L'assemblée générale élective de la Société civile de gestion des droits d'auteur et droits voisins des arts plastiques et graphiques s'est tenue mardi 14 juin à Yaoundé. La candidature de Jean-Marie Ahanda a été invalidée, Othéo reste Pca.
Théodore Ondigui Onana, plus connu sous le nom d'Othéo, a été réélu président du conseil d'administration de la Société civile de gestion des droits d'auteur et droits voisins des arts plastiques et graphiques (Socadap). C'était mardi aux alentours de 23h, au parc Kyriakides à Yaoundé. A la tête de la société depuis sa création en 2003, il commence ainsi un troisième mandat de trois ans.
Seul candidat en lice, Othéo a été élu par 115 voix sur 121, alors qu'un peu plus tôt, la candidature de Jean-Marie Ahanda ayant été invalidée. Pour expliquer cette décision, le président du comité électoral, Saidou Mouliom, a affirmé que le candidat avait déposé un dossier incomplet. Il y manquait notamment la liste du conseil d'administration qu'il propose. Sa mise à l'écart a fait sortir Jean-Marie Ahanda de ses gonds : «c'est une mascarade», a-t-il lancé, avant de sortir de la salle accompagné de ses supporters, une dizaine de personnes, dont Tang Mbilla, le secrétaire général de l'Union des plasticiens du Cameroun.
Avant d'arriver aux élections, les statuts de la Socadap ont été revus et adoptés. Parmi les modifications notables, le nombre des membres du conseil d'administration est passé de 32 à 10 ; les indemnités des administrateurs ont été revus à la baisse ; le nombre des mandats du conseil d'administration est limité à deux ; les pouvoirs du directeur général ont été renforcés et es personnes habilitées à participer aux assemblées générales ont été définies. Désormais, seuls les sociétaires, les stagiaires et 50 représentants des adhérents pourront le faire; une mesure qui a pour but de contourner la nécessite d'atteindre le quorum des membres pour la tenue de l'ag. Toutes ces modifications visent à harmoniser les statuts de la Socadap avec ceux de la Socam, une exigence du ministre de la Culture, Ama Tutu Muna.
Invité à dresser le bilan financier de la Socadap pour le mandat qui s'achève avec un an de retard, le directeur général par intérim, Narcisse Rupert Ndjock, a affirmé n'avoir pas hérité du rapport de la société lorsqu'il est nommé en 2009. A la suite de quoi des artistes ont demandé son limogeage. Et c'est finalement Othéo qui, dans un jeu de questions-réponses, a essayé de faire un bilan, sans aucun chiffre cependant : «j'ai trouvé un siège à la Socadap, j'ai lutté pour qu'elle ne soit pas marginalisée parmi les autres sociétés, j'ai même pré financé l'organisation de cette assemblée... »
Le conseil d'administration de la Socadap intervient au moment où la société qui dispose du plus faible portefeuille de droits d'auteurs traverse une grave crise financière. Le personnel n'a pas été payé depuis novembre 2010 et a déserté les bureaux sis à Bastos; la société qui comptabilise plusieurs mois d'arriérés de loyer est menacée d'expulsion.
Stéphanie Dongmo
Réactions
«C'est une escroquerie»
Jean-Marie Ahanda, candidat malheureux
Nous sortons avant le vote en signe de protestation. On ne peut pas voter quelqu'un qui se présente pour la troisième fois. Les statuts qui ont été adoptés ce soir et qui sont entrés immédiatement en application le disent. La Cpmc et le ministère de la Culture favorisent une candidature unique. On ne nous a pas laissé assez de temps pour préparer un dossier. Cette escroquerie n'a que trop duré, tout se passe dans l'obscurité. La gestion de la Socadap, jusqu'ici, est catastrophique. Depuis 2003, il n'y a pas de bilan financier, les répartitions sont gérées à la tête du client.
«On n'a pas eu de moyens»
Saidou Mouliom, président comité électoral
La candidature de Jean-Marie Ahanda a été rejetée parce qu'elle était incomplète. Le dossier qu'il a présenté avait seulement la carte d'identité, son extrait de casier judiciaire et son acte de naissance. On n'a pas pu le mettre en lice, conformément au code électoral. D'ailleurs, la période prévue pour le dépôt de candidature était déjà passé et c'est par magnanimité qu'on a accepté de le recevoir. Au comité électoral, on a travaillé sans moyens. J'en profite pour lancer un appel aux artistes : ce ne sont pas les droits d'auteurs qui donnent l'argent, c'est la création. Qu'ils travaillent et cessent de compter sur les droits d'auteur.
«Leur revendication a du sens»
Théodore Ondigui, Pca Socadap
Je suis venu à l'élection mais je n'étais pas sûr de la victoire. J'ai été appelé à rassembler des adversaires qui sont, au fond, des collègues. J'ai eu un peu peur car leur revendications avaient du sens, pour la construction de la Socadap. Mais c'est la manière de le dire, avec la violence, qui a posé problème. Mes priorités pour ce nouveau mandat sont nombreux: la classification des membres de notre société, la modernisation de notre système de gestion collective par rapport aux normes internationales, le réajustement du fichier du personnel et un processus efficient de perception auprès des usagers.
Propos recueillis par S.D.
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