Portrait du producteur qui a financé la campagne d'Odile Ngaska.
Il y a quelques années, il faisait son entrée dans la musique camerounaise où il s'est constitué une véritable cour d'artistes et d'animateurs qui l'appellent «président» ou encore «An 2000». Jacky Biho s'est fait tatouer «RT» sur le bras ; Sam Mbende le définit comme «un monument de la musique camerounaise» ; Ekambi Brillant dit qu'il fait «du bon boulot» et Ama Pierrot le qualifie d'«envoyé de Dieu». Raymond Tchengang le leur rend bien. Il aime les artistes, il le clame à qui veut l'entendre. Tant et si bien qu'il a investi 106 millions Fcfa pour financer la campagne d'Odile Ngaska à la course pour la présidence du conseil d'administration de la Socam. En récompense, il a reçu un fauteuil d'administrateur.
Il dit avoir produit une centaine d'artistes à la maison RT&Stars dont il est le président directeur général. Les plus populaires de cette écurie semblent être Junior Sengard, Jean-Pierre Essome, Ledoux Marcellin et Guy Watson. Ce dernier artiste l'a assigné en justice en juillet dernier. Le père de la «mignoncité» dénonce le contrat passé avec son producteur qui, d'après lui, le spolie de ses droits. Mais RT&Stars c'est fini, Raymond Tchengang met la clé sous le paillasson. Il pourra toujours se tourner vers une autre catégorie d'artistes, les cinéastes. Il a ouvert sa porte au cinéma en produisant le film «Dr Folie» du Congolais Michael Kamuanga, dans lequel jouent Meiway et Fingon Tralala.
Feyman
Les gens disent de lui qu'il a beaucoup d'argent. Raymond Tchengang ne dément pas. Au contraire, il se vante d'avoir offert une belle campagne à Odile Ngaska, par exemple, «du jamais vu au Cameroun». Aussi, regrette-t-il aujourd'hui, «Mme Ngaska est entourée de gens qui ont faim». D'ailleurs, un conseil gratuit au ministre de la Culture : créer une règlementation qui stipule que pour être candidat au poste de Pca d'une société de gestion collective, il faut déposer une caution de 50 millions Fcfa. Pas moins. Sur l'origine de sa fortune, motus et bouche cousue. Raymong Tchengang consent cependant à expliquer qu'il gère les biens de son père décédé, notamment la société immobilière RTM, dont le siège se trouve en France. Le producteur a pourtant déclaré, sur une autre tribune, être né d'une famille très pauvre. Les mauvaises langues ne cherchent pas midi à quatorze heures : c'est un feyman. L'accusé réplique: «un bandit n'est pas un homme de média, on me voit partout». Ce qu'il semble bien apprécier.
Né le 16 janvier 1969 à Mbiam, par Yabassi, dans le département du Nkam, Raymond Tchengang a grandi à Nkongsamba. Sa philosophie? «Lorsque vous avez de l’argent, il ne faut pas marcher avec ceux qui sont riches, mais plutôt avec les pauvres». Son nouveau combat? Réconcilier la Cmc et la Socam. Une entreprise hasardeuse. Mais c'est volontiers se présente comme l'agneau immolé sur l'autel du droit d'auteur.
Stéphanie Dongmo