jeudi 1 mars 2012

C2D culture : Une commission pour évaluer les projets


Mise sur pied par une association de cinéastes, elle reçoit des dossiers qui postulent au financement des 524 millions FCfa bloqués à la Béac jusqu’au 15 avril 2012.

Des membres de l'Ocapac. De g à d. J-P Bekolo, F. Noukiatchom et Dikonghué Pipa

L’Organisation camerounaise des professionnels du cinéma et de l’audiovisuel (Ocapac) a donné une conférence de presse mardi au siège de la Société civile des arts audiovisuels et photographiques (Scaap) à Yaoundé. Il était question de faire le compte rendu d’une réunion tenue plus tôt dans la journée entre des cinéastes et le secrétaire général du ministère des Arts et de la Culture (Minac), Manaouda Malachie. Il était aussi question de présenter la commission mise sur pied à l’issue de cette réunion.

Il ressort de cette conférence que le Minac a proposé à ce financement C2D l’achat du matériel cinématographique et le soutien du projet « Shoot your films in Cameroon ». Lancé l’année dernière au festival de Cannes, ce projet vante nos sites touristiques pour inciter les producteurs à venir tourner leurs films au Cameroun. Des propositions balayées d’un revers de la main par l’Ocapac. « Ces projets ne peuvent en rien relancer le cinéma camerounais », souligne Jean-Pierre Bekolo. 

Aussi, l’Ocapac a-t-elle décidé de mettre sur pied une commission cinéma placée sous sa responsabilité. Cette commission, en cours de composition, sera constituée de 9 professionnels du cinéma et de l’audiovisuel, d’un représentant du Minac et d’un représentant de la France. La commission, d’après ses fondateurs, est chargée de l’étude des projets à financer, dans le but de « relancer de manière permanente le création cinématographique au Cameroun ». Le projet doit être un film camerounais qui présente une faisabilité financière rentable et comporte un nombre majoritaire d’éléments de la culture camerounaise. Les dossiers sont à déposer jusqu’au 15 avril 2012 au siège de la Scaap. 

Crédits remboursables
Pour cette année, le budget de cette commission est fixé à 800 000 euros (environ 524 millions FCfa), représentant la totalité du financement du C2D culture bloqué à la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Béac) depuis plus d’un an. Jean-Pierre Bekolo explique que le cinéma doit être prioritaire, car il est fédérateur de tous les arts. Les financements octroyés dans le cadre de ce programme seront des crédits remboursables. La commission a écarté les festivals et les écoles de cinéma, bref, les projets qui ne rentrent pas dans la production des films. Les projets sélectionnés selon des critères définis seront soumis au ministère des Arts et la Culture, avec ampliation à l’ambassade de France au Cameroun. Cependant, cette commission, qui ne rassemble pas tous les professionnels du secteur, n’est pas la voie exclusive de soumission des projets au financement du C2D culture. 

Jean-Pierre Dikongué Pipa, le président général de l’Ocapac, prévient : « nous voulons sauvegarder le cinéma et l’audiovisuel. Nous irons jusqu’au bout, et au besoin, nous savons manifester ». Jean-Pierre Bekolo ajoute : « il y a un risque que notre projet soit rejeté mais nous entrons dans la danse. Pour une fois, on a un allié et un allié de taille. Si on a la France, Paul Biya va agir ».
Stéphanie Dongmo


Présentation de la Commission cinéma par l’Ocapac

1. Qu’est-ce que la commission cinéma?   
La commission cinéma est un groupe composé de professionnels camerounais du cinéma et de l’audiovisuel et placé sous la responsabilité de l’OCAPAC.
La dotation du Fonds est de 800 000 euros pour l’année 2012.
Le fonds est géré par le SCAC (Ambassade de France).

2. Objectifs
La Commission Cinéma est chargée de l’étude des projets en vue de la dotation d’un financement pour la production cinématographique et audiovisuelle. Les fonds proviennent du financement octroyé par la France au Gouvernement Camerounais pour le développement de la culture, dans le cadre du programme C2D Culture, dans le but de :
• Relancer de manière permanente la création cinématographique au Cameroun ;
• Financer et mettre sur le marché international et national des productions camerounaises capables de générer d’importants revenus pour l’industrie cinématographique.

3. Cadre d’intervention
Toute production cinématographique (fiction ou documentaire) et télévisuelle.
Le projet doit être :
• un film camerounais produit par une société de production de droit camerounais ;
• un film camerounais coproduit par une société de production étrangère ;
NB : le film doit être réalisé par un camerounais.
Le projet doit remplir les critères suivants :
• Comporter un nombre majoritaire significatif d’éléments de la culture camerounaise (contenus, thèmes, scénario, comédiens) ;
• Être composé d’une équipe technique de professionnels camerounais majoritairement du Cameroun dans les fonctions principales utilisant des moyens techniques (tournage, montage et éventuellement finition) ;
• Présenter une faisabilité financière réaliste, matérialisée par un plan de financement non contestable.
• Présenter un plan marketing avec des projections de rentabilité sur la vente du film.
Les dossiers doivent être présentés par :
Une société de production juridiquement constituée en partenariat avec une société de distribution, de vente ou un diffuseur. Le producteur doit agir comme producteur délégué, garant de la bonne fin.
Les formulaires sont conjointement signés par le Producteur et le Réalisateur.
• Un même Réalisateur ne peut présenter qu’un seul projet par session.
• Une même société de production ne peut soumettre qu’un maximum de trois (3) projets à la Commission Cinéma.

