jeudi 15 décembre 2011

Livre : Nguini Effa parle de l'opération Epervier


L’ex-dg de la Scdp, incarcéré depuis août 2009 à la prison de New Bell, dit sa part de vérité dans « De la tour Elf à la prison centrale de New Bell », paru chez L’Harmattan.



C’est le premier ouvrage écrit par l’un des accusés de l’opération Epervier pour donner sa version des faits. « De la tour Elf à la prison centrale de New Bell » a paru en octobre dernier aux éditions L’Harmattan, dans la collection Points de vue concrets. Le sous-titre de l’ouvrage est plus révélateur : « Histoire d’une déchéance sociale injuste et réflexions sur la gouvernance au Cameroun ». 

En 254 pages, Jean Baptiste Nguini Effa, né en 1955, raconte sa vie : son enfance, ses études, sa vie professionnelle et associative, sa « carrière professionnelle fulgurante », ses 15 années (de 1994 à 2009) « mouvementées et semées d’embûches » à la Société camerounaise des dépôts pétroliers (Scdp), son engagement politique et social et, enfin, sa chute « programmée et orchestrée ». 

Le ton du livre passe de l’autoglorification à l’amertume. Parti du groupe pétrolier Elf Aquitaine (devenu Total), en passant par le secrétariat général du ministère des Mines, de l’Eau et de l’Energie, Nguini Effa se retrouve aujourd’hui en détention préventive à la prison centrale de Douala à New Bell, pour « détournement de fonds publics ». Et il n’en revient toujours pas : « comment se fait-il que mon quotidien, après avoir côtoyé les grands de ce monde économique et pétrolier, se réduise à fréquenter aujourd’hui des assassins, des voleurs de portables (…) qui ne se privent pas de m’insulter ? » 

A côté de sa biographie, l’auteur fait, en juge et partie, une évaluation de l’opération Epervier, qui, pour lui, n’a pas changé l’état de la corruption au Cameroun. Il dénonce aussi des enquêtes bâclées et une politique de deux poids deux mesures. Une « injustice qui consiste à poursuivre certains et à laisser libres d’autres dirigeants dans le cas de la commission des mêmes fautes dans la même période de référence ». D’ailleurs, ajoute-t-il, « les jugements déjà prononcés laissent un goût amer de précipitation, d’iniquité, d’injustice, de non-application des traités internationaux et des lois nationales applicables ». 

Ce premier ouvrage, Jean-Baptiste Nguini Effa le dédie à sa famille pour son « courage inébranlable » et aux « Camerounais de bonne volonté ». A titre d’épigraphe, il cite une prière du théologien Michel Hubaut: « Seigneur, aide-moi à accepter ma condition d’homme limité… » 

Stéphanie Dongmo 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire