Auteur-compositeur, arrangeur et producteur, Roméo Dika est né 1964 à Abidjan en Côte d'Ivoire. Le 11 décembre 2010, il organise un concert au palais des sports de Yaoundé pour célébrer ses 25 ans de carrière. Nous l'avons rencontré dans son studio sis au quartier Tsinga à Yaoundé. Il parle de ses débuts, des droits d'auteur, de ses démêlés avec le ministère de la Culture et de ses rapports avec la politique.
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Roméo Dika |
Vous célébrez vos 25 ans de carrière en décembre prochain. Pourquoi faire un arrêt maintenant?
Ce n'est pas un arrêt. Un arrêt veut dire qu'on est arrivé à l'apogée. Moi, je suis au début, j'essaie, à chaque étape, de faire le point. 25 ans de carrière, c'est une opportunité assez rare, surtout dans nos pays à forte paupérisation financière et culturelle. Avec la grâce de la providence, j'ai la chance d'atteindre 25 ans, pas dans l'anonymat. C'est aussi pour moi l'occasion de remercier le public qui, depuis tant d'années, m'a toujours gardé dans son cœur.
Quel le programme de cette célébration?
Le programme a été marqué déjà avec la sortie de mon nouvel album “You and me”, au mois d'août. Nous allons avoir une conférence de presse dans la période du 8 décembre, nous allons débattre entre nous, artistes, pour trouver les voies et moyens d'exposer aux pouvoirs publics notre vision de l'avenir de l'industrie culturelle et musicale au Cameroun. L'apothéose, c'est le 11 décembre au palais des sports de Yaoundé. Le concert commence à 20h00. On n'attendra personne. Les billets seront vendus à partir du 1er décembre par des hôtesses dans la rue, à nos bureaux à Tsinga et dans des supermarchés. Il y a des billets de 2500 francs. Les billets de 5000 francs donnent droit à un Cd de Roméo Dika. Ceux de 10 000 francs donnent droit à deux Cds: un de Roméo Dika, un autre de Mango ou de Claudia Dikosso.
Qui sont les artistes invités?
Moi-même, d'abord. Pour la première fois, je serai sur la scène à Yaoundé. Nous allons pouvoir revisiter mon reportoire, qui est riche de 10 albums, presque 120 titres. Il y aura Nkotti François et Salle John. Ils sont, avec Toto Guillaume, ceux que je considère comme mes parrains dans le domaine de la musique au Cameroun. J'aurai à mes côtés une amie de très longue date, Monique Séka, de même que AïJo Mamadou, Ntoumba Minka, Mango, Devis Mambo, Claudia Dikosso, Patou Bass, Mathematik de Petit Pays, Majoie Ayi, Abanda Kiss Kiss et le nouveau phénomène de la musique au Cameroun, Guy Watson.
Parlons de vos débuts. Comment êtes-vous arrivé dans la musique?
J'ai commencé au lycée de Manengouba. A l'époque, la culture semblait être le fondement de notre processus de développement. Dès le plus bas âge, la jeunesse était imprégné de deux choses: la culture et le sport. Au lycée de Manengoumba, on avait l'avantage d'avoir des instruments de musique; c'était au début des année 70. Par la suite, j'ai commencé à faire de petits cabarets à Douala et Nkongsamba. Je suis allé ensuite au Nigeria. Du Nigeria, je suis retourné en Côte d'Ivoire, où vivait mon père et où je suis né. Là-bas, j'ai joué avec l'orchestre de mon père, qui faisait beaucoup plus dans la musique classique, le jazz, ce qu'on appelait la musique intellectuelle. J'ai intégré l'orchestre les Zyglibithiens de feu Ernest Djedje, qui était l'une des méga-stars de la musique ivoirienne à cette époque. J'ai tourné avec lui une année, et lorsqu'il est décédé à Ouagadougou, j'ai décidé de partir en France.
Où vous êtes entré au conservatoire...
