Adolarc Lamissia a été interrogé pendant plusieurs heures le 10 décembre 2010 à Ngaoundéré, à la suite d'un article sur la tentative d'assassinat du commandant du 5e Bir.
Vendredi 10 décembre 2010, Adolarc Lamissia, journaliste au quotidien Le Jour, a été interpellé à Ngaoundéré par des militaires et conduit à l'antenne Semil (Sécurité militaire) de l'Adamaoua. Entre 16h et 22h15, notre collègue y a subi deux interrogatoires, l'un mené par le chef de la division des enquêtes à la Semil, l'adjudant chef Boubakary Issa, et l'autre par le chef d'antenne de la Sémil qui lui a dit exécuter ainsi les ordres conjoints du gouverneur de la région de l'Adamaoua, Enow Abrams Egbe, du commandant de la 3ème région militaire et du ministre de la Défense, Edgard Alain Mebe Ngo'o.
Cet interrogatoire n'avait qu'un seul but : obtenir d'Adolarc Lamissia le nom de sa source d'information, en rapport avec la tentative d'assassinat du commandant du 5ème Bir par un sergent, le 08 décembre 2010 à la place des fêtes de Ngaoundéré, à l'occasion de la célébration des 50 ans de l'armée camerounaise. L'article, paru dans Le Jour vendredi dernier, donnait, du reste, la parole au commandant du 5ème Bir, le lieutenant colonel Tiokap Lotti.
Pendant l'audition, les responsables de la Semil ont fait défiler plusieurs agents de la Semil devant Adolarc Lamissia pour qu'il identifie sa source d'information. Mais le journaliste est resté ferme. Le commandant de l'antenne Semil lui a dit qu'il ferait tout pour qu'il soit poursuivi par le procureur de la République pour « ingérence et tentative de nuire à l'armée camerounaise ». Adolarc Lamissia a finalement été libéré après avoir subi plus de six heures d'audition, des tortures psychologiques et des insultes, d'après ses déclarations.
Menaces de mort
Samedi, 11 décembre dernier, aux alentours de 16h, notre collègue a été abordé par un homme qui s'est présenté à lui comme étant le substitut du procureur de la République près le parquet de la Vina. Il lui a demandé de se rendre audit parquet ce lundi matin, de même qu'à la brigade de recherche de Ngaoundéré pour être entendu, sans toutefois lui donner de convocation écrite. Depuis lors, Adolarc Lamissia reçoit des appels anonymes des personnes qui lui promettent la mort.
Suite à l'interpellation du journaliste, le Syndicat des journalistes employés du Cameroun (Sjec), dans un communiqué signé de Denis Nkwebo, secrétaire national à la communication chargé des alertes, et publié le 10 décembre, a condamné « cette tentative manifeste de violation du secret des sources ». Le Sjec a par ailleurs encouragé Adolarc Lamissia à s'abstenir de toute déclaration à la Sémil, et appelé tous les journalistes camerounais à se tenir prêts à répondre aux mots d'ordre éventuels contre « cette agression inutile ».
Stéphanie Dongmo
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