« La saison des funérailles », un documentaire réalisé à l'Ouest-Cameroun par le Canadien Matthew Lancit, a été programmé à la 22ème édition du Fespaco.
Matthew Lancit est un réalisateur canadien qui compte à son actif sept courts-métrages, présentés essentiellement dans des festivals. En 2008, il débarque au Cameroun pour retrouver sa fiancée, Blandine Barlet, venue quelques années plus tôt pour préparer une thèse qui s'éternise. Profitant de son séjour, Matthew visite le pays. Au gré de ses pérégrinations, il arrive à Dschang. Ici, il loge dans une maison qui jouxte la morgue. Toutes les fins de semaine, Matthew voit passer des dizaines de corps. Curieux, il décide de suivre le parcours de ces cercueils qu'emportent des corbillards. C'est ainsi qu'il apprend qu'après l'inhumation, tout n'est pas fini. Car, des funérailles en mémoire du mort seront organisés le lendemain de l'inhumation, et souvent plusieurs années plus tard. Il décide d'en faire le sujet d'un documentaire.
« La saison des funérailles », tourné en anglais et sous-titré en français, promène le spectateur au cœur du pays bamiléké, d'une cérémonie de funérailles à une autre. Bamougoum, Dschang, Bana, Bafang, Bangang, Bamougou, Nwangong sont quelques villages où les guides et les amis de Matthew Lancit l'ont conduit. Ici, une famille peine à organiser les funérailles du père. Pendant des années, elle organise des cotisations, sans jamais réunir la somme nécessaire. Là, des funérailles d'une femme battent leur plein. La fête est belle et populaire. Coups de feu tirés en l'air, fanfare et danseurs traditionnels sont au rendez-vous, des messes d'actions de grâces aussi.
Matthew Lancit réussit à saisir la christianisation de cette cérémonie traditionnelle en filmant des messes d'action de grâces qui se tiennent à côté des danses rituelles. Au passage, il campe le conflit de perception désormais au cœur des funérailles, en interrogeant une mère et son fils. Le fils, en l'occurrence le réalisateur camerounais Gervais Djimeli Lekpa, affirme que dans un contexte de pauvreté et au vu des sommes folles dépensées, les funérailles devraient être bannis. Sa mère, elle, n'a qu'un rêve : qu'après sa mort, ses enfants lui donnent des funérailles « dignes ».
Au fil de ses incursions au cœur du pays où « les morts ne sont pas morts », Matthew Lancit se souvient de ses parents décédés et essaie de faire le parallèle entre ces funérailles et la coutume juive dont il est issu. Sans grand succès cependant. A travers ce documentaire ethnologique, le réalisateur pose un regard, à la fois neuf et étranger sur une coutume qui a déjà fait l'objet d'autres films. Sa caméra est parfois trop indiscrète. Par exemple, lorsqu'il s'attarde à filmer des cercueils qui sortent de la morgue, un corps que l'on met en terre ou le crâne d'un ancêtre conservé dans une maison.
Le film est tourné avec une caméra numérique et sa qualité technique n'a visiblement pas été la préoccupation première de son auteur : le son est approximatif, l'image est souvent chancelante et les plans manquent de justesse. Matthew Lancit est par ailleurs resté superficiel sur une tradition qui touche à l'essence même d'un peuple qui la perpétue de génération en génération. Il se contente ainsi de raconter les dépenses, les extravagances et les agapes, sans creuser la symbolique et l'imaginaire qui sous-tendent les funérailles. Avec beaucoup de légèreté, il a clôturé le film par des photos de son mariage avec Blandine Barlet, en 2009 au Canada.
Après le Festival international du film ethnologique à Belgrade en octobre dernier, « La saison des funérailles », sorti en 2010, a été programmé à la 22ème édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision (Fespaco), du 26 février au 05 mars 2011.
Stéphanie Dongmo à Ouagadougou
Fiche technique
Titre anglais : Funeral Season
Réalisateur : Matthew Lancit
Producteurs : Matthew Lancit, Laura Hudock
Voix : Matthew Lancit
Durée : 86 mn
Genre : société
Type : documentaire
Année de sortie : 2010
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