En France, un aîné, Toto Guillaume, me conseille d'aller au conservatoire pour apprendre la théorie musicale, parce qu'il sentait qu'au-delà de chanter, je pouvais aussi aider les carrières des autres. C'est comme cela que je suis entré au conservatoire de la Croix de Chavaux à Montreuil.
Quand arrive votre premier album ?
Le premier album dans lequel on entend ma voix ne porte pas mon nom, mais celui de Jules. C'est un artiste ivoirien qui, arrivé en studio, n'a pas pu chanter. J'ai posé la voix sur l'ensemble de titres et l'album a très bien marché en Côte d'Ivoire. C'était en février 1985. La même année, François Missè Ngoh arrive pour enregistrer. Je suis invité à interpréter un certain nombre de titres sur son album. Vers la fin de l'année 1985, je sors un album avec un groupe nigérian, comme compositeur et arrangeur. C'est en 1987 que je réalise mon premier titre solo.
En 1987, vous lancez le label DRI production...
DRI production est lancé en 1986, sous le nom de Avant-garde production. On ne savait pas qu'en France, la culture était très bien suivie. A la fin des années 86, nous avons eu les impôts derrière nous et nous avons changé d'appellation pour Dika Record International production, le 20 novembre 1986. Le premier disque que je produits sous ce label est celui de Barbara Akabla, qui, à l'époque, est une jeune chanteuse ivoirienne.
Plus tard, vous vous êtes offert un studio d'enregistrement...
J'ai fait un studio d'enregistrement ici à Yaoundé, à Elig-Essono, dans les années 97. Vivant à l'étranger à l'époque, j'ai confié les choses aux gens qui ne les ont pas bien gérées. Maintenant, le studio est installé à Tsinga.
En 2001, vous êtes élu vice-président de la Fédération internationale des musiciens et démissionnez quelques années après. Pourquoi?
Je suis devenu d'abord membre du comité exécutif de la Fédération internationale des musiciens en 1988. Je suis élu par la suite au poste de vice-président international à la Havane, à Cuba. J'ai démissionné en 2005 parce que je voyageais trop, je n'avais pas le temps d'organiser ma famille. Mon fils est né entre-temps, je voulais m'en occuper un peu plus. Par ailleurs, dans les organisations internationales, il y a un certain nombre de pressions auxquelles je ne voulais pas me soumettre. Je suis un homme de principes. Or, à un certain moment, il faut faire des compromissions. J'ai pris un peu de recul, mais, je suis toujours dans les instances de la fédération, qui s'occupe des questions liées à la propriété intellectuelle, à la défense des intérêts des auteurs.
Vous avez été secrétaire général de la défunte SOCINADA. Quel regard portez-vous sur la gestion des droits d'auteurs au Cameroun?
J'ai l'impression qu'on fait une confusion. Quand on utilise le mot gestion, cela renvoie immédiatement à l'argent. Or, on gère un patrimoine qui est immatériel, c'est son exploitation qui produit un certain impact qu'on transforme en numéraire. Lorsqu'aujourd'hui vous voyez la plupart d'entre nous squelettiques, croulants sous la maladie, incapables de se soigner, on n'a pas besoin de parler. A l'époque de la Socinada, mon salaire était de 75 000 francs le mois, celui du président du conseil d'administration était de 175 000 francs. Nous sommes très loin de cette réalité aujourd'hui, où les présidents [de conseil d'administration] touchent un million de francs. L'histoire seule répondra un jour.
Mais je peux dire que le destin de l'ex-Socinada a été une conspiration entre les acteurs qui étaient sensés animer l'action de politique culturelle nationale. Cela a été le plus beau gâchis en matière de gestion de droits d'auteur pour toute l'Afrique. La Socinada était un projet pilote de l'Unesco, qui est devenu une référence. On avait eu une subvention de 200 millions de l'Unesco pour la construction du siège et des agences de l'ex-Socinada, les gens au ministère ont voulu gérer ce pactole qui arrivait.
