Roman : Pauvre enfant de la guerre

Dans « Victimes ou coupables ? », sa première œuvre romanesque, Frédéric Foka décrit les affres des conflits armés en Afrique. 

Des enfants-soldats.

  

En 2009, un rapport des Nations unies indiquait qu’en 15 ans, il y a eu 300 000 enfants-soldats de par le monde. La majorité de ces gamins enrôlés de force meurt sur le champ de la guerre, d’autres rentrent chez eux mutilés, d’autres encore deviennent des sans-abris. La guerre fait des ravages chez les enfants, c’est aussi le message que lance Frédéric Foka à travers « Victimes ou coupables ? », son premier roman, paru l’année dernière aux éditions 3ft à Yaoundé. 

Pour le faire, l’auteur part d’un cas précis pour généraliser. Dodi Mamba a 13 ans quand son père, un des chefs de la rébellion, est tué. Pour le venger, il se fait alors enrôler dans le maquis. Mais sur le front, l’enfant à peine pubère se rend compte que la réalité est bien cruelle. « Je pus lire de la tristesse et de la peur dans leurs yeux (…) En effet, rien d’autre n’attendait ces enfants jeunes, poltrons et timorés » que la mort, écrit Frédéric Foka, à la page 48. Ce sont d’ailleurs ces enfants que les chefs rebelles placent au premier rang lors d’une attaque ; c’est encore eux qui mangent le moins : « La vie au camp était très dure. On mangeait à peine. Les chefs de guerre par contre vivaient ostentoirement mieux, ils s’engraissaient tels de véritables porcs. La guerre leur était devenue lucrative ».

Qui est coupable ?

A partir de là, Frédéric Foka pose la question de savoir qui est le véritable coupable d’une guerre. Est-ce le pouvoir politique qui, par la dictature, la corruption et l’oppression pousse de paisibles gens à la rébellion ? Est-ce la rébellion qui, partie sur l’idée de libérer le pays, se retrouve en train d’abuser des populations ? En conclusion, « j’avais autant de mépris pour les rebelles que pour les gouvernants », écrit-il. « Quand les choses ne marchent pas comme on le souhaiterait, la meilleure solution n’est jamais la guerre », conseille l’auteur de l’essai « Le contentieux africain des droits de l’homme et des peuples », son précédent ouvrage paru en 2010. 

Pour que ce roman d’essai se termine sur une perspective heureuse, Dodi Mamba aura plus de chance que tous ses camarades enfants-soldats. Il va survivre lorsque les soldats de l’armée régulière vont mater la rébellion. Mais au prix de combien de sacrifices, de combien de mutilations ? Au demeurant, Frédéric Foka, qui est doctorant en droit international employé à l’ambassade d’Allemagne au Cameroun, met en garde les Etats africains contre les maux susceptibles de créer des soulèvements. La situation politique imaginaire qu’il décrit peut s’appliquer au Cameroun et à bien de pays africains : pouvoir impopulaire, chômage, violence, corruption endémique…

Stéphanie Dongmo

Frédéric Foka

Victimes ou coupables ? (roman)

Editions 3ft

Yaoundé, juillet 2011

145 pp. Prix : 5000FCfa