jeudi 8 décembre 2011

Roman : Pouvoir, folie et désolation


Ferdinand Ndinda Ndinda part de la crise ivoirienne pour mettre en exergue les dérapages de la démocratie dans une société africaine. 

Les protagonistes de la crise ivoirienne ont inspiré le romancier.
 
Tout est bien qui finit bien. C’est le sentiment du lecteur qui referme le roman « Deux caïmans dans un marigot » de Ferdinand Ndinda Ndinda, paru en octobre 2011 chez Afrédit à Yaoundé. L’auteur, diplômé de l’Institut national supérieur de l’enseignement technique d’Abidjan en 1983, s’est inspiré du conflit post-électoral en Côte d’Ivoire pour nourrir son récit. Mais contrairement au dénouement ivoirien -Alassane Ouattara est installé au pouvoir, Laurent Gbagbo comparaît depuis le 5 décembre devant la Cour pénale internationale-, il lui a donné une fin honorable. Comme pour rectifier l’histoire. 

Les candidats
L’action du roman, déclenchée avec la mort d’un chef, se déroule dans un petit village camerounais, Ebeme. Le successeur naturel, le fils du chef, ne s’intéresse pas au pouvoir. Il laisse ainsi la porte ouverte aux convoitises de deux candidats : Ondo Lesseme est le petit frère du défunt. Il vit au village et a toujours assuré le secrétariat de la chefferie. Il bénéficie de l’appui du sous-préfet, des notables et, en tant qu’ancien d’église, de celui des paroissiens. Son discours est celui de la préservation des traditions. Hilé Ndinlam, quant à lui, est le cousin du défunt. Elite vivant à la capitale, il a toujours contribué financièrement aux projets de développement dans son village. Il bénéficie du financement d’un exploitant forestier, du soutien du fils du chef et des ressortissants d’Ebeme installés en ville. Son discours est celui de l’ouverture à la modernité.
Face à l’échec du scrutin électoral, chacun des candidats va s’autoproclamer chef du village. De feutrée, la bataille entre les deux va se transformer en guerre civile et diviser les villageois. Les chefs des villages voisins vont tenter une médiation qui va échouer, chacun des protagonistes campant sur sa convoitise. A la fin, les vieilles femmes du village vont puiser dans une vieille tradition, la solution pour faire entendre raison à leurs fils. 

Innocentes victimes 

Dans ce roman, tous les ingrédients sont réunis pour aboutir au clash : des ambitions démesurées, une épouse cupide qui fait pression sur son mari, des populations corrompues et insensibles aux programmes politiques… Au final, l’élection, qui devait aboutir à un changement politique salutaire, devient un frein à l’épanouissement des populations. Au passage, Ferdinand Ndinda Ndinda évoque la question de l’autonomie des chefs traditionnels face au pouvoir administratif et interroge leur lieu de résidence.
L’ancien député Rdpc et auteur de « Député de brousse » (L’Harmattan, 2010) dédie ce premier ouvrage romanesque publié par Afrédit au « vaillant peuple de Côte d’Ivoire ». Ce roman d’actualité, plaisant à lire malgré des fautes et des coquilles, est né de son indignation de voir la majorité des Ivoiriens mourir de faim, tandis que le président sortant vivait des réserves stockées au palais, et le président reconnu par la communauté internationale était ravitaillé à l’hôtel du Golf par l’Onu. A ces innocentes victimes, l’auteur dit : « Yako ! »
Stéphanie Dongmo

Ferdinand Ndinda Ndinda
Deux caïmans dans un marigot (roman)
Editions Afrédit
Yaoundé, octobre 2011
250 pages

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