur ? Qui sont vraiment les sand sand boy? Des indépendantistes de l’UNP ou un ramassis de petits vagabonds qui continuent à jouir du prestige de leurs aînés de l’époque coloniale? En ces temps-là, un des leurs, un certain Wandji, avait été arrêté avec un évêque, puis froidement exécuté sur la place publique. Avant cela, un autre leader unépiste avait été assassiné dans la broussaille, un autre encore empoisonné. Terrorisé face à la répression, le peuple avait tôt fait de déchanter.
Mais, affamés, les habitants de Petit-Ville ont une préoccupation plus urgente : trouver de la nourriture. Car, le « parti unique corrompu » a substitué à l’agriculture de subsistance une agriculture de rente qui n’a fait qu’appauvrir le paysan. Pour approvisionner Petit-Ville, Nganyanya et ses compagnons lancent un projet mort-né de plantation collective. Le livre se termine cependant sur une note d’espoir : le coq chante à l’horizon, promesse d’un jour nouveau.
Dans ce roman, Laurent-Charles Boyomo Assala se pose comme la mémoire inquiète d’un pays qui a perdu ses repères par la faute de nouveaux sorciers qui ont le « book dans la tête » et tiennent le crayon long. S’il essaie de décontextualiser son récit, ses allusions transparentes à l’histoire politique de notre pays vouent ce projet à l’échec.
Pour dire les choses, l’auteur n’a pas ménagé sa peine. Autour de l’intrigue, il aborde une pléthore de thèmes : les coupeurs de route, le rôle des députés, celui de l’intellectuel africain, la faillite de l’école occidentale... Il n’oublie pas de passer au vitriol le journalisme de règlement de comptes, lui qui est directeur de l’Esstic et secrétaire général du Conseil national de la communication. Mu par un sens affiné du détail, Boyomo Assala a choisi un chemin tortueux et semé d’embûches. Roman cérébral, « Le chaudron des sorciers qui tiennent le crayon long » ne doit pas se lire à petites doses mais d’un trait, avec concentration. Lecteur impatient ou distrait, s’abstenir.
Stéphanie Dongmo
Laurent-Charles Boyomo Assala a attendu longtemps pour dire les choses qu’il porte sur le cœur depuis les années 70. Il vient, en effet, de publier son premier roman qui peint le climat de tension sociale et politique de cette période d’après-indépendance au Cameroun. « Le chaudron des sorciers qui tiennent le crayon long » est le titre peu orthodoxe de cet ouvrage de 221 pages qui vient de paraître aux Presses de l’université catholique d’Afrique centrale, à Yaoundé.
Le roman pose ses valises à Petit-Ville. C’est une bourgade sans problème, qui ne vit que parce qu’Ongola, la capitale, respire, car elle y achète toutes ses ressources alimentaires. La vie y coule doucement, accompagnée par les fumets de ndolè et les airs d’assiko de Jean Bikoko, jusqu’au jour où un putsch (réel ou supposé ?) se produit à Ongola. Les frontières de la ville fermées, les habitants se livrent à toute sorte de questionnements.
Que se passe-t-il exactement, se demandent l’inspecteur des impôts Nganyanya, la belle Bella et le mystérieux Sarki Mama, alors que la radio reste muette. A cette époque où les coups d’Etats sont légion en Afrique, les sand sand boy ont-ils fini par avoir raison du régime répressif et dictatorial qui a remplacé le colonisateur ? Qui sont vraiment les sand sand boy? Des indépendantistes de l’UNP ou un ramassis de petits vagabonds qui continuent à jouir du prestige de leurs aînés de l’époque coloniale? En ces temps-là, un des leurs, un certain Wandji, avait été arrêté avec un évêque, puis froidement exécuté sur la place publique. Avant cela, un autre leader unépiste avait été assassiné dans la broussaille, un autre encore empoisonné. Terrorisé face à la répression, le peuple avait tôt fait de déchanter.
Mais, affamés, les habitants de Petit-Ville ont une préoccupation plus urgente : trouver de la nourriture. Car, le « parti unique corrompu » a substitué à l’agriculture de subsistance une agriculture de rente qui n’a fait qu’appauvrir le paysan. Pour approvisionner Petit-Ville, Nganyanya et ses compagnons lancent un projet mort-né de plantation collective. Le livre se termine cependant sur une note d’espoir : le coq chante à l’horizon, promesse d’un jour nouveau.
Dans ce roman, Laurent-Charles Boyomo Assala se pose comme la mémoire inquiète d’un pays qui a perdu ses repères par la faute de nouveaux sorciers qui ont le « book dans la tête » et tiennent le crayon long. S’il essaie de décontextualiser son récit, ses allusions transparentes à l’histoire politique de notre pays vouent ce projet à l’échec.
Pour dire les choses, l’auteur n’a pas ménagé sa peine. Autour de l’intrigue, il aborde une pléthore de thèmes : les coupeurs de route, le rôle des députés, celui de l’intellectuel africain, la faillite de l’école occidentale... Il n’oublie pas de passer au vitriol le journalisme de règlement de comptes, lui qui est directeur de l’Esstic et secrétaire général du Conseil national de la communication. Mu par un sens affiné du détail, Boyomo Assala a choisi un chemin tortueux et semé d’embûches. Roman cérébral, « Le chaudron des sorciers qui tiennent le crayon long » ne doit pas se lire à petites doses mais d’un trait, avec concentration. Lecteur impatient ou distrait, s’abstenir.
Stéphanie Dongmo
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