La première
femme styliste
modéliste du
Cameroun,
décédée le 30
avril dernier à
83 ans, a été
inhumée
samedi 4 juin
2011 à
Matomb.
Thérèse Ngann,
la première
styliste camerounaise, décédée le 30 avril à l'âge de 83 ans, repose désormais
dans son village Manguim Ma Ndjock I, arrondissement de Matomb. Elle a été inhumée le 4 juin par une
matinée pluvieuse avec les hommages du chef de l'Etat que représentait la ministre de la Culture, Ama Tutu
Muna, et en présence de la ministre des Affaires sociales, Catherine Bakang Mbock. A cette occasion,
Thérèse Ngann a été décorée de la médaille de Chevalier de l'ordre national de la valeur, à titre posthume.
Derniers honneurs à cette pionnière qui, après le strass et les paillettes, a terminé ses jours dans le
dénuement.
Née le 6 avril 1928, Thérèse Ngann, née Ngo Ndjack, est la dernière-née d'une famille de dix enfants. Ses
parents la destinent à devenir religieuse. Au noviciat Sainte Anne d'Edéa, le jeune Thérèse se passionne
pour la couture. Les religieuses l'envoient se former auprès de Mme Clavery, l'épouse du chef de la région
d'Edéa qui, elle-même, a fait ses classes chez Christian Dior en France. Thérèse Ngann va aussi s'inscrire à
des cours par correspondance chez Coupe et Couture à Paris et commencer sa carrière en 1955.
Ascension et revers
Le 28 mai 1967, la styliste organise, à la salle des fêtes d'Akwa à Douala, le tout premier défilé de mode au
Cameroun, avec 400 invités. Au fil des défilés, la réputation de la promotrice de la marque Elegance couture
grandit. De 1970 à 1979, elle est la couturière attitrée des hôtesses de Cameroon airlines (Camair). Thérèse
Ngann, dont les matériaux de prédilection sont le bazin et le tissu pagne, est aussi sollicitée par la Première
Dame de l'époque, Germaine Ahidjo. D'autres épouses de chefs d'Etat deviendront ses clientes. Parmi elles,
Jeanne Irène Biya et Joséphine Bongo (Patience Dabany). Les distinctions vont suivre : n 1994, elle est
couronnée Reine de la couture africaine et reçoit en 2002 l'Epi d'or au Fenac. En 2002, Thérèse Ngann
lance «Makodja», une ligne de parfum qui n'a pas fait long feu, au cours d'une soirée glamour à Yaoundé.
Mais après ce faste, elle va connaître le revers de la médaille. En 2010, elle esy expulsée de la maison
qu'elle habite depuis 1963 à Bonapriso et jetée à la rue. Malade et sans le sou, elle se réfugie alors chez une
parente à New Bell, où elle vivra jusqu'à sa mort.
Le styliste Parfait Behen, parlant au nom du Collège des métiers de la mode, témoigne de son œuvre : «le
travail de Thérèse Ngann réunissait création et plaisir sans encombre, et mettait en exergue la morphologie
de la femme africaine». Le manager d'Elegance couture, Jules Mbedi, ajoute : « si aujourd'hui on parle de
tenues africaines, c'est grâce à Mme Ngann qui a abattu un travail immense. Elle a essayé de donner une
identité à la mode africaine. Elle a adapté ses modèles à chaque région du Cameroun. J'essaierai de mettre
son héritage à profit, par la construction d'une grande galerie d'exposition ».
Thérèse Ngann laisse derrière elle une collection de 25 tenues et des reliques (dont ses trophées). Ils ont été
solennellement remis par Jules Mbedi au secrétaire général du ministère de la Culture, Manaouda Malachie.
Un vœu qui avait déjà été exprimé par la styliste en 2008.
Stéphanie Dongmo
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