Aujourd'hui, quels sont vos rapports avec la Socam?
J'ai fait adhérer DRI production et moi-même à la Socam. Elle évolue dans un environnement assez confus, nous observons.
Vivez-vous de votre art?
Je ne me plains pas. Après l'ex-Socinada, j'ai été banni du ministère de la Culture pendant 10 ans, on m'avait interdit d'y accéder. J'ai vécu cela la mort dans l'âme. Même au sein des sociétés de gestion collective où on exploitait mes œuvres, on ne me payait pas. C'est lorsque le Pr Magloire Ondoa est désigné président de la Commission permanente de médiation que, finalement, on va me payer. Il y a des moments où on m'a payé 2911 francs de droits d'auteur ici au Cameroun, avec tout le répertoire que j'ai et tous les artistes que j'ai produits. Mais comme je ne vis pas de cela, je ne fais pas de polémique. Je pense que le plus important, c'est que les choses marchent.
On espère que le gouvernement va mettre la force qu'il faut pour que les artistes vivent de leur art, en amenant les usagers à s'acquitter du paiement de leurs droits. Aujourd'hui, on a beau accuser Odile Ngaska, la situation reste que quand on vous empêche de percevoir, vous ne pouvez pas payer les droits. Les produits contrefaits circulent librement. Si on n'arrête pas cela, comment voulez-vous que les artistes vivent de leur art? Quand vous organisez un évènement, tout le monde vous demande d'offrir les billets, d'offrir les Cds. Comment des gens qui travaillent peuvent quémander encore auprès des artistes qu'ils considèrent déjà comme des pauvres?
Vous avez évoqué le fait que vous avez été banni du ministère de la Culture pendant 10 ans. Que s'était-il passé?
A l'époque, il valait mieux encaisser que parler. Je suis quelqu'un de nature assez directe. On avait estimé, à l'époque, que j'avais dit des vérités à l'endroit de certains responsables du ministère. Il fallait tout mettre en œuvre pour me casser. Malgré tout ce que j'ai pu faire pour la musique camerounaise, c'est 25 ans après que j'ai été invité par le ministère pour chanter lors de la célébration du cinquantenaire. Pour vous dire vrai, cela m'a surpris moi-même. Et je suis content que cela soit arrivé sous Ama Tutu Muna.
Pourquoi?
Simplement parce que je la considère comme une soeur et parce que c'est une femme. Sans flagornerie aucune, je suis l'auteur-compositeur qui a composé le plus de grands succès dans les albums des autres artistes. Quand on parle de Grace Decca aujourd'hui, on ne peut pas oublier que c'est ma chanson, “Compréhension” qui l'a révélée au plan international. J'ai fait les Julia Young, Annie Anzouer, Chantal Ayissi, Sala Bekono... Si le Cameroun compte 100 artistes, il y en a au moins 80 qui ont interprété une mesure d'un texte ou d'une musique de Roméo Dika.
Je n'ai pas besoin de revendiquer ces choses, c'est la nation qui devait m'être reconnaissante pour le travail que je fais pour le patrimoine culturel. J'ai été très meurtri, parce que, même sur le plan politique, aucun artiste camerounais n'a posé les actes que, moi, j'ai posés pour le régime Biya. C'est moi qui suis l'initiateur du contact entre les artistes et les politiques en 1992, au plus fort de la crise. J'ai mobilisé plus de 200 artistes de renom pour soutenir le président Paul Biya. En 1997, j'étais encore dans la campagne. En 2004, j'étais parmi les deux personnes qui pouvaient faire signer un document à Joseph Charles Ndoumba, secrétaire général du Rdpc.
Vous étiez son secrétaire particulier...
Nous étions les penseurs. Si 25 ans après je n'ai pas la reconnaissance du ministère de la Culture, dont le ministre est membre du Rdpc comme moi, qui d'autre l'aura? Je pense que tout a été rétabli aujourd'hui.
