Auteure de quatre romans, elle a réalisé le documentaire « La liste », en compétition Ecran d'Afrique centrale à la 15e édition des Ecrans noirs.
Vous êtes écrivaine et réalisatrice aussi, depuis peu. Qu'est-ce qui vous a amené au cinéma ?
C'est l'écriture qui m'a amenée au cinéma. Quand je publie mon deuxième roman [Ménages d'Afrique, Puy, 2005], beaucoup de gens y ont vu des traces d'une série en dix épisodes. Cela m'a donné l'idée de faire un scénario avec mon précédent roman, qui portait sur le même thème [Batailles de bâtard, Proximité, 2004]. C'est ainsi que j'écris mon premier scénario qui a été réalisé par un jeune camerounais, M. Yando. Les difficultés que j'ai rencontrées pour produire ce film m'ont poussé à me demander ce que cela serait si je l'avais réalisé moi-même. C'est comme cela que j'ai commencé à faire mes premiers pas dans la réalisation.
Et là, votre quatrième film est en compétition aux Écrans noirs...
C'est ma quatrième expérience dans le cinéma. Dans le premier film, « La cicatrice », sorti en 2008, j'ai été scénariste et productrice. En 2009, je suis allée au Fespaco, à Ouagadougou. C'est là où j'ai vraiment pris des appétits pour le cinéma. J'ai vu beaucoup de films et je me suis dit que cela ne devait pas être la mer à boire pour être réalisatrice. Aussi, j'ai réalisé moi-même deux documentaires : « Merveilleuse Marza » et « Le commerce de la mort ». Mais les gens m'ont dit que ces documentaires ressemblaient plutôt à des reportages. Je reconnaîs que je n'avais pas assez d'armes. Mais depuis, je me suis lancée dans la lecture, les ateliers de formation et les forums, et ça commence à aller. Je suis par ailleurs guidée par Cyrille Masso, qui est une grande porte du cinéma au Cameroun. Avec son aide, j'ai réalisé le documentaire en compétition à ce festival.
De quoi est-il question dans ce film ?
« La liste », c'est tout simplement un travail sur la dot. De plus en plus, nos jeunes commencent à se mettre dans le « viens, on reste » [concubinage, ndlr] qui nous désespère, nous les parents. En étudiant le problème, je me suis rendu compte qu'il est lié au manque de moyens financiers. Aujourd'hui, les jeunes n'ont plus de bourse à l'université. Et même après l'université, ils ne trouvent pas de travail. Mais, ils ont tout de même des besoins physiologiques qui les poussent à se mettre ensemble. Et quand ils ont le courage de vouloir légaliser leur union, les parents leur demandent une dot exorbitante. Quand un jeune doit dépenser un, deux, trois millions de Fcfa, seulement pour doter une femme, avec le cours de la vie actuelle, quand est-ce qu'il va prendre sa famille en charge ? Je pense que j'ai réussi à démontrer dans ce film que la dot est un frein au mariage.
Mais c'est un sentier que vous avez déjà battu dans vos romans...
Oui. J'ai l'aptitude de publier au moins deux romans par an. Mais les gens ne lisent pas; c'est comme si j'écrivais pour moi-même. Aussi, pour faire passer mes messages, je vais les porter à l'écran, autant que mes moyens me le permettront.
Mais est-ce qu'il suffit d'avoir la volonté pour faire des films ?
Non, il faut avoir des aptitudes intellectuelles, un moral de fer et une persévérance à toute épreuve. Etant fonctionnaire moyen [elle est technicienne en science pharmaceutique], j'ai pris mon salaire de toute une année pour produire un documentaire, sur la base du bénévolat des acteurs. Ce n'est pas facile, d'autant plus que vous n'êtes pas sûr de rentrer dans vos frais. De toutes les façons, pour le moment au Cameroun, on n'est pas encore prêt de faire les comptes de la culture. Mais quand on est mordu, on continue.
Propos recueillis par Stéphanie Dongmo
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