mardi 1 mars 2011

Fespaco 2011 : La saga du royaume bambara de Ségou

La série historique « Les rois de Ségou » du réalisateur malien Boubacar Sidibé qui raconte la fondation et l’apogée de ce royaume du 18ème siècle est en compétition dans la catégorie fiction Tv.

L’histoire du royaume bambara de Ségou est devenue une légende. Plusieurs historiens ont essayé de la raconter, sous différentes versions avec pour dénominateurs communs le drame et le merveilleux. L’écrivaine guadeloupéenne Maryse Condé avait déjà écrit la chute de Ségou dans un roman éponyme. Boubacar Sidibé, lui, a choisi de remonter à sa genèse dans une série télévisée de trois saisons de 21 épisodes de 26 minutes, « Les rois de Ségou », produit par l’Office de radio télévision du Mali (ORTM), Brico-films et Sarama films. La série écrite et réalisée par Boubacar Sidibé brosse, sur 105 années, l’histoire des quatre rois qui ont conduit Ségou à son apogée : Biton, N’Golo, Monzon et Da.
L’intrigue de la première saison nous plonge dans un village malien du 18ème siècle. Par une suite d’heureux hasards, Biton Coulibaly, un paisible chasseur, se voit intronisé comme chef du village, pour le protéger des brigands. Devenu puissant grâce aux djinns, il déjoue les intrigues de ses ennemis. Si les hommes ont le beau rôle dans cette série, les femmes ne sont pas moins présentes et, surtout, manipulatrices. Au point où Boubacar Sidibé fait dire à l’un de ses personnages : « Jamais l’homme ne peut cerner les multiples facettes de la femme ». L’humour féroce de Sidibé permet de rafraîchir cette série historique. C’est le cas notamment lorsque, dans le premier épisode, un mari détale à l’arrivée de brigands en abandonnant sa femme. Ici, rien n’a été laissé au hasard : les décors naturels ou implantés sont grandioses, les gros plans que le réalisateur a privilégiés permettent de saisir l’expression des personnages dans une société où le silence est d’or. La série est honorablement portée par ses acteurs, notamment Kary B. Coulibaly, superbe dans le rôle du griot dans lequel il avait déjà excellé dans « Dou » du même réalisateur. Une série dans laquelle Boubacar Sidibé a largement puisé les acteurs de « Les rois de Ségou », les comédiens sachant jouer en français ne courant pas les rues au Mali, d’après ses explications.
Pour combler les non-dits de l’histoire et la faiblesse des résultats de la recherche documentaire qu’il a menée pendant un an, Boubacar Sidibé a mis en marche son imagination, avec plus ou moins de bonheur. Ainsi, de longs faux ongles ont été placés sur les doigts des djinns, au risque de frôler le grotesque et la caricature. Les Rois de Ségou en s’intéressant à l’Histoire inaugure un genre nouveau dans les séries TV africaines. Pour le réalisateur, le passé permet de mieux appréhender le futur.
Cette série est en compétition dans la catégorie Fiction T.V à ce 22ème Fespaco. Par le passé, Boubacar Sidibé avait remporté deux prix au Fespaco : meilleur film de fiction Tv en 2001 avec « Séko » et en 2003 avec « Sanoudje ».
Stéphanie Dongmo à Ouagadougou

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