Est-ce à dire qu'aujourd'hui, vos rapport son bons avec le ministère de la Culture?
Mes rapports sont bons avec le ministre de la Culture. Ama Tutu Muna a du respect pour moi, mais je pense qu'il y a des personnes parmi ses collaborateurs qui n'apprécient pas trop cela. Ce qui m'intéresse, c'est que le ministre ait pu m'écrire pour me féliciter pour mon œuvre durant 25 ans et me donner son accord pour parrainer la célébration de cet anniversaire. Cela efface complètement toutes les humiliations que j'ai pu vivre. Je suis à l'heure de la célébration, je voudrais rester en joie, mais j'attends que cela se concrétise. Il y a des gens qui n'ont même pas eu 10 ans de carrière et qui ont reçu la médaille de l'ordre national de la valeur. Moi, j'ai représenté le Cameroun dans le monde entier, et c'est moi qui finance la célébration de mes 25 ans de carrière.
Vous tendez la main?
Non, je ne tends pas la main. Ce qui m'intéresse, au-delà de l'argent, c'est la reconnaissance, par un titre de chevalier de l'ordre national de la valeur. Il y a des choses que je ne devrais pas demander.
Sur le plan politique, allez-vous, une fois de plus, rentrer dans la campagne présidentielle en 2011?
Je suis un homme de conviction, je n'ai pas soutenu le président Biya parce qu'on m'a donné de l'argent. En 2004, le secrétaire général du Rdpc m'a fait mobiliser les artistes, pour un coût de 90 millions de francs, qu'on ne m'a pas payés jusqu'aujourd'hui. Cela aurait pu me pousser ailleurs, mais j'ai adhéré au Rdpc par conviction. J'ai été intéresse par l'idéal du parti. A cela s'ajoute l'affection que j'ai pour le président Paul Biya, dont la ligne idéologique n'a jamais changé.
Qu'est-ce que la musique peut apporter à la politique et vice-versa?
Depuis 1992, j'ai fait en sorte que le Rdpc utilise la musique comme un instrument d'action politque, qu'à travers la musique, on porte des actions vers les populations. Les hommes politiques paient pour se faire entendre des populations lors des meetings. Mais ces populations paient pour écouter les artistes. Il faut que les politiques sachent qu'en impliquant les artistes, ils donnent un autre impact à leur campagne. Il faut aussi que les artistes sachent que leur destin est tributaire de la société dans laquelle ils vivent, laquelle société est entre les mains du politique.
Deux musiciens camerounais sont en ce moment en prison. Quelle est votre réaction sur le cas Longuè Longuè d'abord?
Longuè Longuè est un petit frère qui m'a toujours marqué beaucoup de respect et d'affection; en retour, je me dois de lui marquer beaucoup de compassion dans la situation difficile dans laquelle il se trouve. Si j'étais président [de la République[, j'aurais déjà tout fait pour qu'il vienne purger sa peine ici. Mon souhait le plus profond c'est que sa femme lui pardonne, quelle que soit la douleur. Il y a des gens qui peuvent poser des actes de manière inconsciente, mais il faut savoir pardonner. Je souhaite aussi qu'une fois sorti de prison, Longuè développe beaucoup d'humilité, de modestie.
Sur le cas de Lapiro de Mbanga?
Deux mois avant qu'il ne soit arrêté, Lapiro est allé dans les médias pour m'accuser d'avoir volé l'argent de l'ex-Socinada pour financer la campagne de Paul Biya. Lui-même, il porte le germe de sa propre destruction. Mais ce n'est pas une raison pour que j'accepte qu'il soit en prison, s'il n'a pas fait de faute. En tant qu'artiste, Lapiro est un personnage assez engagé, qui peut nous aider à impulser un certain nombre de choses. Je voudrais appeler les artistes à se mobiliser pour que la situation de Lapiro puisse trouver une solution politique.
