La pièce « Meeting point » de Zigoto Tchaya Tchameni, représentée à Yaoundé dans le cadre de la 19ème édition du festival Rencontres théâtrales internationales (Retic), du 09 au 14 décembre 2011 à Yaoundé, met en scène un camp de refugiés en Afrique.
Zigoto Tchaya et Marlyse Bonny sur scène au Ccf de Yaoundé. |
Un camp de refugiés, quelque part en Afrique. A l’extérieur, c’est la guerre, avec son lot de morts, de femmes violées et de citoyens torturés. Les personnes qui échappent à la souffrance du monde retrouvent d’autres maux dans le camp, centre de convergence de toutes les détresses: surpopulation, insalubrité, maladie, famine et désolation, justement représentées par la scénographie de Zigoto Tchaya. Dans « Meeting point » (55mn, 2011), quatre personnages se dégagent : une femme blanche qui, sous le prétexte de connaître ses droits, se montre insolente et ingrate (Maryse Bonny), un gardien aux manières brutales qui abuse des femmes (Zigoto Tchaya), une coordonnatrice polie, conciliante et dépassée (Ornella Ngongang) et une réfugiée désespérée d’avoir perdu son bébé (Raïssa Tchapdie).
La pièce d’intervention, écrite par Zigoto, Marlyse et Ornella, a pour élément déclencheur la guerre et pour cadre le camp de refugiés. Elle évoque plusieurs autres thèmes liés à ces réalités : la dictature dans les sociétés africaines, la mal-gouvernance, le trafic d’armes et d’enfants, et même les clichés dans les relations entre Blancs et Noirs. Au passage, elle dénonce les détournements de nourriture dans les camps et la complicité des organismes internationaux. Parce que Zigoto Tchaya est un metteur en scène idéaliste, il fait tomber le rideau sur une note d’espoir et d’amour. Tous les personnages qui, tout au long de la pièce, ont été en conflit, se rejoignent autour d’un bébé. Autour de cet enfant symbole de pureté, des bras levés aspirent à un monde meilleur, un monde sans guerre.
Le texte, assez bien documenté, donne parfois un côté didactique un peu lourd à la pièce. C’est le cas, par exemple, lorsqu’il est question de l’excision. Le rythme rapide de l’action vient, heureusement, y remédier par son dynamisme, agréablement porté par les comédiens. Même la faiblesse de la régie son et lumière dans la salle du Ccf ne fait pas ombrage à leur jeu, qui arrive à communiquer des émotions au public. Dans cette pièce où le tragique le dispute au comique, chacun des personnages porte en lui un drame. Leurs monologues les posent en victimes de la guerre. Mais qui en est donc coupable?
Stéphanie Dongmo
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