4. Les interventions du fonds?
Les fonds prévus pour le financement seront prioritairement affecté à l’aide à la production.
Les barèmes maximum applicables aux produits cinématographiques sont les suivants :

Subventions (en euros)
Longs métrages Cinéma
Longs métrages
Fiction TV

Série TV
Aide à la production
75 000 €
35 000 €
30 000 €










Aucune production, en cas de plusieurs interventions complémentaires du Fonds, ne peut dépasser le montant maximal autorisé au titre de l’aide à la production.

5. Les contreparties exigées 
• Mention du soutien du Ministère de la Culture/Financement C2D au générique de début et de fin et sur tout document promotionnel selon la formulation précisée dans la convention de financement;
• Remise du produit fini selon les spécifications suivantes :
-deux (2) copies sur support DVCAM, de qualité PAD
-quatre (4) DVD        

6. Examens demandés
Les dossiers reçus font l’objet d’une instruction technique effectuée par le Secrétariat de la Commission Cinéma.
Cette instruction porte exclusivement sur la vérification de la conformité et du caractère complet des dossiers.            
Les dossiers non conformes ou incomplets sont déclarés irrecevables.
Les dossiers sont examinés par la Commission Cinéma composée de (à déterminer) professionnels représentatifs du milieu cinématographique et audiovisuel camerounais.
Elle comprend :
• Trois réalisateurs ; • Un artiste-interprète ; • Un diffuseur ; • Deux producteurs ;• Un scénariste ;• Un technicien ;• Un représentant de la du SCAC ;• Un représentant du Ministère de la Culture.
La Commission statue de façon indépendante et en dernier recours et remet des avis motivés à l’OCAPAC en se fondant sur les critères suivants :
• L’originalité du sujet ; • La qualité du scénario ;
• La mise en valeur du patrimoine culturel camerounais ;
• L’implication effective de personnels qualifiés camerounais (artistiques et technico-artistiques) et l’utilisation de moyens techniques disponibles au Cameroun ;      
• La cohérence et le réalisme du budget en fonction du genre de produit, de la durée et du support de tournage ;
• Le réalisme et la fiabilité du plan de financement ; • La réalité des accords de coproduction ;
• Le calendrier de production.

Comment soumettre les projets ?
Les dossiers sont à présenter sur un formulaire disponible auprès du Secrétariat de la Commission Cinéma ou sur son site.    
Le formulaire doit être conjointement signé par le responsable de la raison sociale appelée à agir comme producteur délégué qui s’engage sur l’exactitude des informations communiquées et, le réalisateur.
Tout formulaire incomplet entraînera le rejet du dossier.
Le formulaire doit être accompagné d’un dossier justificatif en neuf (10) exemplaires.

Liste des pièces obligatoires composant le dossier administratif et financier
Aide à la production
• Le formulaire de présentation de projet ; • Une note de synthèse du producteur (objectifs, description sommaire, public visé) ; • Le synopsis ; • Le scénario ; La note d’intention du réalisateur/auteur• Le curriculum vitae du réalisateur ; • Le curriculum vitae du producteur ;
• Le budget de production détaillé ; • Le plan de financement ; Le plan marketing du projet
• Les copies des accords de coproduction (en cas de coproduction) ; • Le calendrier d’exécution détaillé mentionnant la date du début du tournage, la durée du tournage, la date du début de la postproduction, la durée de la postproduction et la date prévisionnelle de livraison du produit fini ; • Les statuts de la société ou les documents légaux ;
• Les copies des contrats de cession de droits avec l’(les) auteur(s) du scénario et le(s) réalisateur(s) indiquant expressément le montant et le mode de rémunération ;
• La liste des techniciens avec leur fonction ;

Date de soumission des projets
La Commission se réunit une fois :
Tenue de la session : Mai 2012
Date limite d’acceptation des dossiers : 15 Avril 2012

7. Décisions de subvention
Toutes les décisions positives ou négatives sont notifiées, exclusivement par écrit ;
Les décisions positives mentionnent le montant de l’aide accordée par La Commission Cinéma. Un contrat sera proposé pour tout projet ayant reçu avis favorable.
Les décisions négatives indiquent l’avis motivé de la Commission.