Sur un plan plus privé, vous avez été en couple avec trois musiciennes: Coco Mbassi, Chantal Ayissi et aujourd'hui Mango...
Je voudrais répondre très calmement et dire aux Camerounais qu'il ne fait pas bien de toujours développer des reptations. Je suis content que les gens s'intéressent beaucoup à ma vie, et qu'on me classe dans la catégorie de tombeurs de femmes que tombeur d'autre chose. Je réponds simplement que, pour le moment, je me suis marié à Mango. Les autres noms qu'ils citent n'engagent qu'eux. Je peux confirmer que Chantal Ayissi a été mon épouse, pour le reste, je connais pas.
Parlant de femmes, on constate que vous travaillez beaucoup avec elles, est-ce délibéré?
C'est un choix. Au début de ma carrière, j'ai travaillé avec beaucoup d'hommes et je me suis rendu compte que les hommes sont très bornés et braqués. Quand un auteur-compositeur arrive avec son oeuvre, il ne permet pas que quelqu'un d'autre lui fasse une réflexion, tandis que les femmes sont flexibles et ouvertes.
Après 25 ans, quel regard jetez-vous sur l'évolution de votre carrière?
Je remercie le seigneur parce qu'il m'a accordé la capacité de travailler. J'ai beaucoup travaillé pour ne pas être parmi les médiocres, et dans un esprit de partage.
Comment voyez-vous l'avenir de la musique camerounaise?
L'avenir de la musique camerounaise, je le vois en peu comme la vie. Il y a le temps de la naissance, de la maturation et ensuite du déclin. Le Cameroun a connu tous ces cheminements. Nous sommes arrivés au sommet. Les années 90 sont arrivées avec la politique qui a divisé les Camerounais et apporté le tribalisme. La misère dans laquelle nous sommes en train de vivre aujourd'hui amène les uns et les autres à réfléchir. Si on arrive à une répartition des rôles entre les producteurs, managers, chanteurs et autres, je pense que la musique camerounaise a un très bel avenir, elle connaîtra une résurrection. Il faut aussi que certaines sociétés qui organisent des concours arrêtent un peu la tricherie. On ne peut pas comprendre que, dans certains concours, les gens gagnent alors que le jury même est constitué de gens qui n'ont pas la compétence technique nécessaire pour juger les candidats.
Parlant de tricherie, que pensez-vous des awards décernés eaux artistes? L'année dernière, il y a eu beaucoup de contestation...
Le Cameroun ne s'élèvera jamais tant qu'on sera dans une logique de magouille. Je prends l'exemple d'un jeune comme Guy Watson, dont la chanson est jouée dans tous les bistrots, mais vous verrez qu'il n'est pas dans le hit parade. Je n'ai pas besoin de tourner ma langue dans la bouche pour dire qu'il y a tricherie. Les gens ne doivent pas être contents d'acheter des prix. Quel est ce pays où chaque radio, chaque animateur, a son hit parade? Dans certaines radio, il y a même deux ou trois hits parades!
Quels sont vos vœux pour 2011?
Que la culture devient le fondement de notre processus de développement. Au plan international, la culture est l'un des vecteurs de la relance de l'économie, les États-Unis nous le démontrent chaque jour. Nous avons un important patrimoine culturel inexploité. Il faut qu'on puisse s'assoir autour d'une table et discuter pour trouver des voies et moyens pour permettre aux acteurs culturels de vivre de leur art, et que cet art soit un élément fondamental de la relance de notre économie. Au plan politique, je souhaite que les Camerounais s'inscrivent massivement sur les listes électorales pour exercer leur devoir et droit de citoyen. Que tous les démons de la haine et de la division soient étouffés par le saint-esprit, afin qu'ils ne puissent pas créer des conditions de tension au Cameroun.
Propos recueillis par Stéphanie Dongmo