Musique : Le remaniement éclipse Charlotte Dipanda

La chanteuse a donné un show case vendredi dernier à Yaoundé pour présenter son nouvel album.

Charlotte Dipanda.

 Le concert privé avait pourtant bien commencé. A 21h30, Charlotte Dipanda, d’un pas alerte, prend possession de la scène du cabaret La Tanière, à Bastos, à Yaoundé. Habillée d’une robe blanche à paillettes, un maquillage léger lui donnant un air frais et des cheveux tressés  retombant librement sur la nuque, elle est accompagnée de Julien Pestre, son guitariste qui, pour la circonstance, lui sert aussi de choriste. Avec le titre « Muane diob » et son gai refrain, la chanteuse s’installe définitivement sur scène. 

Entre deux chansons, Charlotte Dipanda s’arrête et parle au public. Elle lui raconte des anecdotes personnelles ou lui explique la chanson suivante. La première partie de la soirée va ainsi passer en revue cinq chansons tirées de son second album, « Dube L’am », officiellement sorti le 5 décembre : « Sona  ndolo » où elle raconte ses moments de grande solitude ; « Kumb’elolo », qui révèle l’habitude très camerounaise d’appeler les gens « président », fussent-ils feymen ; « Na Nde » qu’elle destine à son père qu’elle a très peu connu et qu’elle recherche continuellement dans les yeux des hommes de sa vie, et bien sûr, « Coucou ». La chanson d’amour dédiée à l’homme qui partage sa vie, Charlotte Dipanda l’a adressée au public conquis pour lui dire « je suis là, je ne suis jamais parti ».

Pendant que Charlotte Dipanda est sur scène, et malgré le charme de ses mélodies, des radios de téléphone portable se mettent en marche à plusieurs tables. Quelques spectateurs se lèvent et sortent. Rassemblés autour de deux tables, les journalistes suivent le concert d’une oreille et le poste national de la Crtv de l’autre, sous le regard réprobateur des voisins. « Le nouveau gouvernement vient de tomber », lance le reporter propriétaire du téléphone-radio, en se précipitant à l’extérieur. Dans la cour du cabaret La Tanière, de petits groupes se forment autour des téléphones portables et les commentaires vont bon train.

Imperturbable, Charlotte Dipanda continue son show. Après une séance de dédicace d’albums, elle remonte sur scène. Et là, elle revisite quelques chansons de « Mispa », son premier album, entre deux autres plus récents. A la fin du concert, elle lance cet appel à tous ses fans : « faites une petite place à ‘‘Dube L’am’’ dans votre discothèque ». Mais certains ne l’écoutent pas, l’excitation du réaménagement est encore dans l’air. Téléphone portable collé à l’oreille, un spectateur crie : « Tu dis qu’Essimi Menye est ministre de quoi ? Ekié ! René Sadi vient faire quoi au Minatd ? »

Stéphanie Dongmo