8. Dépôt de dossiers  
Les dossiers doivent être déposés au siège de la SCAAP, sis à Bastos - Yaoundé
Les formulaires sont disponibles sur le site Internet de l’OCAPAC.
Les résultats des travaux de la Commission sont communiqués uniquement par écrit. Aucune contestation sur les décisions ne pourra être prise en compte.
L’Ocapac

2 commentaires:

  1. Bonjour,
    J'ai essayé de parcourir tout votre blog, sachant que vous êtes aussi acteur pour la naissance d'une véritable industrie du Cinéma au Cameroun, en tant que présidente de CNA et participante à d'autre regroupement du domaine de la culture.
    Eh bien je trouve dommage qu'il n'y ait pas un seul mot ou un seul article sur notre grand voisin le Nigeria qui a certes ses propres difficultés mais qui a prouvé que l'on pouvait asseoir une véritable industrie de cinéma (Nollywood) fait d'abord par les africains et pour les africains. Industrie nigériane qui étends ses tentacules partout en Afrique, même dans les pays qui n'ont pas l'anglais comme langue officielle.
    Dans nos pays francophone, on s'agrippe toujours à compter sur l'occident, particulièrement la France, pour qu'ils viennent nous aider et montrer comment nous devons faire. Alors que notre voisin, qui vit et connais les même difficultés que nous (et s'en sort sans l'aide étrangère), pourrait d'abord nous enrichir de son expérience avec des partenariats gagnant-gagnant, avant de penser à d'eventuelles collaborations avec l'occident. D'ailleurs, c'est ce qu'à fait le Ghana pour sauver son industrie du Cinéma (vers la fin des années 90) et aujourd'hui on voit bien des acteurs venant des deux pays jouer dans un film ghanéen ou nigérian.
    Certes c'est du home vidéo Cinéma pour l'essentiel de leur production. Et les films de cinéma sont peu mais quand même existant et cela se fait grâce a cette grande base du home vidéo. C'est un cheminement long mais ils ont atteint tous seuls un niveau très très avancé par rapport à nous qui sommes tout le temps "aidés" par la France et d'autres organismes connexes.
    Je ne veux pas dire qu'il faut éviter de faire quoi que ce soit avec la France (je préfère quand même les partenariats gagnant-gagnant et non l'aide, c'est à nous de voir ce qu'on peut leur offrir dans ce domaine) mais le bon sens voudrait qu'on s'inspire d'abord de ce qui marche tout juste à côté de nous. Surtout que nous somme bilingue.
    J'ai vu beaucoup d'articles que vous avez faites un peu partout dans les pays africains francophones (Mali, Niger, Burkina, ...) par rapport à la situation de l'industrie du cinéma dans leur pays. Mais rien sur le Nigeria qui est plus proche de nous que ces pays et qui présente un modèle qui marche assez bien. Pourquoi?
    Sachons prendre nous même notre destin en main!
    Pourquoi ne faites vous pas assez écho de cet example qui porte déjà des fruits et qu'on peut d'abord commencer à copier (en adaptant bien sûr)?

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    1. Bonjour Cédric,
      Merci beaucoup de visiter mon blog et surtout, d’avoir pris la peine de m’écrire.
      Toutes vos remarques sont pertinentes et me montre que, tout comme moi, la cause de notre cinéma vous tient à cœur.
      Effectivement, l’industrie du film de Nollywood est un exemple de réussite qui mérite d’être salué à sa juste valeur. Si vous parcourez bien les articles que j’ai écrits en 2010, vous verrez que cet exemple a commencé à être copié par des cinéastes camerounais, pour la plupart originaires des régions anglophone de notre pays (Nord-Ouest et Sud-Ouest). Ces cinéastes se sont regroupés au sein d’une association baptisée Cameroon film industry, pompeusement appelé Collywood. Ils produisent en moyenne 150 films par an, des home video copiés sur le modèle du voisin nigérian. Je dis pompeusement parce que, à mon sens, le but final d’une industrie est, au-delà de la production d’un produit, d’employer des gens et de permettre leur épanouissement. Ce qui n’est pas encore le cas au Cameroun. Dans l’économie camerounaise, Collywood a un si faible apport qu’on ne peut pas encore parler d’industrie. Les acteurs, les techniciens ne sont pas payés par exemple. Or, une industrie ne peut pas se construire sur le bénévolat.
      Nollywood m’intéresse tout autant que vous. Mais je n’écris des articles qu’au gré de mes voyages. Je ne suis pas encore allé au Nigéria, et j’espère que ce voyage sera pour bientôt. Je ne voudrais pas parler de Nollywood à partir du Cameroun, mon article serait sans intérêt, d’autant plus que sur internet, il y aura une pléthore d’articles similaires. J’essaie, autant que faire se peut, surtout en ce qui concerne le cinéma africain, d’écrire des articles originaux, qui apportent quelque chose de nouveau à celui qui le lit.
      Concernant le financement des films africains par les pays occidentaux, qui peut en vouloir aux cinéastes de se tourner vers ceux qui leur tendent la main quand leurs gouvernements leur ferment la porte ? C’est celui qui finance est celui qui décide aussi du contenu. Qui a l’argent a le pouvoir. Merci encore de continuer à visiter mon blog, merci surtout pour votre intérêt pour le cinéma africain.

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