Régine Mfoumou décrit les misères d’une jeune Camerounaise qui va en France rejoindre un Blanc.
Régine Mfoumou |
Des Africaines qui assiègent les cybercafés à la recherche d’un Blanc sur Internet, le phénomène a inspiré plus d’un écrivain et n’est pas prêt de cesser. Il n’y a qu’à voir le succès des petites annonces du magazine de la femme africaine Amina pour s’en convaincre. Régine Mfoumou a choisi de s’inscrire dans la sensibilisation en écrivant un roman intitulé « Descente aux enfers au pays des droits de l’homme », paru dans la maison d’édition qu’elle a créée il y a un an à Londres, Rhema Publications.
Le titre porte en lui-même toute la trame du roman. Yvette est une jeune femme issue d’une famille pauvre. A 27 ans, elle cherche son avenir dans le cybercafé du quartier et finit par le trouver. Georges, un Français, va financer son voyage pour Paris. Mais, les choses ne se passent pas comme l’avait espéré la jeune femme. Injures, violence, humiliation et prostitution deviennent son lot quotidien.
Le roman de Régine Mfoumou questionne la prostitution et l’hypocrisie d’un Etat européen, la France, en l’occurrence, qui dit lutter pour les droits de l’homme, alors que l’esclavage des temps modernes y est pratiqué. Mais la vraie question n’est-elle pas la situation dans le pays de départ, qui pousse les jeunes désœuvrés à vouloir partir à tout prix ? Comment une jeune diplômée de 27 ans peut-elle n’avoir d’autre ambition que celle d’épouser un Blanc ?
La responsabilité des parents d’Yvette, ici, est entière. Eux qui sont allés jusqu’à financer ses recherches sur internet ; eux qui ont aménagé une chambre de leur maison pour que leur fille y reçoive un amant qu’elle n’avait jamais vu avant ; eux qui, au moment de l’accompagner à l’aéroport, ont chargé ses épaules de la responsabilité de les tirer de la misère ; eux qui, enfin, ont reçu tous les transferts d’argent qu’elle leur faisait, sans jamais s’interroger sur l’origine de l’argent. A la charge de ces familles également, la pression qui fait que ceux qui ne réussissent pas à l’étranger préfèrent mourir, plutôt que retourner chez eux.
« Mbeng » est un miroir aux alouettes, prévient Régine Mfoumou. Elle l’a redit aux étudiants à l’université à Yaoundé I, où elle a dédicacé son livre jeudi dernier. Pourtant, l’héroïne du roman, à travers ses transferts d’argent réguliers, contribue à asseoir l’idée selon laquelle tout est rose à « Mbeng ». La chute du roman laisse aussi penser que là-bas, quelle que soit la longueur de la nuit, le soleil finira par se lever. Car, tout va s’arranger pour Yvette qui réussit à s’affranchir. Ses séquelles morales s’effacent peu à peu avec son travail et son fils qui, de surcroit, hérite d’un père fortuné, bien que proxénète.
Né au Cameroun en 1972, Régine Mfoumou est traductrice de formation. Elle est aussi l’auteure d’un précédent ouvrage, « Mila Assoute le caméléon » (2010, ed. Ccinia communication). « Descente aux enfers… » est son premier roman. Ecrit de manière linéaire, sans perspective, Régine Mfoumou se contente d’y raconter une héroïne somme toute naïve et une histoire. Une de plus.
Stéphanie Dongmo
Régine Mfoumou
Descente aux enfers au pays des droits de l’homme
Ed. Rhema publications
Londres, mars 2011
182 pages
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire