mercredi 1 décembre 2010

Médias : Les misères du journalisme culturel au Cameroun


La pratique du métier bute sur de nombreuses difficultés, allant de l'amateurisme des acteurs au manque de considération au sein des rédactions.

Du 20 au 26 novembre 2010, la 18ème édition des Rencontres théâtrales internationales du Cameroun (Retic), en partenariat avec la Cameroon art critics (Camac), a organisé à Douala et à Yaoundé un atelier de formation sur le journalisme culturel, animé par Laure Malécot, journaliste culturelle française. Ambroise Mbia, le promoteur des Retic, explique qu'il est nécessaire pour la culture camerounaise d'avoir des journalistes bien formés qui savent de quoi ils parlent.

A ce propos, les artistes, premiers concernés par le travail de cette catégorie de journalistes, ne tarissent pas de critiques. « Il n'y a pas beaucoup de journalistes culturels au Cameroun », lance le musicien Roméo Dika. Il en veut pour preuve le fait que « parfois, un journaliste culturel fait des commentaires inappropriés sur un album alors qu'il n'y connaît rien ». Cette ignorance est aussi relevée par le metteur en scène Jacobin Yarro : « Les journalistes culturels n'ont pas le langage professionnel adéquat. Lire un spectacle, par exemple, veut dire qu'on est capable de décoder les codes utilisés par les artistes. Sur le plan culturel, on a besoin que les journalistes culturels se forment à la lecture des différents formes d'expression artistiques et se cultivent ». Or, jusqu'à présent, regrette-t-il, le journalisme culturel ne va pas au-delà du simple reportage classique, et aborde rarement la critique artistique.

L'absence de formation n'est pas le seul problème auquel font face les journalistes culturels. Parfait Tabapsi, le président de Camac, l'association des journalistes culturels du Cameroun, en a recensé d'autres : « Un : il y a des rédactions qui n'ont pas du tout de rubrique culture, notamment à la radio et à la télévision. Et même quand la rubrique existe, elle n'est pas toujours régulière. Deux : les gens ne viennent pas toujours en culture par passion, et l'un des combats de Camac est que les gens fassent le journalisme culturel par conviction». Justin Blaise Akono, le chef de la rubrique culture à Mutations, lui, explique que la première difficulté à la pratique de son métier est interne. Il vient du manque de reconnaissance du travail des journalistes culturels qui fait rarement la une, en dehors des polémiques. « La page culture peut sauter à tout moment pour laisser la place à la publicité. Quand on se retrouve avec deux pages au frigo, on n'est pas motivé à aller sur le terrain couvrir l'actualité », se plaint-il. Serge Edzou, directeur des programmes à Magic Fm, estime que la culture est très souvent lésée face aux effectifs insuffisants dans les rédactions.

Pour Laure Malécot, les journalistes culturels camerounais s'en sortent déjà pas mal : « ile ne sont pas aidés par le contexte au niveau du manque de matériel et du manque d'information, mais ils son prolifique. Maintenant, il faudra évoluer vers un mieux ». Et ce mieux passe par la formation. « Cet atelier nous renforcent dans notre conviction que nous sommes sur la bonne voie et nous permet d'affiner notre art. Notre souhait est que de telles initiatives se multiplient », espère Parfait Tabapsi.

Stéphanie Dongmo

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