mardi 15 mars 2011

Cinéma : Une projection sous les étoiles du Faso

En marge du Fespaco, Africalia, à travers son projet Cinetoile, et le réseau Cinéma numérique ambulant ont diffusé un film dans le village Pitmoaga, à 45km de Ouagadougou.

Pitmoaga. Un village pittoresque situé à l’ouest du Burkina Faso, à 45 km de Ouagadougou. Pour la seconde fois, la bourgade d’environ 6000 habitants a accueilli, mercredi 02 mars 2011, une projection gratuite en plein air, organisée en marge du Festival panafricain du cinéma et de la télévision (Fespaco) par l'association belge Africalia, à travers son projet Cinetoile, en partenariat avec le Cinéma numérique ambulant (Cna) du Burkina Faso, sur financement de la Commission européenne.

A l’entrée du village, de grands baobabs dépouillés de feuilles accueillent les visiteurs : les équipes d'Africalia et du Cna, une trentaine de Belges venus assister au Fespaco dans le cadre du programme d’Africalia Yéelba Fespaco, et des journalistes. Il est 16h. Le sol est poussiéreux, l’air sec, le soleil haut dans le ciel. Ici et là, des maisons clairsemés sont vident de leurs habitants. Moutons et porcs se promènent non loin des greniers construits hors des barrières des concessions. Normal, nous sommes au pays des hommes intègres. « Yéelba », lancent en cœur les habitants du village amassés dans la cour de l’école primaire de Pitmoaga. Ils disent « bienvenue » en mooré, la langue des Mossi, l’ethnie majoritaire au Burkina Faso. Le chef du village et le maire de la commune rurale de Kokologho sont là aussi.

Pieds poussiéreux, tignasse mal peignée, vêtements sales et déchirés par endroits, les enfants ont les yeux qui brillent et le sourire large. Assis à même le sol, ils tendent le cou pour voir les nouveaux arrivants. Ceux-ci prennent place sur des chaises installés dans la cour de l’école. Le spectacle peut commencer, par un concours de chant et de danse. Une dizaine d’enfants monte sur le podium pour prester, avec l'ambition de décrocher T-shirts et argent. Floby, artiste montant de la scène burkinabé, donne ensuite un concert d’une heure.

19h. La nuit est tombée, l’air s’est rafraichie, les étoiles brillent dans le ciel. La projection peut commencer. « Buud yam » (1h37, 1997), un film du réalisateur burkinabé Gaston Kabore, Etalon d'or de Yennenga en 1997, est à l’honneur ce soir. Le long métrage a été tourné en mooré pour le plus grand bonheur des villageois, et est sous-titré en français pour celui des étrangers. A la fin de la projection, c’est en masse que les plus de 500 personnes présentes vont se diriger vers le buffet de fortune dressé sur la place du village. Jus de baobab, gigots de mouton grillés et frites de pommes de terre sont dévorés avec grand appétit, dans l’obscurité de Pitmoaga.

Stéphanie Dongmo à Pitmoaga

2 commentaires:

  1. Félicitations pour cet article auquel il faut apporter deux précisions. Le CNA est un réseau d'associations qui gère des cinémas ambulants en Afrique de l'Ouest. Ce réseau est composé d' associations locales (CNA Bénin, CNA Niger, CNA Mali, CNA Burkina), qui gèrent chacune un certain nombre d'unités de projections(11 au total). Il s'installera cette année au Togo, au Sénégal et au Cameroun avec l'aide de l'Union européenne dans le cadre d'un projet baptisé CNA Afrique. Ce n'est pas le CNA qui est installé dans les pays que vous citez Afrique du Sud, Kenya, Ouganda, Rdc, Tanzanie et Zimbabwe. Ce sont différents opérateurs réunis par le projet Cinétoile qui est un programme financé par l'Union Européenne, initié et géré par l'opérateur culturel belge Africalia. Cinétoile a réuni pendant deux ans ces différents opérateurs dans les pays qui par ailleurs ne font pas tous du cinéma itinérant. Le CNA Mali et le CNA Burkina membres du CNA Afrique représente l'Afrique de l'Ouest dans le réseau Cinétoile.
    D'autre part, vous parlez de projections gratuites. Le CNA refuse cette appellation, même si effectivement il milite contre le paiement individuel des places qui le priverait de 90% de son public. En revanche, il travaille quotidiennement à la mise en place d'une prise en charge collective d'une partie du coût de la projection par les spectateurs eux mêmes. Le cinéma n'est pas gratuit, il est important de le rappeler.

    RépondreSupprimer
  2. Merci beaucoup pour vos commentaires qui m'aident à m'améliorer.
    J'aimerais beaucoup apprendre sur le Cna lorsqu'il s'installera au Cameroun. N'hésitez pas à me contacter lorsque cela se fera.
    Merci encore

    RépondreSupprimer