Gaspar Gomán. Peu de gens le connaissent aujourd’hui. Sa peinture et ses sérigraphies sont pourtant visibles dans toute la capitale. Ce sont des mosaïques peintent sur les façades principales des immeubles abritant la direction générale des Impôts et Afriland first bank, pour ne citer que ceux-là. L’artiste a aussi réalisé les mosaïques des bassins de l’hôtel de ville de Yaoundé.
Parce que Gaspar Gomán réalise un travail « pertinent et de qualité », le Centre culturel français de Yaoundé (Ccf), en partenariat avec l’ambassade d’Espagne au Cameroun et la Fondation Muna, a entrepris d’organiser une exposition de ses œuvres pour le rappeler à notre bon souvenir et « réparer cette injustice ». Cette exposition se tiendra du 10 au 27 novembre 2010 sur trois sites : Ccf, Fondation Muna et Djeuga Palace. L’exposition devra se poursuivre dans d’autres villes.
Artiste camerounais, Gaspar Gomán est né en 1928 à Santa Isabel (devenue Malabo) en Guinée équatoriale. Son père, Gaspar Djon Ngong Man, s’y était installé quelques années plus tôt. A sa naissance, son nom, le même que celui de son père, est hispanisé et devient Gomán. Très tôt, l’artiste est attiré par le dessin. En 1954, Gaspar Gomán, qui est instituteur à Santa Isabel, obtient une bourse pour des études d’arts plastiques à l’Ecole supérieure des beaux-arts de Barcelone en Espagne. En 1960, il retourne en Guinée équatoriale et commence à y enseigner l’histoire de l’art, en même temps qu’il expose ses œuvres.
En 1972, Mbouombouo Njoya, alors ambassadeur du Cameroun en Guinée équatoriale, l’encourage à s’installer au Cameroun, un pays qui est le sien, et dont il ne sait finalement pas grand-chose. A Yaoundé, il enseigne l’espagnol dans des lycées, tout en continuant à peindre. En 1973, Gomán présente sa première exposition au Cameroun, au Ccf de Yaoundé. Au cours de sa seconde exposition toujours dans ce centre, il fait une rencontre déterminante pour la suite de sa carrière. L’architecte français Arman Salomon le sollicite pour réaliser des mosaïques sur les batiments qu’il construit. Avec lui, il travaille sur les batiments des ministères des Finances et des Postes, de même qu’à la Béac à Brazzaville. Ses œuvres, il les signe tout implement Gomán.
A peine sorti de l’école, l’artiste a choisi de se libérer des codes picturaux académiques pour inventer une expression libre, propre à lui. Ses techniques sont multiples : gouache, huile, gravure, dessin, aquarelle, mosaïques … « Sa peinture est une synthèse entre une influence de la peinture occidentale de la première moitié du XXe siècle (Gauguin, Matisse, Picasso…) et une iconographie purement ethnographique dans un style expressif des premières peintures africaines sur chevalet », lit-on dans le catalogue de ses œuvres publié par le Ccf.
Au rang des actions entreprises pour faire connaître cet artiste, un documentaire de 26 minutes a été réalisé par Mboumbouo Njikam Mama pour retracer son histoire. Mais Gomán n’a pas dit son dernier mot. L’artiste qui se définit comme persévérant continue à travailler d’arrache-pied, à 82 ans.
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